Selon que vous vous livriez à un plaquage cathédrale – qui peut potentiellement rendre handicapé à vie le joueur qui le prend, ou même pire – ou à une insulte raciste pendant un match de rugby, la sanction peut être beaucoup plus importante…dans le second cas.
C’est ce que vient de démontrer la Ligue Nationale de rugby, qui a sanctionné de « 26 semaines de matchs de compétition » Ludovic Radosavljevic, joueur d’Aix en Provence, en Pro D2. Autant dire que sa saison est presque terminée, et que le demi de mêlée de Provence Rugby (32 ans) pourrait même être licencié par son employeur (il est actuellement mis à pied).
Ce dernier avait reconnu s’être rendu coupable d’injures racistes (« Je vais te brûler, mangeur de banane ! ») envers la personne de Christian Ambadiang, l’ailier de Nevers. C’était lors de la deuxième journée de Pro D2, jouée le vendredi 3 septembre alors que la tension était à son comble sur le terrain, comme quasiment toutes les semaines sur les terrains de rugby (où des noms d’oiseau sifflent en permanence, des mauvais gestes, des provocations, des semblants de bagarre également, sans que les joueurs n’écopent d’une telle sanction).
Pourtant, Ludovic Radosavljevic s’est excusé. Et a nié toute menace de mort. Le joueur victime, Christian Ambadiang a de son côté confirmé au jury de la LNR que la phrase « je vais te brûler » avait bel et bien été prononcée par son adversaire. Le barème des sanctions allait de 6 à 51 semaines de suspension. L’ancien joueur de Clermont et de Castres, qui a joué fréquemment avec des joueurs noirs sans que cela pose le moindre problème sportif (il n y a aucun précédent le concernant), et dont on peut supposé qu’il a tenu ces propos dans l’énervement d’un match de rugby comme encore une fois cela arrive toutes les semaines sous d’autres formes, a donc été jugé par un jury politique, moins sportif.
Il suffit de comparer avec les sanctions dont écopent, à juste titre d’ailleurs, les joueurs de rugby qui mettent l’intégrité physique (c’est à dire bien plus grave qu’une insulte) des joueurs : Fin octobre 2020, l’ailier de Pau Watisoni Votu, avait écopé de 6 semaines de suspension de la part de la Commission de discipline de la LNR. Une sanction 4 fois moindre que pour Ludovic Radosavljevic donc pour un geste qui potentiellement, pouvait laisser Geoffrey Cros en fauteil roulant :
Des plaquages qui ne sont pas volontaires la plupart du temps, mais sans doute bien plus dangereux que des insultes débiles en plein match, il suffit de taper « plaquage cathédrale » sur Youtube pour s’en rendre compte.
Doit-on parler également des innombrables bagarres, y compris sur les terrains professionnels, qui sont loin d’être un exemple pour les plus jeunes, et donc même Canal + fait la promotion via des compilations ?
Assurément, la sanction qui a frappé Ludovic Radosavljevic n’a rien de pédagogique, ni de sportive – ce qui n’enlève rien au fait qu’il en méritait une, comme toute insulte ou bagarre dans ce cas là – mais se révèle bel et bien politique, à l’heure où la LNR entend faire de la lutte contre le racisme et l’homophobie l’une de ses priorités, sans que l’on comprenne très bien le rapport avec l’objectif de base de la LNR, comme de la Fédération, qui est de permettre aux jeunes et moins jeunes de jouer au rugby, de progresser, et de représenter sa ville ou son pays à l’international.
Vous avez dit chasse aux sorcières ?
YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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