Le renouveau de la bande dessinée historique se confirme. Bâti sur un scénario intelligent et bien construit, chaque tome de la nouvelle série « Histoires & Destins », à travers la présentation d’un héros resté dans l’ombre, révèle des épisodes méconnus de l’Histoire.
Le garde du corps de Massoud
1983. Nikolaï Bystrov, jeune tireur d’élite russe, arrive en Afghanistan. Il reçoit la mission avec trois autres soldats d’aller dans un village réputé pacifique, pour acheter du haschish. Mais ils tombent dans une embuscade. Nikolaï est fait prisonnier par une faction de la résistance armée afghane, dirigée par le commandant Massoud. Un jour, Nikolaï sauve la vie de Massoud. Il devient alors son garde du corps. D’abord méfiants, les combattants de Massoud finissent par le traiter comme l’un des leurs. Reparti en URSS en 1995, il s’en voudra toujours de ne pas être resté auprès de Massoud.
Scénarisée par Jean-Pierre Pécau, spécialiste de la bande dessinée historique (Keltos, Jour J, L’Homme de l’année, Lignes de front, Machines de guerre…), cette nouvelle série intitulée « Histoires et destins » présente des destins singuliers de l’Histoire. Le tome 1 est ainsi consacré à un soldat russe devenant par un caprice du destin le garde du corps de Massoud, ennemi d’Oussama Ben Laden. Mais Massoud sera victime d’un attentat fatal deux jours avant l’attaque du 11 septembre 2001. On découvre un soldat d’origine russe tiraillé entre deux cultures. Il va se convertir à l’islam et épouser une Afghane communiste. Mais on regrette une présentation succincte des enjeux géopolitiques de cette guerre. L’histoire de Nikolaï Bystrov aurait également méritée d’être étoffée.
Le dessinateur brésilien Renato Arlem reconstitue avec réalisme les combats dans les décors montagneux de l’Afghanistan. Il donne du rythme au récit. Ses pages fourmillent de détails. Une vraie réussite.
En fin d’album, un dossier instructif présente la guerre d’Afghanistan ainsi que la vie de Nikolaï Bystrov.
Histoire et destins, Le Garde du corps de Massoud, 15,50 euros, Editions Delcourt.
L’Insurgée de Varsovie
Varsovie, en septembre 1944. Un bombardier allié survole la capitale polonaise en ruine. Il largue une douzaine de containers à destination de forces patriotes polonaises luttant contre l’armée allemande. Mais au moment de retourner vers sa base, le bombardier allié se fait mitrailler par un chasseur soviétique ! Les aviateurs comprennent que les communistes ne sont guère favorables à la résistance polonaise. Dans la ville de Varsovie dévastée, des poches de résistants tentent en effet de s’organiser contre l’armée allemande. Une jeune résistante, Sabina, s’inquiète de l’inaction des forces russes. Situées à quelques kilomètres, elles ne bougent pas. Elle va devoir tenir de longues semaines, sans vivres et en utilisant les armes récupérées sur les cadavres de soldats allemands. Arrêtée par le NKVD, elle est alors sommée de dénoncer les chefs de la résistance polonaise…
Le scénario de Jean-Pierre Pécau a été établi à partir d’un entretien accordé en 2014 au magazine Guerres & Histoire (partenaire de la série), par la résistante Maria-Sabina Devrim, toujours en vie aujourd’hui. Ce récit ne se déroule pas durant le « ghetto juif » de Varsovie (1943), mais lors de l’insurrection d’août et septembre 1944, lorsque la résistance polonaise a voulu prouver sa légitimité en tentant de libérer Varsovie. Ce scénario montre bien que Staline voulait éradiquer la résistance polonaise, suspectée d’être patriote et chrétienne. Son objectif était en effet d’imposer un régime communiste aux polonais. Ni Churchill, ni Roosevelt ne réagiront pour aider les Polonais, de peur de contrarier Staline.
Dragan Paunovic, par son superbe dessin réaliste, parvient à reconstituer l’insurrection de Varsovie.
Histoire et Destins, L’Insurgée de Varsovie, 15,50 euros, Editions Delcourt.
Après Le Garde du corps de Massoud et L’Insurgée de Varsovie, les prochains tomes seront consacrés au Chirurgien de Dien Bien Phu et au Dernier kamikaze.
Kristol Séhec
Illustrations : DR
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Une réponse à “« Histoire et destins », nouvelle série de bandes dessinées historiques”
dépêchez vous, les « woke » veillent et vont surement faire comme au canada, bruler ces livres politiquement incorrects !