Les fake news sont nombreuses. Interrogez Google, il vous trouve 84 300 000 occurrences de la locution. Oui, il y a des mensonges qui circulent. Aude Favre l’a découvert. Un peu comme si elle avait redécouvert l’eau chaude : depuis que le serpent a convaincu Ève de croquer la pomme, les fausses nouvelles abondent. Exagérations commerciales, revendications médicales abusives, programmes électoraux intenables, bobards de guerre, élucubrations philosophiques, falsifications historiques, etc. : les variétés sont innombrables.
La nouveauté, c’est le nom fake news : marketing oblige, un terme anglais est plus vendeur. Car pour Aude Favre, c’est un business. Elle a créé une chaîne YouTube puis une association à cet effet. Redécouverte de l’eau chaude là aussi : il s’est toujours trouvé des esprits libres pour contester l’erreur et le mensonge. Il y a même des gens qui en font profession. On les appelle des journalistes.
Challenges a expliqué en 2019 le modèle économique du fact checking. Fort des ses bénéfices colossaux et désireux de soigner son image, Facebook arrose volontiers ceux qui prétendent lutter contre les fake news. D’autres grands de la high-tech, comme Google, ont suivi. Louable intention. Reste à trouver les bons interlocuteurs.
J’ai rien vu, je dis tout
Ce n’est pas si facile, car depuis toujours, les plus acharnés à pourfendre le mensonge sont aussi les plus imbus de vérités révélées. L’Inquisition en est le modèle indépassable : pour elle, il n’était pire « mensonge » qu’un point de vue différent du sien. Ce biais mental reste prospère de nos jours. Souvent, les chasseurs de fake news ne s’attaquent aux fake news que pour s’en prendre indirectement à certaines opinions. Quitte à considérer comme fausses nouvelles des erreurs anecdotiques. Gare à l’homme de droite qui se trompe sur le prix du ticket de métro.
Aude Favre illustre cette démarche jusqu’à la caricature. Pourquoi s’en prendre spécifiquement à elle ? Parce que c’est elle qui a commencé : elle s’en est pris à Breizh-info, d’une manière complètement biaisée. Un chauffeur de bus nantais nous avait dit avoir entendu des coups de feu à proximité d’un dépôt. Aude Favre avait rappliqué à Nantes et trouvé des gens… qui n’en avaient pas entendu. Interroger ceux qui n’ont rien à dire : un vieux truc de propagandiste.
Pretty French honeypot
Devant la multiplication des règlements de comptes à Nantes (36 depuis le début de l’année), elle a renoncé à poursuivre son enquête ! Mais l’égérie du fake-busting était déjà partie ventre à terre sur d’autres mauvaises pistes. Elle s’est lamentablement étalée en tentant de révéler l’identité d’une vedette du net, Lama Fâché. Méthodes frelatées, prétentions abusives, bidonnage sans vergogne, conclusions mensongères : on aurait pu la croire définitivement déconsidérée. Pourtant, elle s’est encore illustrée en interrogeant au printemps dernier le site américain Gateway Pundit. Lequel, pas impressionné par cette « pretty French honeypot » (charmante gonzesse française), a même annoncé déposer une plainte contre elle (« C’est la Vie, sweet Aude »).
Et voilà que France 2 diffuse ce soir dans Complément d’enquête une vidéo dont elle est l’auteur ! Cependant, le pire n’est jamais certain. Les anciens délinquants font parfois d’excellents flics. Peut-être Aude Favre a-t-elle tiré les leçons de ses erreurs. Sinon, France 2 devra s’interroger sur les capacités professionnelles de ses fournisseurs.
Si vraiment elle a trouvé son chemin de Damas, la French honeypot ne manquera pas de travail. Le Masque de fer était-il le frère de Louis XIV ? Le masque protège-t-il du covid-19 ? Allah est-il grand ? Y a-t-il des délinquants parmi les migrants ? Autant de questions capitales à propos desquelles circulent les bruits les plus divers. On espère des réponses fiables.
Erwan Floch
Illustration : DR
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2 réponses à “La chasse aux fake news, genre Tartarin de Tarascon”
Merci de nous prévenir de la présence d’un reportage de Aude Favre dans l’émission de ce soir … participation aussi de l’auteur de « Hold Up ». Il y a beaucoup d’informations ou de faits qui seraient ignorés sans les lanceurs d’alerte et même les journalistes y puisent des sujets quand ils sont en panne d’inspiration.
Complètement d’enquête….voilà une émission qu’elle est bonne …
Mais du France tv ….pas vraiment confiance en ce qui s’y raconte….