Henri IV, L’homme intérieur, Enquête sur La Famille, Transmettre ou disparaitre, Larzac : voici la sélection littéraire hebdo
Henri IV
Comment un personnage baroque a fait entrer la France dans la modernité. Un récit saisissant et original pour une démonstration éblouissante.
« Le roi », disait sa belle-sœur Eléonore de Médicis, « est un homme à se faire aimer par les pierres elles-mêmes. » L’arme de la séduction fut en effet pour beaucoup dans la vie publique, et aussi privée, du roi Henri. Mais d’autres atouts ont contribué à une destinée improbable. Ainsi la part de circonstances extraordinaires, qui à la mort violente de son lointain cousin Henri III, en 1589, le placèrent en position d’héritier de la couronne. Aussi ses années d’apprentissage, au plus près de la population béarnaise dont il partagea la rude existence, et sa connaissance des hommes. Enfin son remarquable bon sens et un réalisme qui ne s’embarrassaient pas de préjugés ni même toujours de principes. Au moment où le royaume menaçait de sombrer, il fut l’homme de la situation. A travers une succession de massacres, d’intrigues, de revers et de rebonds, il s’imposa. Le combattant se révéla alors homme d’Etat, pacificateur, organisateur, bâtisseur, non sans dérive autocratique ni piteuse galanterie. Si le règne d’Henri le Grand a marqué si durablement la France, c’est que le premier roi Bourbon a su restaurer entre la couronne et le peuple « l’ordre de l’amour » si brutalement déchiré par la Saint-Barthélemy et les guerres de religion devenues civiles. Sa mort même, érigée en martyre, le servit. Car notre pays aime les sauveurs marqués du sceau de la Providence. La biographie du roi préféré des Français.
Avec ce grand livre, Jean-Christian Petitfils, consacré historien national, lauréat de nombreux prix et distinctions, achève un ensemble monumental : la galerie des cinq rois Bourbons d’Ancien Régime, qui est l’histoire même de la France moderne. On y retrouve la qualité de la recherche, la profondeur de la démarche et le talent d’écriture qui, en une trentaine d’ouvrages devenus des classiques, ont façonné le succès d’une œuvre aujourd’hui sans guère d’équivalent.
L’homme intérieur
« Ce livre s’adresse à tous ceux qui ont soif et qui cherchent le chemin vers la source. » Charles Wright En écrivant la biographie de dom André Louf, Charles Wright a exhumé des articles inédits de ce moine, d’une rare tenue spirituelle. Souhaitant partager ces pépites, il les a rassemblées dans ce recueil. André Louf y invite ses lecteurs à découvrir l’espace intérieur où le Saint-Esprit est déjà à l’œuvre en chacun d’eux. Cet orfèvre de l’intériorité soutient en effet que ce lieu n’est pas l’apanage des seuls mystiques : il est la richesse de tout croyant qui se donne les moyens de le trouver. Pour nous conduire vers ce temple caché, dom André Louf passe en revue quelques étapes : la solitude, l’ascèse intérieure, l’accompagnement spirituel, la traversée d’épreuves (tentations, échecs, maladies). Ce livre montre que la spiritualité chrétienne est un trésor : une tradition millénaire y a enfanté un art de la vie intérieure qui attend d’être redécouvert mais surtout pratiqué, incarné, vécu.
Dom André Louf (1929-2010) a été abbé de la trappe du Mont des Cats pendant trente-cinq ans. Ses écrits, devenus des classiques de la vie intérieure, l’ont imposé comme l’un des maîtres spirituels du christianisme contemporain. Après S’abandonner à l’amour et La joie vive, La liturgie du coeur est le troisième volume des méditations issues de ses années l’ermitage à Sainte-Lioba, en Provence.
A commander chez Salvator
Enquête sur La Famille
Voilà trois siècles que « La Famille », une étrange communauté religieuse, vit au coeur de Paris dans le plus grand secret. Ses quelque 4 000 membres, issus de huit patronymes différents, se marient uniquement entre eux depuis plusieurs générations. Coupés du monde, ces fondamentalistes chrétiens, descendants de jansénistes convulsionnaires sectaires, cultivent un mysticisme d’un autre temps, entre rites datés et interdits rigoristes. Dans une France en quête d’identité, ce modèle d’ultraconservatisme, prônant la pauvreté, la solidarité et les valeurs familiales, aurait de quoi séduire.
Mais cet entre-soi, où la consanguinité fait loi, a aussi brisé quelques vies sans que les autorités ne soient alertées par les victimes, sous le joug de l’omerta. Dans cette micro-société, dont les adeptes admettent avoir « 50 ans de retard », l’avenir des plus jeunes est bien souvent bridé, les femmes réduites au rôle de mères et d’épouses silencieuses.
Étienne Jacob, qui a rencontré ces « Mormons de Paris », nous livre une enquête fascinante et fouillée.
Journaliste au Figaro, Étienne Jacob traite régulièrement des dérives sectaires.
A commander aux éditions du Rocher
Transmettre ou disparaitre
La crise de l’enseignement est ancienne et ne cesse de s’approfondir. Au soupçon jeté sur la transmission, qui a conduit à une baisse du niveau scolaire, s’ajoutent depuis peu l’individualisme et l’utilitarisme croissants dans le rapport au savoir, désincarné et privé de sens. Le métier d’enseignant lui-même s’est vidé de sa substance, jusqu’à en perdre son attrait. Professeur dans un lycée public, Ambroise Tournyol du Clos analyse sans faux-semblants les raisons profondes de la crise de transmission. Loin de s’en tenir aux déplorations, il veut rappeler la beauté et la nécessité d’un enseignement de qualité. Ce livre nous engage à redécouvrir la nature artisanale du métier d’ensei- gnant, fondé sur l’observation et l’expérience. Il nous invite à envisager, à travers l’école, l’élaboration d’une communauté politique réconciliée avec l’autorité, l’altérité et le bien commun. Les enseignants ont en charge le dévoilement du sens, à travers l’exercice d’une parole poétique. Qui ne voudrait joindre sa voix à cet effort de réenchantement ?
Agrégé d’histoire, Ambroise Tournyol du Clos est professeur au lycée Claude-Lebois, à Saint-Chamond dans la Loire. Il collabore régulièrement aux revues Conflits et Limite. Il a vécu et enseigné plusieurs années en République centrafricaine.
A commander chez Salvator
Larzac, la première ZAD
En 1971 est annoncé l’agrandissement du camp militaire du Larzac. Une centaine d’exploitations sont appelées à disparaître. Ce Causse situé à l’entrée des Cévennes, au sud du Massif central, entre alors dans l’Histoire. Paysans et habitants du plateau engagent une lutte qui durera jusqu’en 1981. Près de 100 000 personnes convergent vers le Larzac, partout en France on organise manifestations, grèves de la faim, occupations de bâtiments militaires, fêtes, marches… C’est ainsi que naquirent la première « ZAD » et les mouvements altermondialistes français. Le Larzac obtint gain de cause dix ans après le début de l’occupation. Trois ans avant cette victoire, en 1978, une grande marche est organisée jusqu’à Paris, moment fort de la lutte qui gagna alors le soutien officiel de François Mitterand. Yan Morvan couvrit en tant que photo-reporter ces dernières années du combat. C’est de ce moment de l’Histoire que témoignent ces photographies.
Yan Morvan est reconnu comme l’un des plus grands spécialistes contemporains de la photo de guerre. Mais il effectue ses premiers reportages sur les blousons noirs de Paris en 1970, début d’un long travail sur les gangs qui durera plus de quarante ans. Membre de Sipa Press, correspondant permanent de Newsweek, il collabore régulièrement avec la plupart des grandes publications internationales.
A commander chez La Manufacture de Livres
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine