La « Caravane des jours heureux » peut faire sourire. Mais cela reste une leçon de militantisme, même si l’opération ne mobilise qu’une poignée de communistes blanchis sous le harnais. Officiellement, il s’agit de faire connaître le candidat du PCF, Fabien Roussel, en vue de l’élection présidentielle de 2022. Ils étaient à Morlaix.
Les temps sont durs pour le Parti communiste français ; il ne reste plus grand-chose du grand parti de Maurice Thorez et de Georges Marchais. El les résultats obtenus au premier tour des différentes élections présidentielles montrent que la situation ne s’améliore pas. En 1969, Jacques Duclos obtient 21,27% des suffrages exprimés. En 1981, Georges Marchais réalise un score très honorable face à François Mitterrand : 15,35%. Mais la dégringolade commence en 1988 (6,76% avec André Lajoinie), elle se poursuit en 1995 (8,64% avec Robert Hue), elle s’accélère en 2002 (3,37% avec le même Robert Hue), jusqu’à l’effondrement en 2007 (1,93% avec Marie-Georges Buffet). À tel point qu’en 2012 et en 2017, le PCF préfère ne pas présenter de candidat et se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon.
Changement de programme en 2022 puisque le Parti communiste a décidé de présenter un candidat ; ce sera le secrétaire national Fabien Roussel. Explication : les militants ne veulent plus entendre parler de Jean-Luc Mélenchon. D’une part parce qu’ils en ont marre de ses « comédies » et d’autre part parce qu’ils veulent reprendre leur indépendance : « Ce n’était pas une alliance mais une soumission », fustige Corentin Derrien, conseiller municipal de Saint-Thégonec Loc-Eguiner (Libération, lundi 16 août 2021).
On ne peut pas dire que l’affaire se présente bien puisque les sondages placent Fabien Roussel au-dessous de la barre fatidique des 5% en ce qui concerne les intentions de vote : 3,5% (Ifop, Le Figaro, 5 juillet 2021), voire 2% (Harris Interactive, Challenges, 8 juillet 2021).
Alors le dernier carré de militants a décidé de faire connaître Fabien Roussel qui reste un inconnu pour le grand public. D’où l’idée de profiter des vacances pour organiser une caravane qui s’arrête dans les villes du bord de mer. C’est ainsi que le convoi a prêché la bonne parole à Morlaix (vendredi 13 août). On ne peut pas dire que le discours de ces militants dévoués à la cause soit réellement « communiste », encore moins marxiste. C’est ce qu’on comprend tout de suite avec l’intitulé : la « Caravane des jours heureux » (sic). On ignore la lutte des classes, on ne propose pas l’appropriation collective des moyens de production, on ne promet pas la dictature du prolétariat ; c’est l’époque du « soft », c’est-à-dire du vide.
À Morlaix, il y avait quand même quelques militants bretons. Ainsi Gladys Grelaud qui a été élue conseillère régionale en juin sur la liste de Loïg Chesnais-Girard et qui appartient au groupe communiste (trois membres). Quant à l’avenir, elle « ne se fait pas d’illusions. « On est surtout là pour tirer à gauche », explique celle qui a adhéré au PCF il y a cinq ans. « Il y a tellement de violence, nous, on veut discuter et apaiser » (Libération, lundi 16 août 2021). Si Lénine avait raisonné comme elle, les bolcheviks ne se seraient jamais emparés du pouvoir en Russie…
On peut noter qu’en Bretagne, le PCF conserve quelques « poches » : autour de Carhaix, dans la périphérie de Lorient, dans les communes entourant Saint-Nazaire. Les cadres n’apparaissent guère dans la presse régionale en dehors de Aymeric Seassau, adjoint au maire de Nantes et secrétaire de la fédération de Loire-Atlantique ; ce dernier se fait élire sur la liste de Johanna Rolland (PS).
Bernard Morvan
Crédit photo : NakaraZn Zouhaïr NAKARA/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine