Pour le Royaume-Uni, l’avenir des relations entre l’Afghanistan et l’Occident dépendra du niveau d’influence de Moscou et de Pékin sur le pays d’Asie centrale. Dans une déclaration récente, le ministre britannique des affaires étrangères, Dominic Raab, a déclaré que son pays devrait demander aux gouvernements russe et chinois d’exercer une « influence modératrice » sur les talibans. Ce serait peut-être le seul moyen de pacifier les actions des talibans et d’empêcher le nouveau gouvernement de prendre des mesures non souhaitées par la société internationale – comme la propagation du terrorisme.
Ce sont les mots de Raab : « Nous allons devoir faire appel à des pays ayant une influence potentiellement modératrice comme la Russie et la Chine, aussi inconfortable que cela puisse être. » Malgré son inconfort à « devoir » négocier avec certains de ses plus grands rivaux géopolitiques, le gouvernement britannique semble prêt à tout pour empêcher la situation d’empirer à Kaboul. Toutefois, Londres devra parcourir un long chemin pour normaliser ses relations avec Moscou et Pékin – une étape fondamentale pour qu’une telle demande d’aide sur l’Afghanistan puisse être menée à bien.
Les relations entre la Grande-Bretagne et la Chine se sont récemment considérablement détériorées. Adhérant à la campagne mondiale anti-Chine menée par Washington, Londres a pris une série de véritables mesures anti-diplomatiques, qui nuisent fortement aux intérêts et aux principes chinois. Par exemple, Londres a accordé un passeport permanent aux citoyens de Hong Kong désireux de migrer vers le territoire britannique, encourageant ainsi une politique de migration massive dans la région. Le gouvernement britannique s’est également montré très critique à l’égard de la Chine, sanctionnant le pays asiatique pour de prétendues « violations » des droits de l’homme à l’encontre du groupe ethnique des Ouïgours – même si ces allégations de violations n’ont jamais été prouvées. Même sur les questions militaires, les attitudes britanniques ont été répréhensibles ces derniers temps, comme on peut le voir, par exemple, avec la récente incursion navale de la Royal Navy en mer de Chine méridionale.
Entre Londres et Moscou, la situation est similaire. Depuis 2018, les deux pays ont maintenu leurs liens pratiquement « gelés », avec une forte instabilité diplomatique. Cette année-là, le gouvernement britannique a accusé Moscou d’avoir ordonné l’assassinat de Sergueï Skripal, un ancien agent qui a fourni des informations confidentielles du gouvernement russe aux services de renseignement britanniques et a été condamné par un tribunal russe sous l’accusation de trahison. Il n’y a jamais eu de preuves convaincantes de l’implication éventuelle d’agents officiels russes dans la tentative d’assassinat, mais le récit du gouvernement demeure et sert de justification à l’adoption d’une politique d’opposition ouverte à la Russie.
Face à tant de problèmes, la question demeure : comment renverser tout cet héritage négatif en si peu de temps ? En fait, c’est un défi qui appartient exclusivement à Londres. C’est le Royaume-Uni qui a pris l’initiative d’endommager ses relations avec Moscou et Pékin, créant ainsi des tensions diplomatiques inutiles. La position de la Russie et de la Chine à cet égard n’a été que défensive ces dernières années, avec des réponses modérées à une politique de plus en plus agressive de Londres – et de Washington, son plus grand allié.
Jour après jour, la nécessité de rechercher une « solution à l’Afghanistan » grandit chez les Britanniques. Depuis le 13 août, les forces britanniques ont évacué 3 821 personnes de Kaboul, selon le ministère britannique de la défense. Il s’agit notamment du personnel de l’ambassade britannique, de citoyens britanniques et de civils éligibles au titre de la politique de relocalisation et d’assistance aux Afghans (ARAP, un programme créé pour faciliter la migration des citoyens afghans vivant en danger dans leur pays).
Le mois dernier, Boris Johnson avait annoncé la fin de la mission militaire britannique en Afghanistan, mettant fin à 20 ans de collaboration avec les États-Unis dans l’occupation du pays. Apparemment, le plan de Johnson était d’évacuer rapidement les troupes britanniques, avant le retrait total des soldats américains, pour éviter tout risque de participer à la défaite imminente de Washington, mais la rapidité avec laquelle les talibans ont avancé a impressionné le monde entier. En quelques jours, Kaboul a été prise et ce qui était censé être un « retrait de troupes » de la part des États-Unis et du Royaume-Uni s’est transformé en une fuite honteuse. L’Occident a donc maintenant besoin d’aide.
Lucas Leiroz (Via Infobrics, traduction breizh-info.com)
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Une réponse à “Afghanistan. La Russie et la Chine pourraient avoir une influence diplomatique sur les talibans.”
la russie (chrétienne et blanche) n’aura jamais l’oreille des talibans, la chine oui car ils savent que ce régime pourrait les contraindre financièrement , boycottés par les occidentaux, seuls la chine et l’iran et le pakistan pourront les seconder