Le retrait progressif des troupes américaines d’Afghanistan risque d’entrainer un afflux de migrants en Europe et en particulier en France. Les pays européens sont divisés sur la conduite à tenir pour y faire face. Les enjeux considérables du conflit en cours en Afghanistan apparaissent grandement minimisés en France.
La décision de Donald Trump en 2018, confirmée par le nouveau président américain, Joe Biden, de retirer les troupes américaines d’Afghanistan est lourde de conséquences. Les islamistes locaux, les Talibans, ne cessent de faire reculer les troupes gouvernementales sur le territoire afghan, parfois sans combattre. Ils contrôlaient au 11 août 6 capitales provinciales sur les 34 que compte l’Afghanistan. L’application intransigeante de la loi islamique et les règlements de compte ont d’ores et déjà commencé à entrainer d’importants mouvements de population, tant à l’intérieur qu’en dehors du pays. Le pire pourrait bien être à venir.
La chute du gouvernement afghan pourrait entrainer l’arrivée de 3 millions de migrants en Europe
Dimanche 8 août, un travailleur humanitaire allemand qui a exercé son activité une vingtaine d’années en Afghanistan déclarait à la chaine de télévision allemande WDR : « Nous pouvons nous attendre à ce que près de trois millions d’Afghans prennent la route vers l’Europe dans un avenir proche ». Si cette prévision se réalisait, ce mouvement de population pourrait très largement surpasser ladite crise des migrants en 2015, au cours de laquelle près d’1,2 millions de migrants sont arrivés en Europe.
D’autres spécialistes tirent des signaux d’alarme sur les conséquences pour l’Europe d’un retrait précipité et désordonné des troupes américaines en Afghanistan. Des experts en géopolitique soulignaient ainsi en avril 2021 que la décision de Joe Biden de retirer les troupes américaines d’Afghanistan risquait d’entrainer une crise migratoire majeure, dont les premiers signes sont d’ores et déjà tangibles.
L’immigration afghane en Europe, un phénomène exponentiel
Après une baisse temporaire, les arrivées d’Afghans en Europe ont recommencé à augmenter fortement depuis 2019. Cette année-là, les Afghans étaient la deuxième nationalité la plus représentée parmi les demandeurs d’asile arrivés en Europe. Le nombre de demandeurs d’asile afghans en Europe a continué à augmenter en 2020, pour atteindre 10% des 471 000 demandes effectuées durant l’année.
En France, les Afghans représentent la nationalité la plus représentée parmi les demandeurs d’asile en 2019 et 2020. Selon les derniers chiffres communiqués par l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration, la tendance ne fait depuis le début de l’année que se confirmer.
La France est un pays attractif pour les Afghans souhaitant y déposer une demande d’asile : près de 4 demandes d’asile sur cinq y sont acceptées, un taux d’acceptation deux fois supérieur à celui de l’Allemagne.
Une réponse européenne désordonnée
Si les différents pays européens partagent la même inquiétude de voir déferler une immigration massive issue d’Afghanistan, ils n’ont pas la même position sur la façon d’y faire face.
Les ministres des affaires étrangères de six pays, l’Autriche, le Danemark, la Grèce, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique ont le 6 août instamment demandé au vice-président de la commission européenne d’aider davantage l’Afghanistan et les pays limitrophes, mais également de continuer à permettre d’organiser le retour dans leur pays des Afghans déboutés du droit d’asile. Les ministres de ces 6 pays européens soulignent notamment dans leur courrier adressé à Margaratis Schinas que 570 000 demandes d’asile ont été déposées par des Afghans dans les pays de l’Union européenne depuis 2015 et que la tendance continue en 2021. Ils indiquent également que de nombreux mineurs non accompagnés arrivent parmi les clandestins afghans.
Les ministres évoquent la décision prise le 8 juillet par le ministre afghan des réfugiés de refuser les retours forcés en Afghanistan pendant une durée de 3 mois. Ils soulignent que « la décision d’arrêter l’organisation des retours enverrait un mauvais signal et serait susceptible de provoquer de nouveaux départs du pays ». Les représentants des 6 gouvernements concluent leur courrier en évoquant l’importance d’organiser plus particulièrement le retour des Afghans présents en Europe impliqués dans des crimes et délits.
Cette démarche sera-t-elle suffisante pour endiguer une immigration massive venue d’Afghanistan ? Alors que plusieurs pays européens demandaient à la commission européenne de faire pression auprès du gouvernement afghan pour permettre l’organisation du retour des déboutés du droit d’asile, d’autres, comme la Suède, annonçaient qu’ils mettaient fin à ces opérations.
Pour compliquer le tout, un récent jugement de la Cour européenne des droits de l’Homme a annulé le 2 août une décision d’expulsion d’un Afghan prise par les autorités autrichiennes, au motif que celle-ci violerait ses droits fondamentaux. Le sujet est particulièrement sensible en Autriche après le récent meurtre d’une jeune fille de 13 ans par quatre jeunes Afghans. Le chancelier autrichien a immédiatement déclaré après ce drame : « il n’y aura certainement pas d’arrêt des expulsions vers l’Afghanistan, ni d’assouplissement du droit d’asile ».
La Turquie, pays de transit ou de destination pour les migrants afghans ?
La crise migratoire qui s’aiguise pourrait mettre à mal l’accord conclu en 2016 entre les autorités turques et l’Union européenne. En échange de 6 milliards d’euros, la Turquie s’engageait alors à « éviter qu’une route de migration irrégulière ne s’ouvre » au départ du territoire turc vers l’Union européenne. Or, dans leur périple vers l’Europe, de nombreux Afghans transitent par la Turquie, où ils ne bénéficient pas du même statut que les réfugiés syriens et irakiens. Le ministre turc des affaires étrangères a récemment affirmé que la Turquie « n’est pas et ne sera pas la salle d’attente d’un autre pays ». Les pays européens doivent donc s’attendre à ne compter que sur eux-mêmes pour se prémunir de la vague migratoire annoncée.
Un aller simple pour la France
Dans ce contexte, la politique des autorités françaises apparait particulièrement illisible. Interrogé sur la position de la France sur la demande de 6 états membres de l’Union européenne de pouvoir continuer les expulsions des demandeurs d’asile afghans déboutés, le représentant du ministère des affaires étrangères a lors d’un point avec la presse le 11 août esquivé la réponse en affirmant « suivre de très près l’évolution préoccupante de la situation en Afghanistan ».
Le lendemain, le ministre de l’intérieur annonçait à l’AFP que le France avait suspendu depuis…début juillet les expulsions de migrants vers l’Afghanistan en raison des combats entre les Talibans et les forces gouvernementales.
Parmi les opposants à cette position du gouvernement français qui laisse la porte ouverte à un afflux considérable de migrants, le député honoraire Christian Vanneste a rappelé les 90 soldats français qui « sont morts pour rien » en Afghanistan. Il exhorte nos gouvernants à former les migrants afghans et à « les renvoyer se battre chez eux contre les fanatiques ». Pour conclure : « c’est vraiment trop facile ! ».
Bien que Kaboul soit à 7 200 km de Paris et que la route migratoire vers l’Europe traverse plusieurs pays musulmans, des personnalités font pression pour que la France accueille massivement des Afghans. Ainsi, Martine Aubry vient de lancer un appel aux dons pour accueillir des réfugiés afghans dans la ville dont elle est maire, Lille. Il y a fort à parier que cette initiative soit entendue bien au-delà de la capitale régionale du nord. Une nouvelle fois, le grand déplacement des populations vers l’Europe est immanquablement présenté comme la solution aux guerres civiles dans des pays lointains tant par la culture que par la géographie.
Paul Tormenen
Crédit photos : DR
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2 réponses à “La chute du gouvernement afghan pourrait entrainer l’arrivée de 3 millions de migrants en Europe”
on a les cannibales qui arrivent sans qu’il y est de conflit chez eux ! va pas ramener de la merde en plus !paeles pas de malheur !
ça tombe bien ! on a tellement de bouleau chez nous depuis le covid !