La chef des écologistes bretons a l’intention de mener la vie dure à Loïg Chesnais-Girard pendant le mandat. Mais Claire Desmares-Poirrier a oublié que d’autres groupes sont prêts à « rendre service » au Président à chaque fois qu’il aura besoin de « supplétifs » pour obtenir la majorité ; elle n’est donc pas indispensable.
Claire Desmares-Poirrier (EELV) est paysanne. En bio, elle cultive des plantes aromatiques à Sixt-sur-Aff (près de Redon) ; dans sa ferme, elle joue également à la libraire. Ayant l’âme activiste, elle s’est lancée dans la politique et fut la locomotive de la liste écolo – UDB aux élections régionales de juin. Elle croyait dur comme fer entrer dans l’exécutif grâce à un accord avec Loïg Chesnais-Girard pour le second tour : « Oui. Mais j’espère que l’écologie arrivera en tête au premier » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 23 janvier 2021). Raté car le président sortant préféra s’allier pour le second dimanche avec un écolo indépendant, Daniel Cueff (6,52%). D’où ce regret de Mme Claire Desmares-Poirrier : « Nous avons tout fait pour réaliser cette alliance historique mais les socialistes ne savent pas partager le pouvoir » (Le Figaro, vendredi 25 juin 2021).
Mais cette dernière oubliait une chose simple : la marge de manœuvre dont disposait Loïg Chesnais-Girard. Pour ce dernier, fusionner avec les écolos signifiait se fâcher avec Jean-Yves Le Drian, avec le patronat breton, avec le lobby agricole… D’autant plus que les écolos auraient eu des exigences inadmissibles pour les milieux économiques lors de la constitution de l’exécutif. Des vice-présidences stratégiques, par exemple les l’agriculture ou les transports… LCG a donc préféré se passer des services des écolos EELV et les laisser dans l’opposition – ce que lui permettait les résultats du premier tour : sa liste arrive en tête avec 20,95% des suffrages exprimés et la liste EELV – UDB en quatrième position avec 14,84%.
« Comme des crapauds »
Cette situation provoque la colère de Claire Demares-Poirrier. D’abord elle déclare que le président sortant et Daniel Cueff, alliés du second tour, se sont comportés « comme des crapauds » (Le Télégramme, samedi 3 juillet 2021). Il paraît que cette comparaison n’est pas très aimable pour les crapauds ! Ensuite, dès le soir du second tour, elle s’en prend à Chesnais-Girard qui ne dispose que d’une majorité relative (40 sièges sur 83) et pose ses conditions : « S’il y a un accord ce sera un accord de mandature », affirme-t-elle. Et de balancer une vacherie à LCG : « Il était un candidat faible, il sera un président faible » (Libération, lundi 28 juin 2021). Dès le lendemain, elle en remet une couche : « Loïg Chesnais-Girard n’a pas de majorité absolue. Ce sera, sans doute, au coup par coup. Nous nous préparons au rapport de force. Nous avons bien l’intention de peser, de ramener du débat, de la transparence. » (Ouest-France, Bretagne, mardi 29 juin 2021).
Tous ces propos ne risquent pas d’effrayer LCG. En effet, à chaque fois qu’il lui faudra trouver des « renforts » pour obtenir une majorité, il aura l’embarras du choix pour trouver un « petit » arrangement avec un groupe de l’opposition : on pense tout de suite à l’équipe « Hissons haut la Bretagne – Droite centre et régionalistes » (14 élus) ; son chef de file, Isabelle Le Callennec, a déjà montré qu’elle était pleine de bonne volonté : « Nous voulons être une opposition constructive et exigeante. Loïg Chesnais-Girard m’a dit, hier soir, qu’il allait m’appeler (…) Mais je suis prête à travailler (…) Il y a beaucoup de sujets qui nous rassemblent, comme les transports et le désenclavement de la Bretagne, comme la réunification de la Bretagne ou, encore, cette assemblée unique que Daniel Cueff a appelé de ses vœux. Allons-y ! » (Le Télégramme, mardi 29 juin 2021).
Petits arrangements avec l’opposition
Pour aider la majorité, tout en conservant son image d’opposant, différents moyens existent. Par exemple la non-participation au vote (on va faire un tour au bar), l’abstention, le vote blanc… Le groupe peut également se diviser, juste ce qu’il faut pour permettre à LCG d’obtenir la majorité sur un dossier important : douze votent contre, tandis que deux absents ont « oublié » de donner un pouvoir au président du groupe… Ainsi la combine n’est pas trop voyante… Rassurons Madame Demares-Poirrier : Chesnais-Girard n’a pas besoin d’elle et de son groupe (6 membres) ; elle apprendra également que ces « choses là » se négocient dans les couloirs pendant une suspension de séance, par exemple. Et comme le pays de Vitré aura toujours besoin d’une subvention pour tel ou tel projet, tout peut s’arranger dans le meilleur des mondes…
Bernard Morvan
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Une réponse à “Conseil régional de Bretagne. Quand Claire Desmares-Poirrier (EELV) confond vitesse et précipitation”
Elle a bien une tronche d’écolo . eelv une seconde mort pour la France Regardez tous les dégâts causés par cette secte . Pour la Bretagne , les moulins à vent de la baie de Morlaix !