« On adopte un ton grave, catastrophique, pas moralisateur mais juste catastrophique. » : ce ne sont pas les paroles d’un metteur en scène d’une pièce de théâtre mais celles du préfet de Guadeloupe avant l’annonce d’un nouveau confinement…
Préfet de Guadeloupe : « On adopte un ton grave, catastrophique »
L’appareil d’État français a décidément bien du mal à éviter les erreurs en matière de communication. Il y a quelques jours, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer était pris en flagrant délit de « fake news » lors d’une intervention sur franceinfo où il affirmait que « quand vous êtes vacciné, vous ne risquez pas de contaminer les autres alors que si vous n’êtes pas vacciné vous faites courir ce risque ». Une bévue tellement énorme que même les très consensuels Décodeurs du Monde et AFP Factuel durent sortir de leur réserve pour pointer la faute du ministre.
Deux semaines auparavant, son « patron » Jean Castex n’avait guère plus brillé sur TF1 en déclarant que les personnes vaccinées n’avaient « plus de chance d’attraper la maladie ». On connaît pourtant la suite…
Mais les couacs n’épargnent pas non plus les étages hiérarchiques inférieurs. Ainsi, lundi 2 août, le préfet de Guadeloupe Alexandre Rochatte, en compagnie de la directrice générale de l’ARS Guadeloupe, Valerie Denux, a pris la parole lors d’une conférence de presse pour annoncer un nouveau confinement de trois semaines sur l’île à partir du 4 août.
Seul bémol, les micros déjà étant ouverts avant l’intervention, une vidéo permet d’entendre distinctement le préfet de Guadeloupe indiquer à sa voisine le ton à prendre : « On adopte un ton grave, catastrophique, pas moralisateur mais juste catastrophique. »
Le préfet de la Guadeloupe donne ses consignes à la directrice de l’#ARS : » On adopte un ton grave, catastrophique, pas moralisateur mais juste catastrophique. »
Après ça on va nous traiter de complotistes ! pic.twitter.com/AaSslr5kJM— Gilbert Collard (@GilbertCollard) August 3, 2021
Les Antilles à l’heure de la disgrâce sanitaire ?
Plus généralement, les Antilles, habituellement choyées par l’exécutif, à commencer par Emmanuel Macron dont les images d’une visite à Saint-Martin à l’automne 2018 avaient défrayé la chronique, voient actuellement le vent tourner face à la terreur sanitaire associée à la campagne de vaccination contre le Covid-19.
En Guadeloupe et en Martinique, on recensait au 2 août respectivement 15,9 % et 15,8 % de la population présentant des schémas vaccinaux complets.
En guise d’explication à cette faible proportion, le ministre des Outre-Mer Sébastien Lecornu, cité dans Libération, a évoqué des « réticences culturelles ou religieuses ». Par ailleurs, le vaccin est perçu aux Antilles comme quelque chose provenant de l’extérieur, de quoi faire de son refus un acte presque militant selon certaines voix.
Auprès du Parisien, Stéphanie Mulot, sociologue auprès de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) avance : « Dans la mesure où les Antilles sont d’anciens territoires colonisés, il y a une défiance très forte envers le gouvernement français. […] Refuser le vaccin revient à assumer une posture politique d’opposition ».
Cette tendance des Antillais à ne pas céder, pour plusieurs raisons, aux sirènes de la propagande vaccinale a même donné l’occasion de voir certains « médecins des plateaux télé » employer un ton franchement paternaliste et colonialiste au sujet de ces populations :
?Un médecin réagit au faible taux de vaccination dans les DOM-TOM
« C’est culturel, y’a d’autres sources d’information, je vais pas revenir sur les vaudous mais ça existe toujours dans ces territoires. Beaucoup de problèmes viennent de la culture et le rhum ne guérit pas tout» pic.twitter.com/mqetK5R2FH
— BalanceTonMedia (@BalanceTonMedia) August 2, 2021
Pas de quoi convaincre pour autant les autochtones tandis qu’en Martinique, un vaccinodrome et une pharmacie ont été incendiés le 31 juillet lors d’affrontements en raison de l’instauration d’un couvre-feu.
Crédit photo : Capture YouTube (photo d’illustration)
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