Il ne paie pas de mine, Le Scénario, dans le milieu de la rue de Bel Air, en face du collège Victor Hugo et de son ancien théâtre à la française construit en 1899 pour ce qui était alors le collège Saint-Joseph (1841-1905) des Frères des Ecoles Chrétiennes – conservé en l’état, tableau électrique à tringles y compris ; des troupes de théâtre viennent toujours y répéter. Mais cela fait 29 ans que le Scénario tient bon, au cœur d’un des quartiers les plus vivants de Nantes, et où la concurrence ne manque pas.
Ainsi, après une entrée du jour – ou un médaillon de chèvre chaud sur pain d’épices, ou une salade de Saint Jacques par exemple – on a le choix entre divers plats, dont des cuisses de grenouille ou un cœur de Rumsteack. Notre choix s’est porté sur des anguilles – achetées au marché de Talensac tout proche. Et des glaces en ce jour très chaud – même si les habitués recommandent chaudement la mousse au chocolat et les profiteroles.
Verdict : 17.90 € pour la formule le midi et un restaurant souvent plein ras-bord le soir, d’autant qu’il n’a plus de terrasse – le trottoir n’est guère large. Il y a même une formule express à 11.50 euros, plus simple, pour les clients pressés – collégiens ou professeurs d’en face qui veulent changer de la cantine, installée dans l’ancienne chapelle, par exemple.
Le collège Saint-Joseph, de Bel Air au Loquidy
L’ex-collège Saint-Joseph a eu comme Nantes une histoire mouvementée – confisqué en 1905 au profit de l’Usine à Gaz, dont les gazomètres étaient le long de la rue Bellamy sous le plateau sur le bord duquel est le collège, il est loué au Grand Séminaire entre 1906 et 1914, devient hôpital sous la guerre de 1914, puis un collège public. Quant au collège Saint-Joseph, il existe toujours – il a rouvert au Loquidy en 1926 – les nantais connaissent mieux le nom du manoir du XVe près duquel il a été construit que son saint patron.
Une salle de spectacles au cœur de l’histoire architecturale de Nantes au XXe
La salle de spectacles de l’ancien collège Saint-Joseph de Bel Air, construite par Paul Devorsine et restaurée par Etienne Coutan en 1920 est classée Monument Historiques en 2017. La notice sur la base Mérimée précise pourquoi : « il s’agit d’un témoin exceptionnel et d’une grande utilité de salle de théâtre ancienne encore en état de fonctionnement, avec ses infrastructures, sa machinerie, ses équipements scéniques et techniques d’origine. Son décor eclectique s’inspire du style Rococo et illustre son influence dans l’Art Nouveau Français ».
Paul Devorsine – auquel on doit aussi la chapelle de Gourmalon, inaugurée en 1909 contre l’avis du clergé paroissial par les propriétaires du quartier, qui ont du faire appel à Rome, la paroisse refusant obstinément d’y nommer un desservant, a eu un fils architecte, Philippe, auquel Nantes doit le cinéma Olympia rue Franklin, fermé en 1995 et transformé en immeuble de prestige et l’ancienne clinique Sourdille. Philippe a travaillé avec son fils, Claude, dont la réalisation la plus connue – mais pas la plus populaire – est la Tour Bretagne. Celle que Julien Gracq appelait « le pieu de Dracula au cœur de cette ville vampirique » a surtout le tort d’avoir été inaugurée après la sortie du film « La Tour infernale » (1974).
Louis Moulin
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