Ariane de Troïl est de retour. L’héroïne des 7 vies de l’épervier revient dans un nouvel album de cette célèbre série de bandes dessinées historiques.
27 septembre 1601, en Auvergne. Une femme fuit son mari, le baron Yvon de Troïl. Elle donne naissance à une fille, Ariane, mais elle y laisse la vie. Le même jour, à la cour du Roi Henri IV, la Reine donne naissance au Dauphin, le futur Louis XIII. Devenue adolescente, Ariane est fascinée par un mystérieux justicier masqué, appelé Masquerouge.
Germain Grandpin, garde du corps d’Henri IV, après être sorti de prison pour ne pas avoir pu empêcher l’assassinat du roi par Ravaillac, rencontre Ariane. Celle-ci part d’Auvergne en compagnie de Germain, devenu son valet. Ariane devient le nouveau Masquerouge, tout en fréquentant la cour du roi. Elle combat ainsi l’injustice et charme Louis XIII. Mais le cardinal de Richelieu, afin d’éliminer Masquerouge, embauche un étrange bretteur manchot et borgne qui se fait appeler le chevalier Condor. Il s’agit en réalité de Gabriel de Troïl, frère d’Yvon, premier Masquerouge et véritable père d’Ariane de Troïl. Ignorant la véritable identité de nouveau Masquerouge, il lui passe son épée au travers du corps.
Ayant survécu, Ariane, après avoir accouché d’une fille, s’embarque pour la Nouvelle France (le Québec). Elle épouse Beau, un Iroquois. Puis Germain et son père la retrouvent. Ariane, Germain, Beau et Yvon de Troïl retournent à Paris. Ils y retrouvent Ninon, la fille d’Ariane. Ariane apprend alors que le fils qu’elle a eu avec Louis XIII, et qui lui fut enlevé à sa naissance, est vivant. Elle se met à sa recherche, mais va être mêlée à la conspiration de Cinq-Mars…
La célèbre série Les 7 Vies de l’Épervier, dessinée par André Juillard, sur des scénarios de Patrick Cothias, a déjà quarante ans ! Ses premiers lecteurs se souviennent qu’Ariane de Troïl est apparue pour la première fois en 1980, dans des récits complets intitulés Masquerouge, publiés dans l’hebdomadaire Pif Gadget, proche du parti communiste. L’habit rouge n’est donc sans doute pas le hasard… A partir de 1982, dans la revue Circus de Glénat, Cothias et Juillard publient une préquelle des aventures d’Ariane, intitulée Les 7 vies de l’épervier. Les publications en album suivent jusqu’en 1991, avec la sortie du tome 7, La Marque du Condor. Ce tome se déroule après tous les Masquerouge.
Le scénariste Patrick Cothias a par la suite imaginé des séries dérivées : Les Tentations de Navarre (2 albums), Le Chevalier, la Mort et le Diable (2 albums), Le Fou du Roy, (9 albums), Cœur brûlé (7 albums), Ninon secrète (6 albums) et Le Masque de fer (6 albums). Mais celles-ci sont d’un intérêt moindre.
Dans ce nouveau tome de la série principale, Patrick Cothias maîtrise une fois de plus le rythme de son récit, riche en rebondissements. Mais son scenario est un brin alambiqué. On peut en effet regretter l’intégration dans son récit, en toile de fond, de la conspiration de Cinq-Mars. Henri Coëffier de Ruzé d’Effiat, marquis de Cinq-Mars, était un favori de Louis XIII. Complotant avec les Espagnols, il mena la dernière des conspirations contre le cardinal de Richelieu. Trahis dans leur confiance, Louis XIII et Richelieu font arrêter les conjurés à Narbonne, lesquels sont décapités le 12 septembre 1642. Ce fait historique n’ajoute rien à la quête de l’héroïne, Ariane de Troïl. On regrette enfin la disparition de la touche fantastique agrémentant les sept premiers tomes, qui justifiait le destin tragique de tous les protagonistes.
Le célèbre dessinateur André Juillard, habitant à Port-Blanc (Côtes-d’Armor), est au sommet de son art. A ses débuts spécialisé dans la bande dessinée historique (Arno, Les 7 Vies de l’Épervier), il a repris depuis les années 2000 les nouveaux albums de Blake et Mortimer. Ses planches sont superbes.
Kristol Séhec
Les 7 Vies de l’Épervier – Troisième époque – Tome 13, Qu’est-ce que ce monde ?, 56 pages, 14,50 euros. Editions Dargaud.
Illustrations : DR
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