Devenir candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2022 sans avoir d’efforts particuliers à faire aurait bien arrangé Anne hidalgo : c’est-à-dire sans véritable primaire. Une désignation par applaudissements, plutôt qu’une élection qui provoque remous et déchirements internes. Mais Stéphane Le Foll de l’entend pas ainsi. Il réclame une primaire digne de ce nom. Avec un « débat » portant sur la « ligne » et le « projet ».
Une solide carte de visite
Il aurait pu devenir maire de Berrien, la commune où se trouvent ses racines, mais les hasards de la vie en ont fait le maire du Mans et le président de la métropole. Loyal compagnon de François Hollande, Stéphane Le Foll possède une solide carte de visite. Pourtant sa fidélité n’a pas été récompensée puisque le président Hollande ne lui a jamais confié un ministère régalien. En effet Le Foll a toujours joué en ligue 2 : cinq ans ministre de l’Agriculture, trois ans porte-parole du gouvernement, huit ans eurodéputé et dix ans directeur de cabinet de François Hollande lorsque ce dernier dirigeait le PS. Son itinéraire peut se résumer ainsi : « BTS d’agriculture, pion dans un lycée agricole à Rouillon, grands-parents agriculteurs, des débuts sous l’égide de Louis Le Pensec, vingt ans à serrer la pince des syndicalistes, opérations promo avec les journalistes pour montrer son côté terroir, son amour des chants bretons et tout le tralala, tout ça pour se retrouver malmené » (Le Canard enchaîné, 29 juillet 2015).
Le Foll fourbit ses armes
Aujourd’hui, Le Foll ambitionne de jouer en ligue 1. Pour ce faire, il presse Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, d’organiser une primaire afin de désigner le candidat socialiste pour la présidentielle. Et il entend y participer : « Oui. Je suis candidat pour porter une ligne et un projet. » (Journal du Dimanche, 18 juillet 2021). Car notre homme s’oppose à la méthode utilisée pour mettre sur orbite Anne Hidalgo : « Préparer une présidentielle, ça ne se limite pas à appeler quelqu’un et à collecter des signatures ! Le PS a perdu toute vitalité démocratique. »
En attendant, Le Foll fourbit ses armes. « En ce qui me concerne, le 1er septembre, je présenterai un livre qui portera sur la manière dont je vois les choses pour le pays, la gauche et les écologistes. Il devrait s’appeler Renouons avec la France des Lumières. Sur la base de ce travail, je souhaite un débat avec Anne Hidalgo. Ce serait le meilleur moyen de préparer la présidentielle. ». Mais la partie ne sera pas facile pour lui car « tout est verrouillé » (JDD, 18 juillet 2021). À coup sûr, au sein du PS, peu de gens l’aideront, tellement il a multiplié les critiques ces dernières années. « Qu’est ce qu’on a fait idéologiquement en termes de réflexion politique depuis 2017 ? On n’a jamais eu le débat sur les enjeux, la ligne politique choisie. » (Le Monde, 6 juillet 2019). « Depuis deux ans, le PS n’a pas assez travaillé. » (Le Parisien, 13 août 2020). Et de dénoncer « la jeune génération [qui] veut nous mettre de côté » et accepte la « domination idéologique » des Verts : « C’est ce qui conduit Nathalie Appéré a refuser le grand départ du Tour de France à Rennes, où Johanna Rolland à demander un moratoire sur la 5 G à Nantes » (Ouest-France, 26 -27 septembre 2020).
Mme Hidalgo semble sûre d’elle
En attendant, Mme Hidalgo semble sûre d’elle : « Je suis certaine que les principaux dirigeants ne peuvent que me soutenir. Je suis la seule candidate crédible qui puisse rallier autour d’elle les plus importants élus locaux et des personnalités nationales comme Martine Aubry ou Carole Delga » (Le Canard enchaîné, 14 juillet 2021).
Deux certitudes : d’abord elle n’obtiendra pas le soutien de Stéphane Le Foll, ensuite ce dernier se prépare à un « débat » avec elle. « Il est comme ça, Stéphane Le Foll : rogue. Il dit les choses franchement. Brutalement parfois. » (Le Monde, mardi 21 mars 2017). Voilà quib devrait donner du piquant à l’affaire et fournir l’occasion à Le Foll de dire leurs quatre vérités aux dirigeants du PS et à l’équipe Hidalgo. Le public attend un vrai match, pas de l’eau tiède !
Bernard Morvan
Crédit photo : Villedeliffré/Wikimedia (cc)
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3 réponses à “Primaire du PS : une Espagnole contre un Breton ?”
on a vu les résultats précédents : benoit hamon désigné a fait 6% des votants !
c’est ça les candidats du ps ?? c’est ça ?? ho putain ! ils vont faire moins qu’asselineau !
Le socialisme ne dure que le temps de distribuer l’argent des autres.