Nantes. La préfecture, entre opposants au passe sanitaire et souvenir de Clemenceau

La préfecture de Nantes ressemble un peu aux deux faces de l’exercice du pouvoir, ou au dieu Janus. Face à la ville, une grille toute neuve qui traduit mieux qu’un long discours la volonté du pouvoir de s’isoler du peuple – et le point d’information permanent contre le passe sanitaire, depuis mardi. Face, la façade XVIIIe de la chambre des comptes de Bretagne, devenue préfecture à la Révolution, la place Salengro pavée, le vaisseau vide de la cathédrale et le souvenir de Clemenceau.

Ça tourne ! Du 22 au 27 juillet les équipes du film Le Tigre et le président (Dibona Productions) mettent en scène l’opposition entre Clemenceau et le président Paul Deschanel, interprétés respectivement par André Dussolier et Jacques Gamblin, avec une foule de figurants en costumes d’époques, hauts de formes et uniformes de soldat bleu horizon, l’action se passant en 1920. Plusieurs scènes ont aussi été tournées rue Clemenceau justement, et en Vendée ainsi qu’à Paris.

Bien qu’auréolé par son action énergique à partir de 1917 qui permet la victoire dans la Grande Guerre, Georges Clemenceau perd le vote préparatoire de la présidentielle de janvier 1920 face à Paul Deschanel, d’une stature politique pourtant bien moindre, mais qui a une personnalité jugée plus apte à rassembler les Français – ce que l’autoritarisme et l’anticléricalisme forcené de Clemenceau ne permettaient pas, selon ses détracteurs politiques.

Deschanel, rapidement rendu dépressif par le cynisme du monde politique qui le bouscule, restera dans l’histoire par sa chute d’un train de nuit près de Montargis, alors que, somnambule et pris d’un coup de chaleur, il a ouvert la fenêtre de sa voiture et chu sur la voie. Légèrement blessé et en pyjama, il marche jusqu’à la maison d’un garde-barrière… qui ne reconnaît pas le président de la République. la chute donne lieu à de nombreuses et cruelles caricature et finit par le contraindre à la démission en septembre 1920. Pour sa part, Clemenceau prend sa retraite politique.

Et de l’autre côté, du côté de la ville et du monument aux Cinquante Otages, l’Histoire continue de s’écrire puisque c’est là que depuis mardi se trouve le point d’information permanent des militants anti-dictature sanitaire, qui dorment sur place et occupent peu à peu toute la placette avec des barnums et des banderoles. Le mouvement, pacifique, fait tache d’huile et depuis le milieu de la semaine, des veillées de la liberté et autres manifestations vespérales sont organisées dans diverses villes de France, même bien moins militantes habituellement que Nantes, comme au Puy, à Pau ou encore Maubeuge…

Louis-Benoît Greffe

Crédit photos : Breizh-info.com
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Une réponse à “Nantes. La préfecture, entre opposants au passe sanitaire et souvenir de Clemenceau”

  1. patphil dit :

    en urss, ils avaient le passeport intérieur ! lisez Soljenitsyne !

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