Des représentants de la ville de Nantes et Nantes Métropole ont comparu le 21 juillet devant le juge rennais chargé d’instruire le dossier de Steve Maia Caniço, jeune Nantais disparu lors de la Nuit de la Musique 2019. Le juge a placé les deux institutions sous statut de témoin assisté.
Cette nouvelle a été accueillie plus discrètement que la mise en examen du commissaire Chassaing la veille. Elle constitue pourtant un tournant important.
Un témoin assisté est une personne (ici deux personnes morales) « contre laquelle il existe des indices rendant vraisemblable qu’elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission des infractions dont le juge d’instruction est saisi ». Ainsi, selon le juge, l’homicide involontaire ne résulte pas de la seule action de la police vers 4h30 du matin. Sans quoi, il n’aurait eu aucune raison de placer Nantes et Nantes Métropole sous statut de témoin assisté.
La version judiciaire s’écarte de la version militante
On peut se demander si la séquence fixée par le juge ne vise pas à préparer l’opinion publique. Une issue qui en décevra beaucoup paraît inévitable. Le moment de la chute de Steve se situe pendant la durée de l’intervention policière(1). Mais le lieu présumé de la chute est un espace sur lequel les pouvoirs publics – ville et préfecture – n’auraient jamais dû tolérer l’organisation d’une fête.
Dès le début, le drame a été instrumentalisé et a fait l’objet d’une désinformation assidue. Le nouveau tournant du dossier devrait amener certains militants à repartir en campagne. On voit déjà réapparaître des citations biaisées des rapports de l’IGPN et de l’IGA. On lira par exemple que le second « pointe un usage inadapté de la force par les policiers ». Il n’en est rien. Ce rapport détaillé, publiquement disponible, indique au contraire en toutes lettres : « L’intervention des policiers sur le quai Wilson a effectivement été réalisée dans le cadre de la légitime défense ».
Prochaine étape : le rendez-vous avec le juge de Johanna Rolland et du préfet de Loire-Atlantique.
Mise à jour, 23/0/21 : la fresque peinte sur le quai Wilson en souvenir de Steve Maia Caniço vient d’être barrée d’un graffiti demandant : « qui va défendre la police ? ». Pour Ouest-France, cette dégradation a été commise « en réaction à la mise en examen d’un commissaire de police ». Le fait est qu’elle intervient aussi après la mise sous statut de témoin assisté de Nantes et Nantes Métropole. C’est-à-dire alors que la justice vient de montrer que, pour elle, la police n’est pas seule en cause. Ce tournant exaspère les militants désireux d’instrumentaliser le cas de Steve. Alors que, comme le rappelle Ouest-France, ses amis « ne cautionnaient pas les provocations d’une minorité » qui avait déclenché l’intervention policière. Le graffiti pourrait bien être une nouvelle provocation.
(1) Des tirs de grenades lacrymogènes et autres, et non une « charge », comme on le dit souvent.
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4 réponses à “Affaire Steve : la ville de Nantes sous statut de témoin assisté”
C’est Steve Floyd ou quoi?
Dans le port de Nantes St-Nazaire, le port de la brassière de sauvetage est obligatoire lors de toute activité proche du bord de quai (surveillance, travaux…) Ces activités sont exercées par des personnes formées et connaissant les risques et dangers de chute à l’eau.Dans les zones portuaires en activité ,l’accès du public est strictement interdit pour des raisons évidentes.Autoriser une foule, (avec les risques de bousculade que cela implique…) souvent « sous influence » ,faire la fête dans un lieu comme le quai Wilson,est totalement irresponsable,et le commissaire Chastaing sert là de « bouc émissaire » .A noter que de nombreuses chutes à l’eau (de nuit…) ont eu lieu au quai des Antilles, près de l’ex Hangar à bananes depuis l’accès au public de cette zone.
Il devait en effet y avoir des gens « sous influence » ! Car il n’y a pas eu de charge de police mais des lacrymogènes et des flash-balls. Ceux qui ont foncé vers la Loire tout en sachant qu’ils se trouvaient sur un quai non protégé n’étaient sûrement pas très clairs (et quand bien même le quai aurait été bordé d’un garde-corps, on voit mal ce qu’ils espéraient en partant dans cette direction). Le nombre de chutes est heureusement minime par rapport au nombre de personnes présentes, preuve que la plupart étaient quand même conscientes de la situation.
A ce stade de la procédure, la principale différence pratique entre le statut de mis en examen et celui de témoin assisté est la possibilité de placement sous contrôle judiciaire. Il n’est pas question de mettre une personne morale en détention provisoire ou de lui coller un bracelet électronique ! Il ne semble pas que le commissaire mis en examen soit soumis à une telle mesure, d’ailleurs : Chassaing vs. ville de Nantes = 1 partout.