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Hidalgo et Louvrier, les rois du baratin

« Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent », avait coutume de dire le Corse Charles Pasqua, un poids lourd des années glorieuses du RPR. Anne Hidalgo et Franck Louvrier appliquent ce principe.

« Je ne serai pas candidate à la présidentielle », affirmait Anne Hidalgo (Le Figaro, 23 juin 2020) ? C’était juste avant le second tour des élections municipales… Elle signera et persistera plus tard : « Non, il ne faut pas croire la presse. » Puis « Je suis maire de Paris. C’est ça qui me motive ». Enfin, « Je n’ai pas construit ma vie en me disant que si je n’étais pas candidate à la présidentielle, je l’aurais ratée. » (L’Obs, 3 décembre 2020). Mais le discours évolue l’année suivante : « Aujourd’hui, je ne suis pas candidate. Et si les sondages racontent la même chose depuis des mois, c’est qu’il n’y a pas d’offre politique différente. » Mais la porte demeure ouverte : « A L’automne, ce sera le moment de prendre une décision. » (Journal du dimanche, 2 mai 2021).

Anne Hidalgo, pas candidate officiellement…

Donc Mme Hidalgo n’est pas candidate – officiellement – à la présidentielle de 2022… mais elle fait campagne, parcourant la province afin de se faire connaître et de trouver des alliés. Elle doit également tenter de gommer son image de maire de la capitale – donc de personnalité essentiellement urbaine -, ce qui implique d’aller à la rencontre des Français qui ne sont pas des électeurs parisiens.

En ce moment, les sondages portant sur les intentions de vote pour la présidentielle ne sont pas favorables à Anne Hidalgo : 6% pour Ifop (Le Figaro, lundi 5 juillet 2021), 7% pour Harris interactive (Challenges, 8 juillet 2021). Deux mois plus tôt, l’institut IPSOS se montrait plus généreux : 8 ou 9% (Le Monde, dimanche 25 – lundi 26 avril 2021). D’où l’opération : « Présidentielle 2022 : pour nous c’est Anne Hidalgo » (Ouest-France, jeudi 1er juillet 2021). Deux cents élus signent cette tribune destinée à donner des vitamines au projet de la maire de Paris : «  Pour nous Anne Hidalgo représentera dignement la France et possède toutes les qualités pour être la prochaine présidente de la République Française ». Bien entendu, parmi ces signataires, on trouve des maires de villes bretonnes : Isabelle Assih (Quimper), Nathalie Appéré (Rennes), Fanny Chappé (Paimpol), Johanna Rolland (Nantes)…

Des dépenses sous surveillance

On l’a compris, Anne Hidalgo n’est pas « candidate »… Une question s’impose donc : qui finance ses déplacements dans les régions ? La Ville de Paris, le PS, une « caisse noire » alimentée par des « sponsors » (Les financiers habituels de la gauche) ? ce qui est certain, c’est que, pour la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP),la campagne est ouverte depuis le 1er juillet. Même pour les candidats à la candidature. « Les compteurs sont ouverts », explique Jean-Philippe Vachia, le président de la CCFP (Le Figaro, jeudi 1er juillet 2021). Les dépenses actuelles de la « pas encore candidate » devront donc figurer sur le compte de campagne qu’elle déposera auprès de la Commission si elle est candidate. Avant ce 1er juillet, Mmme Hidalgo a pu trouver les deux cents signatures de la fameuse tribune grâce à l’action « militante » de ses collaborateurs ; ce sont en effet les membres de son cabinet qui ont monté l’opération depuis l’hôtel de ville (Le Canard enchaîné, 7 juillet 2021). Que pensent les contribuables parisiens de ce détournement de l’argent public ?

Le cas de Franck Louvrier

En Bretagne, nous avons également un cas intéressant avec Franck Louvrier (LR). Après la défaite de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2012, il avait perdu son job de conseiller en communication au palais de l’Élysée ; il se recycle alors dans le privé (président de l’agence Publicis Events, une filiale du groupe de communication français spécialisée dans l’événementiel). Interrogé sur son avenir politique, il répond avec force : « Oui, c’est terminé. Je vis une autre aventure professionnelle formidable et cet engagement est total. Évidemment, l’expérience que j’ai eue est très utile, mais c’est du passé. » À ses yeux, « travailler pour le troisième groupe de communication au monde, qui est français, est une expérience extraordinaire. » (Le Figaro Économie, 12 – 13 janvier 2013).

Des bonnes paroles qui n’engagent que ceux qui les écoutent puisque Franck Louvrier replonge rapidement dans le bain politique. En 2014, il est élu conseiller municipal de La Baule. En 2017, il est battu aux élections législatives par une marcheuse inconnue (Sandrine Josso). En 2018, il devient président de la fédération de Loire-Atlantique des Républicains. En 2020, les Baulois le choisissent comme maire. En 2021, il est réélu conseiller régional des Pays de la Loire, ce qui lui permet de conserver sa vice-présidence (tourisme). Là se pose la question du cumul des mandats car il n’y a que 24 heures dans une journée. Maire de La Baule, c’est un job à temps complet. Vice-président de la Région en est un autre. Mais ça permet d’additionner deux indemnités. Désormais, Louvrier peut vivre de la politique.

« Super menteur »

À La Baule, une vie bourgeoise a donc remplacé une vie parisienne trépidante aux côtés de Nicolas Sarkozy. Et puis les journalistes locaux sont plus indulgents – et plus prudents – que leurs confrères parisiens. Aucun n’oserait écrire : « Super menteur », comment le surnomment les journalistes. Ils ont appris à lire « le Louvrier », à décrypter sa langue de bois, ses pirouettes, ses petits mensonges qu’il peine à masquer sur son visage. Un reste, sans doute, de sa bone éducation nantaise » (Le Nouvel observateur, 1er mars 2012).

Une suggestion à Anne Hidalgo : pour sa campagne présidentielle, elle aura besoin d’un bon communicant qui connaît toutes les ficelles du métier. Franck Louvrier est disponible. L’hôtel de ville de La Baule c’est bien mais l’Élysée c’est mieux.

Bernard Morvan

Crédit Photo : A.Schneider83/Wikimedia (cc)
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Une réponse à “Hidalgo et Louvrier, les rois du baratin”

  1. patphil dit :

    les parisiens l’ayant réélue (avec la complicité des abstentionnistes) elle suppose que ce sera de m^me à la présidentielle

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