Les Jeunes Européens s’étaient installés à Nantes près des Machines de l’île ce week-end. Ils tentaient d’attirer le chaland avec des amusements élémentaires (reconnaître les pays de l’Union européenne sur une carte, etc.). Ils n’ont rencontré qu’un succès modeste. Le Grand éléphant et la caravane du Kenleur Tour installée à proximité leur ont fait de l’ombre.
Le lieu n’était pas choisi au hasard. Le groupe nantais des Jeunes Européens (il en existe un aussi à Rennes) dispose d’une base arrière à proximité. Nantes Métropole a ouvert en 2019, moyennant 5 millions d’euros d’investissement, un espace luxueux de 1 000 mètres carrés, Europa Nantes. Elle y accueille, au 90-92 Boulevard de la Prairie au Duc, plusieurs associations.
Elles ont en majorité une vocation culturelle (allemande, italienne, roumaine…) – d’ailleurs pas forcément cantonnée à l’Union européenne : on trouve parmi eux Russie étonnante. Pourtant, l’orientation politique du lieu est claire. Le projet d’Europa Nantes déborde de bonnes intentions et ratisse large. Mais il commence ainsi : « Dans un contexte européen marqué notamment par la montée des populismes, la société civile et les acteurs des territoires sont amenés à jouer un rôle majeur dans l’avenir du projet européen en agissant au plus près des citoyens pour leur faire vivre l’Europe. » L’intention militante est affichée.
Argent et politique
Elle n’est peut-être pas dénuée d’arrières-pensées. Car si les collectivités locales mènent un lobbying actif à Bruxelles, elles mènent aussi un lobbying pro-européen actif chez elles. Histoire de se montrer bons élèves aux yeux des eurocrates. Ainsi, les perspectives d’un groupe pro-européen mais anti-U.E. (disons, « populiste ») seraient probablement limitées du côté d’Europa Nantes…
La plupart des organisations de cette nébuleuse bénéficient de subventions publiques. C’est le cas bien sûr de l’association Maison de l’Europe, gestionnaire d’Europa Nantes. Les associations doivent publier leurs comptes annuels au Journal Officiel dès qu’elles reçoivent plus de 153.000 euros de subventions par an. La Maison de l’Europe s’en dispense depuis des années. Il semble que cela ne dissuade pas les collectivités de lui verser leur écot (malgré les risques des subventions mal maîtrisées, illustrés récemment à Nantes par les détournements de La Folle Journée et du Centre Simone de Beauvoir). En 2017, elle avait perçu 200.000 euros.
Peut-on penser que Johanna Rolland et Nantes Métropole investissent autant d’argent sans arrière-pensées ? Ce n’est pas une personnalité culturelle qui a été désignée voici quelques mois à la tête d’Europa Nantes, mais une militante politique : Karine Daniel. Cette éphémère députée socialiste qui a perdu en 2017 l’ancienne circonscription « imperdable » de Jean-Marc Ayrault reste aussi déléguée générale du Fonds de dotation de l’Arbre aux Hérons créé par Nantes Métropole, un poste auquel elle ne fait pas d’étincelles. Une double fonction qui n’est rassurante ni pour ce Fonds, ni pour Europa Nantes.
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