LETTRE OUVERTE A LA CONFERENCE INTERCANTONALE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE DE LA SUISSE ROMANDE
Jamais l’ancien professeur que je suis n’aurait cru qu’il dût un jour tancer ceux qui furent administrativement ses supérieurs ! Et qu’il dût s’y résoudre parce qu’ils se rendraient coupables de forfaiture ! Car tel se nomme le crime par eux commis : la violation du serment de foi prêté en prélude à l’exercice de leurs fonctions officielles.
Ainsi, à l’heure où les patries européennes sont attaquées de toute part, où les autorités politiques ont peu à peu abandonné des pans entiers de souveraineté, laissant des juges étrangers (CEDH), un organisme supranational (Union européenne) et des forces subversives des mondes économique (grandes banques internationales d’affaires, entreprises multi- et transnationales), sociétal, social décider du sort de nos nations et de nos peuples, ceux qui ont pour tâche de préserver l’intégrité intellectuelle et culturelle de notre civilisation, les ministres de l’éducation des cantons romands, entreprennent à leur tour de frapper au cœur l’héritage des citoyens dont les pères, les ancêtres ont bâti la patrie. Patrie dont la terre contient, à jamais sacrés, le sang, les os, les cendres.
Aveu terrible de trahison déjà face à l’Autre que la suppression de la préférence nationale ; l’indulgence systématique de ce qu’on nomme encore par dérision la justice envers la canaille, le criminel, surtout lorsqu’il vient d’ailleurs, tandis que l’honnête citoyen est lourdement condamné, quel que soit le cas, et interdit de cette légitime défense qui permet de protéger les siens, son bien, sa vie ; l’encouragement programmé d’un afflux sournois mais régulier d’individus et de groupes étrangers à nos mœurs, nos coutumes, nos cultures, nos patries et qui souvent les haïssent. Ainsi se constitue un contre-peuple dont des forces occultes attendent qu’il prenne un jour notre place, engageant un métissage qui est la forme la plus sournoise du racisme puisqu’il ne saurait aboutir qu’à la suppression des ethnies qui constituent la richesse de l’humanité, c’est-à-dire sa diversité.
Il ne manquait à ce terrible tableau que l’acte qui frappât au cœur même du citoyen amoureux de sa patrie et fier de son héritage : l’outrage fait à sa langue.
Par démagogie, mais peut-être également par quelque motivation inavouée, vous avez, après l’acceptation de la lèpre inclusive, née dans des cerveaux malades, pris la responsabilité de rompre le pacte tacite qui est au centre de toute civilisation : celui qui enjoint de présenter à l’étranger qui la plupart du temps feint de vouloir adopter les codes nationaux, un ensemble linguistique indivisible qu’il se doit de respecter, d’assimiler, de servir, quelles que soient les difficultés qu’il rencontre. En l’occurrence, c’est du français qu’il est question. Notre français. Avec sa richesse, ses particularités, les exigences de sa grammaire et de son vocabulaire. Vous qui êtes responsables au plus haut point de sa transmission intégrale, vous jetez à la poubelle ce qui doit être à tout prix préservé : la loi infrangible selon laquelle il appartient à l’Autre de monter jusqu’à notre langue, et non à notre langue de descendre au niveau de l’Autre.
Or, en choisissant de sacrifier notre langue, de la faire déchoir du degré d’excellence qui est le sien et de la rabaisser, de violer son intégrité, de déchirer le tissu somptueux qu’elle a reçu des siècles, tissu confectionné notamment par les génies de nos littératures francophones, vous prenez la responsabilité abjecte, immonde, odieuse d’engendrer, d’ici dix ou quinze ans, des cohortes puis des générations d’illettrés, d’analphabètes, aliénés à leur propre culture, à leur propre histoire, à leur âme même et à celle de leurs ancêtres. Des générations incapables à jamais de déchiffrer non seulement Rabelais, Ronsard, Montaigne – c’est pratiquement déjà le cas aujourd’hui – mais Molière, Chateaubriand, Hugo, Lamartine, Proust, Montherlant, voire une simple lettre officielle ou un misérable prospectus.
Mais peut-être est-ce là votre but : participer à ce Mondialisme qui a pour objectif de réduire les masses citoyennes à l’état de troupeau, de bétail, dont la pitance intellectuelle, se réduisant à quelques phrases communicationnelles simplistes, suffira à ce qu’il fonctionne, c’est-à-dire travaille, survive, obéisse et la plupart du temps se taise.
J’aimerais pouvoir affirmer que nos descendants vous jugeront. Je crains toutefois qu’ils ne soient devenus simple cheptel décervelé, ânonnant des mots sans suite et de toute manière tronqués. Incapables de comprendre le monde dans lequel, tels des ruminants en stabulation semi-libre, ils s’agiteront, ils auront oublié qu’il fut un temps où des notables, ayant forfait à leur devoir, s’étaient attachés à leur préparer le monde de cauchemar dans lequel ils seront désormais condamnés à gémir.
Michel Bugnon-Mordant, professeur honoraire (Suisse)
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Une réponse à “Assassiner la langue française en la rectifiant, par Michel Bugnon-Mordant [L’Agora]”
Même la Suisse ! Sauve qui peut !