Tout le monde n’est pas en vacances… Je quitte à l’instant le général d’Armée Lecointre : pour sa dernière interview sur LCI. Avec l’ineffable Partouche, et des gars et des filles de la rédaction, plus un « Figaro ». Je suis resté fasciné par ce grand chef qui nous donne à aimer les militaires. Rien à voir avec les râleurs de l’autre jour qui mettaient en avant leur grade pour, c’est apparu ainsi pour certains, un fantasme de coup d’État comme le « petit caporal de Bohême » les aimait dans les années 20 de l’ôt’ siècle.
L’autre siècle… Le 9 janvier 1989, Philippe Muray écrivait ceci : « La peur de l’intelligence comme passion humaine la plus répandue, la plus exacerbée. Sinon, comment expliquer le succès de romans imbéciles, écrits par des imbéciles, et qui ne font plaisir à personne ? Ils sont lus contre d’autres livres où règne quelque chose que chacun sait irréfutable et souverain, mais dont chacun a intérêt à retarder autant que possible le triomphe humiliant. Restons entre nous. Il n’existe pas, dans l’histoire de la littérature, de grand écrivain bête (une exception : Hugo) ».
Descendant aléatoire (soupçon de fumisterie, tant c’est festueux – je dis bien festueux) de « Marie-Charles-Ignace de Pillot de Chenecey de Coligny-Châtillon, chevalier, marquis et comte de Coligny-Châtillon, comte du Saint-Empire romain, baron de Beaupon, de Royssiat et de Chevignast, premier baron de Bugey, seigneur et châtelain haut-justicier de Coligny, de Rhinfeld, Goux, Seloncour, etc., le tout du chef de sa mère… Officier au régiment de Lanan-Dragons (autrement dit le 20e dragons dont j’étais… hi hi hi) né au château de Marnoz le 24 janvier 1761, condamné comme émigré, exécuté en 1799, ne laissant qu’un fils unique de l’union qu’il avait contractée, le 11 décembre 1780, au château de Sassenay, avec Demoiselle Anne-Camille Bernard de Sassenay, fille de François Bernard de Sassenay, chevalier, vicomte de Chalon-sur-Saône et de Sassenay, baron du Tartre, conseiller du Roi en ses Conseils, président à mortier au Parlement de Bourgogne, et de Dame Henriette Feydeau de Brou… » Et pour satisfaireles intrus, un blason : « D’azur à trois fers de lance d’argent, posée 2 et 1, la pointe en bas… avec une couronne de marquis, sommée d’un sagittaire de carnation ayant un tortil aux couleurs de l’écu et brandissant une lance d’argent… »
Tsss… C’était écrit au temps où Paris allait « célébrer » la Révolution… alias « le bi-centenaire ». Muray qualifiait la Révolution « d’épisode le plus kitsch de l’Histoire de France »… Il avait trouvé une tirade qui allait à l’affaire comme une confidence de grand-mère à George Sand, une grand-mère qui « avait épousé, à trente ans, un type qui en avait soixante deux »… « Est-ce qu’on était jamais vieux en ce temps-là ? C’est la Révolution qui a amené la vieillesse dans le monde. Votre grand-père, ma fille, a été beau, élégant, soigné, parfumé, enjoué, aimable, affectueux et d’une humeur égale jusqu’à l’heure de sa mort. On savait vivre et mourir alors ; on n’avait pas d’infirmités importunes. Si on avait la goutte, on marchait encore et sans faire la grimace ; on se cachait de souffrir par bonne éducation. On n’avait pas de ces préoccupations d’affaires qui gâtent l’intérieur et rendent l’esprit épais (…) Le dernier adieu de mon vieux mari fut de m’engager à lui survivre longtemps et à me faire une vie heureuse… »
Je ne fais que commencer l’énorme ouvrage que proposent les Belles Lettres, éditeur. Je vais y passer tout l’été, forcément… « Ultima Necat », que ça s’appelle. 652 pages et ça vaut 35 €uros. De l’or !
MORASSE
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