Pays basque. Brevet en basque : des enseignants menacent de ne pas corriger les copies

Au Pays basque, le bras de fer entre l’Éducation nationale française et le monde de l’enseignement en langue basque se poursuit. Cette fois, des enseignants des collèges du réseau Seaska (enseignement immersif associatif) se mobilisent afin que les copies des examens du brevet puissent être corrigées en basque par des correcteurs bilingues.

L’État interdit les épreuves de sciences en basque

Composer les épreuves de sciences du brevet et du bac en basque lorsque l’on est un élève suivant un cursus en enseignement immersif en langue basque pourrait sembler être une évidence. Sauf pour l’État français qui s’y est, cette année encore, opposé.

Une rigidité obtuse que la Bretagne connaît également : des lycéens de Diwan avaient choisi de tenir tête au ministère de l’Éducation nationale en 2018 et 2019 en rédigeant en breton leur épreuve de mathématiques au baccalauréat.

Au Pays basque, c’est désormais un sentiment d’humiliation et de colère qui prédomine chez les enseignants des collèges de Seaska. Ceux-ci ont d’ailleurs rédigé une lettre le 15 juin dernier destinée à Jean-Michel Blanquer. Des professeurs qui, par l’intermédiaire du courrier, ont annoncé au ministre de l’Éducation nationale leur intention de ne pas participer aux corrections des examens du Diplôme national du brevet (DNB) devant avoir lieu les 28 et 28 juin prochains si les copies ne sont pas « corrigées en basque par des correcteurs bilingues prévus à cet effet et disposés à le faire ».

Afin de trouver davantage d’écho, ces enseignants des collèges de Seaska ont associé à leur signature de cette lettre celle du collectif Azterketak Euskaraz (« les examens en langue basque »), une entité destinée à défendre le droit de passer les examens en basque.

Un « mépris » qui mène « sur le chemin de la désobéissance »

Si les enseignants en langue basque sont exaspérés par la situation, ils n’entendent pas pour autant baisser les bras, comme en témoigne un autre passage du courrier adressé à Jean-Michel Blanquer : « Nous déclarons aujourd’hui que devant un tel mépris envers notre enseignement et notre langue, et devant une telle injustice subie par nos élèves, notre conscience nous amène sur le chemin de la désobéissance ».

Pour expliquer la démarche engagée, une conférence de presse s’est tenue le 15 juin à Cambo, au siège de Seaska. La colère est d’autant plus vive que, depuis 1995, la rédaction et la correction des épreuves du DNB pouvait se faire en basque après une lutte de longue date. Mais, avec l’instauration de la réforme du collège en 2016 et les introductions des sciences lors de l’épreuve, les choses se sont compliquées. Le ministère de l’Éducation nationale a alors imposé que ces examens soient rédigés et corrigés en français. Allant même, en 2018, jusqu’à saisir les copies dans le but de les faire évaluer par des correcteurs non bascophones. En conséquence de quoi, les enseignants en langue basque ont dénoncé « des notes injustes » attribuées à leurs élèves « puisque seuls les chiffres et les schémas ont été pris en compte ». Dans ces conditions…

L’équipe pédagogique de Seaska se dit par ailleurs « en colère » et « humiliée » : « Devoir passer le brevet en français est un retour en arrière de 20 ans, et la décision du Conseil constitutionnel un retour en arrière de 50 ans. Le refus de corriger les copies de nos élèves parce que rédigées en euskara est une discrimination, une violation des droits linguistiques ».

Enfin, le collectif Azterketak Euskaraz a lancé un appel à la mobilisation le 1er juillet prochain dans la commune de Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques) pour que toutes les épreuves puissent avoir lieu en basque.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Pays basque. Brevet en basque : des enseignants menacent de ne pas corriger les copies”

  1. Jean-Yves dit :

    Je ne suis pas d’accord; le baccalauréat est un diplôme national, reconnu sur l’ensemble du pays; il doit donc être rédigée dans la langue nationale, en français. Sinon, cela devient un diplôme régional.

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