Voilà un thriller policier jubilatoire. Il s’agit du second livre de Raphaël Passerin après « Prince de Galles ». Au retour de vacances, un voisin sent une odeur pestilentielle provenant de l’appartement du dessus. Les pompiers enfoncent la porte et trouvent 4 cadavres dont un seul est intact, les autres ayant été ouverts comme des bêtes. Parmi eux se trouve le propriétaire de l’appartement Audric Hebert un professeur de lycée, le seul que la police a identifié.
Le roman revient sur ce qui s’est passé les jours qui précèdent. 4 Amis de longue date avaient prévu de se revoir dans l’appartement d’Audric : Victor Venin un écrivain venu avec une conquête récente Léa journaliste au Monde, Carl Van Noorden qui a passé les 7 dernières années au Canada et est de retour pour deux jours afin de participer à un colloque portant sur sa thèse, Tony Casal un syndicaliste de l’éducation nationale. Celui-ci aurait dû être accompagné par sa femme Julie, mais celle-ci vient de le quitter une nouvelle fois.
Tony a beaucoup bu pour oublier ses déboires sentimentaux et il continue à le faire, arrivé chez son ami. Audric prévient que Carl passera plus tard et les autres sont dépités, surtout Tony qui, il y a 7 ans, a prêté des fonds à Van Noorden. À discuter avec ses invités, Audric oublie sur le feu le lapin qu’il avait l’intention de servir, de ce fait, il n’y a rien à manger. Pas grave, on commandera des sushis.
Léa en allant aux toilettes se trompe de porte et découvre le cadavre de Carl dans une des chambres. En réalité, il était arrivé à l’avance et avait prévu de préparer son intervention du lendemain avant de surprendre ses amis. Au vu du corps, Audric s’affole, il a peur qu’on l’accuse de meurtre puisqu’il est resté seul avec la victime. Armé d’un revolver et d’un sabre, il prend ses convives en otages et veut éclaircir les circonstances du drame avant d’appeler la police. Arrive sur ses entrefaites Sadegh Hossein Yavari, jeune iranien lecteur de romans policiers, étudiant en droit qui a raté deux fois l’examen du barreau et accessoirement livreur de sushis. Après avoir nié avoir passé commande, Audric engage contre 1000 € Sadegh pour résoudre le crime. Celui-ci accepte cette proposition originale et se prend au jeu. Il interroge les protagonistes et cherche d’éventuels mobiles. Tony en a un, car outre l’argent prêté, sa femme Julie était la maîtresse de Carl. Victor Venin lui est un écrivain pervers, dont les livres parlent de ses expériences et de son vécu. A-t-il tué pour obtenir la matière d’un nouveau roman ? Léa s’enferme aux toilettes avec le second roman de Venin sur une prostituée du bois de Vincennes. Elle finit par déchirer l’exemplaire qu’elle a entre les mains tellement il est malsain. Au fil de l’enquête de Sadegh, apparaît une affaire qui s’est déroulée 7 ans auparavant. Ayant choisi de composer une thèse sur un obscur livre de Flaubert « le voyage en Égypte », Carl a préféré acheter le travail d’un devancier égyptien qui avait écrit sur le même thème 40 ans avant lui. Pour ce faire, il a détourné des fonds avec la complicité d’Audric. Percé à jour, Carl a dû rembourser (en empruntant à Tony) et s’est exilé au Canada où il s’est refait une virginité au point d’être invité à parler de sa thèse. Complice du détournement Audric a été, lui aussi, chassé de l’université et a dû se rabattre sur l’enseignement secondaire.
Sadegh va élargir son enquête et continuer ses investigations dans tout Paris pour résoudre cette énigme surtout qu’en revenant à l’appartement, il trouve les 3 amis morts. L’énigme est donc totale, mais on peut faire confiance à l’opiniâtreté de Sadegh pour découvrir la vérité.
Le style de Raphaël Passerin est agréable, le roman est bien écrit, on sent un véritable écrivain et on ne peut que vous recommander cette lecture, vous passerez un excellent moment.
Christian de Moliner
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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