Seule la victoire est jolie, semble penser Loïg Chesnais-Girard. Alors que le premier tour des élections régionales aura lieu dans un mois, il se refuse à préciser ses intentions pour le second tour. S’il est contraint de fusionner sa liste avec une autre, avec qui compte-t-il s’allier ? Avec les écolos ou bien avec les marcheurs… Pas de réponse pour l’instant.
On avait cru comprendre que la liste Chesnais-Girard (PS) et la liste écolo – UDB fusionneraient au second tour des élections régionales. La chose correspondait à l’air du temps car cette recette s’était imposée avec succès aux élections municipales à Nantes et à Rennes. À plusieurs reprises, Claire Demares – Poirrier (EELV), qui conduit la liste écolo, l’avait annoncé : « Au second [tour], selon les choix des électeurs, nous pourrons discuter d’un socle commun de gestion » (magazine Bretons, février 2021). Pour elle, une alliance avec Loïg Chesnais-Girard était envisageable : « Pour le second tour, évidemment, puisqu’on envisage de gérer la région » ( Ouest-France, Bretagne, mardi 1er décembre 2020). Un accord de second tour allait de soi : « Oui. Mais j’espère que l’écologie arrivera en tête au premier » (Le Télégramme, Bretagne, samedi 23 janvier 2021).
Que pense Loïg Chesnais-Girard de tout cela ? Certains lui reprochent de « ménager la chèvre et le chou et de ne pas affirmer une ligne politique claire ». Et de faire du hollandisme « avec des partenaires qui entendent ce qu’ils ont envie d’entendre » (Le Télégramme, Bretagne, mardi 15 décembre 2020). Quand on l’interroge à propos d’une alliance avec Europe écologie les Verts, il coupe court : « Ce n’est pas du tout le sujet. J’ai constitué une équipe faite de femmes er d’hommes que j’ai rencontrés au cours des quatre dernières années. Ceux qui ont eu envie de me rejoindre l’ont déjà fait. Je n’ai aucune envie de laisser une partie de la troupe après le premier tour. » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 5 mai 2021). Quelques jours plus tard, interrogé sur la question des alliances, il répond : « Il y aura une décision à prendre, en fonction des choix qu’auront fait les Bretons, pas les états-majors de Paris. Plein de solutions peuvent exister » (Libération, lundi 10 mai 2021).
Les résultats et les sondages décideront
La perplexité est donc de mise quant aux intentions de LCG pour le second tour. Tout est possible… Ce sont les résultats et les sondages qui décideront. Une enquête portant sur les intentions de vote montrent qu’une liste d’union de la gauche (PS, PCF, EELV) l’emporterait au second tour avec 33% des suffrages exprimés, devançant la liste gouvernementale (25%), la liste de droite (24%) et celle du Rassemblement national (18%) – LCG bénéficierait alors d’un fort report des voix des insoumis et des écologistes de Daniel Cueff. Même si, au premier tour, les résultats ne sont pas formidables pour la liste de Chesnais-Girard (14%) et celle des écolos UDB (11%). On peut donc considérer que toutes les combinaisons sont possibles, puisque, au premier tour, la liste gouvernementale (LREM, MoDem, UDI) se place en tête avec 18%, suivie par la liste de droite (LR) avec 17% (Odoxa, Le Télégramme, samedi 8 mai 2021).
Bien entendu, il ne faut pas perdre de vue Jean-Yves Le Drian qui surveille le match depuis les coulisses. Sa position est connue : « J’ai deux héritiers que j’ai essayé de réconcilier. Ça n’a pas marché. Un peu de la faute des deux (…) J’espère qu’au second tour, ils se rassembleront. » (Le grand jury, RTL, dimanche 23 mai 2021). En attendant, « les Bretonnes et Bretons sont majeurs et savent ce qu’ils vont faire. Moi aussi. Mais si j’en éprouve le besoin à un moment, je le dirai » (Ouest-France, Bretagne, lundi 10 mai 2021).
Conserver les mains libres
Donc Chesnais-Girard veut conserver les mains libres en abattant pas ses cartes avant le 20 juin : « Plein de solutions peuvent exister ». C’est le rapport de force qui se dessinera au soir du premier tour qui décidera de la marche à suivre : LCG peut n’avoir besoin de personne et continuer en solo s’il domine largement la course, mais l’alliance avec les écolos s’imposera si cers derniers réalisent un gros score. Au contraire, s’associer avec ces derniers s’avérerait « contre productif » si ils obtenaient un résultat médiocre. Ne pas oublier qu’en ce moment, les écolos ne bénéficient pas d’un vent favorable ; les sondages portant sur les intentions de vote pour la prochaine présidentielle le montre : l’Ifop (Le Figaro, mardi 25 mai 2021) et Harris Interactive (Challenges, 20 mai 2021) créditent tous les deux Yannick Jadot de 6%. Dans cette hypothèse, se réconcilier avec Thierry Burlot (LREM, MoDem, UDI) deviendrait la solution. On peut compter sur Jean-Yves Le Drian pour arranger le « mariage ».
Bernard Morvan
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Une réponse à “Régionales. Loïg Chesnais-Girard est confronté à la quadrature du cercle”
sur qu’il va s’allier avec les macronistes qu’il ne cesse de nous dépeindre pourtant comme les fossoyeurs de la république !