Face à la crise économique dévastatrice qui frappe l’Afrique, les dirigeants européens proposent un plan international, une nouvelle fois d’assistanat, pour aider le continent par des investissements qui permettront aux économies africaines de se redresser. La France mène le projet d’un « New Deal africain » avec le soutien de l’UE et des nations africaines intéressées par les investissements européens.
Ce plan pourrait par ailleurs avoir un effet secondaire important, en endettant les nations qui recevront les financements et en aggravant encore la crise. Paris, qui, pour diverses raisons, a des intérêts évidents en Afrique, a pris l’initiative d’accueillir les nations africaines dans un plan de relance économique appelé « A New Deal for Africa ». Ce projet, auquel participent des dizaines de chefs d’État africains et européens, des fonctionnaires de l’UE, des institutions bancaires, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, consiste à créer un programme d’aide massif dans le but de stimuler un nouveau cycle de développement soutenu par des investissements privés. Les dirigeants européens espèrent ainsi résoudre – en faisant notamment les poches des contribuables européens – le problème du manque de liquidités économiques des États africains, qui ont été fortement touchés par la crise mondiale générée par la pandémie.
En effet, la situation économique africaine requiert l’attention de la communauté internationale. La dette publique africaine a atteint 58% du PIB africain en 2020, soit une augmentation de 6% par rapport à l’année précédente et le taux le plus élevé de ces 20 dernières années. En 2020, 17 pays étaient dans une situation de surendettement élevé. La plupart des pays africains ont déjà eu recours aux droits de tirage spéciaux du FMI, qui sont un actif de réserve international créé par le FMI pour compléter les réserves officielles de ses États membres dans des cas extraordinaires de crises graves. Cette ressource du FMI n’a été utilisée que quatre fois dans l’histoire – la dernière lors de la crise mondiale de 2008.
Or, avec la pandémie, 183 pays vont bénéficier de cette aide, dont des nations africaines, pour lesquelles 34 milliards de dollars seront alloués. Or, on estime, selon les calculs des spécialistes du FMI, qu’il faudrait environ 285 milliards de dollars pour que l’économie africaine retrouve le fonctionnement qu’elle avait avant la pandémie, ce qui a motivé la recherche d’une aide internationale plus importante.
Enfin, le 31 mai, après plusieurs débats sur la question africaine, le document « Un nouveau pacte pour l’Afrique » a été officiellement lancé, signé par Charles Michel, président du Conseil européen, Emmanuel Macron, président de la France et plus de 30 dirigeants européens et africains. Le document définit quatre objectifs centraux pour un plan de relance européen pour l’Afrique : » l’accès universel aux vaccins COVID-19, y compris via la production en Afrique ; le renforcement des positions et des rôles des institutions panafricaines au sein d’une nouvelle architecture financière internationale ; la relance des investissements publics et privés ; et le soutien au financement à grande échelle du secteur privé africain « .
Pas un mot sur la démographie africaine, sans doute l’une des plus grandes menaces écologiques pour la planète au 20ème siècle, ni sur les moyens de la résorber.
Le document prévoit des points stratégiques pour le redressement de l’Afrique, qui vont être les priorités des politiques européennes néo coloniales dans les mois à venir. Trois nations africaines – le Tchad, l’Éthiopie et la Zambie – ont déjà demandé un réaménagement de la dette africaine, sans avoir encore obtenu de réponse définitive. Le document du New Deal aborde les plans visant à éviter l’endettement à l’avenir, mais ne traite pas de l’allègement de la dette actuelle.
L’Afrique a une économie dépendante des exportations, ce qui la rend extrêmement vulnérable aux variations du marché international. 70 % de l’économie africaine provient de l’exportation de matières premières. S’il y a une baisse de la demande internationale de matières premières, l’Afrique sera au bord de l’effondrement économique.
Évidemment, dans un monde globalisé et interdépendant, chaque crise a des effets internationaux, mais de nombreux problèmes seraient évités si les nations africaines étaient capables, par elles mêmes, de mener à bien des programmes de développement industriel, garantissant un certain degré de souveraineté économique. Il est impossible de résoudre la crise actuelle sans créer des mécanismes permettant de prévenir de nouvelles crises.
Un autre point intéressant du document est que la lutte contre le réchauffement climatique et les normes environnementales sont incluses dans le plan pour l’Afrique. Bien que l’agenda vert soit une priorité mondiale, il est curieux de parler de durabilité avec des pays qui n’ont même pas atteint un processus d’industrialisation. Les nations européennes ont été industrialisées il y a des siècles, atteignant un haut degré de développement, et elles réfléchissent maintenant à des alternatives durables. Il n’est pas possible d’appliquer la même logique aux pays qui dépendent encore de l’agriculture notamment. Le document propose également d’exiger des institutions africaines un engagement ferme envers les Objectifs de développement durable 2030, ce qui semble absolument inadéquat au vu du scénario actuel.
A aucun moment enfin, le document ne prévoit de menacer sérieusement les Etats africains qui ne collaboreraient pas à empêcher l’émigration de leurs congénères vers l’Europe.
Au final, les dirigeants de l’UE semblent vouloir soumettre le continent africain à une relation de dépendance qui ne résoudra pas le problème de la sécurité économique en Afrique. Le plan européen semble être surtout un moyen de revitaliser les anciens liens coloniaux et de camoufler la tentative de perpétuer la dépendance africaine avec des normes mondialistes et écologiquement correctes.
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