Julien Rochedy : « Il faut qu’un maximum de gens aient les meilleurs arguments pour contrer le féminisme idéologique » [Interview]

Heureusement qu’il existe encore quelques esprits libres qui n’ont pas peur de tenter de briser certains élans idéologiques particulièrement dangereux de notre siècle. Julien Rochedy fait partie de ces jeunes esprits fertiles. Après un livre de « vulgarisation » sur Nietzsche qui s’est particulièrement bien vendu pour un ouvrage dans ce registre, il publie L’AMOUR ET LA GUERRE, RÉPONDRE AUX FÉMINISTES, (à commander ici)

Pour Julien Rochedy, « Le féminisme idéologique a tout faux. Savoir lui répondre va être essentiel dans les prochaines années », et c’est la raison même de ce livre qui déconstruit tous ses grands postulats idéologiques.

Nous l’avons interviewé. A lire ci-dessous.

Breizh-info.com : Après la vulgarisation de Nietzsche pour le rendre accessible à un plus large public, vous vous attaquez au féminisme. Pour quelles raisons ? 

Julien Rochedy : Car c’est un sujet auquel j’ai été associé en raison de nombreux débats avec des féministes et la création d’un think tank sur la masculinité en 2018, Major. Je voulais résumer toutes mes réflexions à ce propos, d’abord parce que je n’avais jamais eu vraiment l’occasion de le faire, laissant ainsi trop d’espace pour de véritables fantasmes et interprétations malveillantes sur ce que je pense véritablement des relations homme/femme, et ensuite parce que je crois que le féminisme idéologique s’est désormais largement implanté dans les consciences occidentales, à l’université, dans les médias et la politique, et qu’il faut qu’un maximum de gens aient les meilleurs arguments pour le contrer. Ce livre est fait pour les leur donner.

Breizh-info.com : Vous distinguez ce féminisme du féminisme pragmatique. Quel est ce féminisme ?

Julien Rochedy : Je distingue le féminisme dit « pratique » du féminisme idéologique car, par féminisme, on peut entendre tout ce qui permet aux femmes de vivre mieux, en sécurité, libres et disposant de droits égaux. C’est un féminisme qui s’intéresse concrètement aux femmes, et celui-ci, en tant qu’européen, ne me dérange pas. En revanche, le féminisme idéologique est une pure idéologie qui se sert des femmes comme prétexte et matériel pour provoquer une révolution en opposant les sexes, faire table rase (« déconstruire ») de la culture occidentale jugée « patriarcale », et faire rêver de lendemains qui chantent, lesquels seraient ceux des « individus génériques », ni homme ni femme, auto-construits et pacifiques. C’est ce féminisme là que l’on doit affronter aujourd’hui car il est mensonger et pernicieux.

Breizh-info.com : Vous expliquez par ailleurs que le féminisme est une forme de métastase du nihilisme moderne, actuel. Quel traitement doivent adopter les Européens face à cela du coup, à une époque où le moindre propos, la moindre blague, vous vaut procès, persécutions juridiques, médiatiques, et acharnement haineux de la part de chiennes de garde ?

Julien Rochedy : Oui, c’est l’une des thèses du livre. Certains masculinistes pensent que le féminisme est la cause de la grande séparation que l’on peut aujourd’hui constater entre hommes et femmes dans les sociétés occidentales, faisant, par exemple, qu’il est plus difficile de trouver un bon partenaire pour créer une famille fertile et durable. Je crois l’inverse. Je pense que ce sont les conditions de vie actuelles et le nihilisme systémique de notre société qui conduit à la séparation entre les sexes, car leur symptôme premier est le non-désir de se reproduire. Or, toute la dialectique entre le féminin et le masculin, et leur intérêt, sont fondamentalement liés au désir de se reproduire, et ce à tous niveaux : génétique, culturel, religieux etc. Le féminisme idéologique qui entretient la séparation des sexes n’est, en fait, qu’une conséquence parmi d’autres de ce désir nihiliste de non-reproduction qui caractérise aujourd’hui la civilisation occidentale.

Une autre raison de la séparation des sexes, et donc du féminisme idéologique comme du masculinisme stupide de haine des femmes, est l’apparente mise au chômage de la masculinité et de la féminité comme catégories sexuelles classiques. Les conditions de vie postmodernes, de plus en plus coupées du naturel, semblent avoir rendu caduques et un brin ridicules la femme féminine, et l’homme masculin. Ainsi, beaucoup de femmes qui ne peuvent pas se montrer féminine, finissent par penser qu’elles ne le veulent pas. Les dissonances cognitives aidant, elles justifient cet abandon en raisonnant sur le caractère oppressif des catégories sexuelles classiques. Il faut être capable de « redonner un emploi » à la masculinité et à la féminité dans notre société, rendre ces idéals à nouveau possibles, car l’humanité en a, en réalité, toujours besoin. C’est pourquoi j’en appelle à l’émergence d’une « écologie sexuelle » qui pourrait sauver non seulement la nature autour de nous, mais aussi celle qui continue de persister en nous.

Breizh-info.com : Dernière question, qui n’a rien à voir – ou à la marge – avec votre livre. Comment regardez vous l’accélération actuelle de l’histoire, entre tyrannie sanitaire et submersion migratoire qui menace, sous le regard passif, et même résigné, d’une partie de la population ?

Julien Rochedy : J’ai failli, officiellement, cesser de me sentir appartenir au « peuple français » le jour où j’ai vu le sondage indiquant que 67% des Français souhaitaient continuer à porter le masque à l’extérieur. La domestication, la démoralisation, le nihilisme et le vieillissement de notre population provoquent des temps bien pathétiques à vivre. Comme je l’ai dit, ce n’est plus « le peuple français » qui m’intéresse désormais, mais ce que j’appelle la « souche française », la plus essentielle, celle que l’on peut voir encore chez quelques véritables Français, rares, vivants, actifs, en minorité certes, mais qu’il faudrait rassembler afin qu’ils deviennent une force. Que l’on coupe l’arbre entier – et toute les branches ! – s’il faut sauver la souche : voilà tout ce que cela m’inspire.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR
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