Avec un taux de burn-out ayant doublé en un an, la santé des salariés français a de quoi inquiéter tandis que leur retour en présentiel devrait s’accélérer à partir du 9 juin avec l’assouplissement des règles du télétravail. Un télétravail que certains regrettent déjà…
Une explosion des cas de burn-out en France
Qu’il s’agisse du moral ou de la santé mentale des enfants, la pandémie de Covid-19 et les restrictions sanitaires associées depuis plus d’un an désormais auront marqué durablement la population française.
La publication le 26 mai d’un nouveau baromètre, réalisé par OpinionWay et portant sur la santé psychologique des salariés français, rapporte que les cas d’épuisements professionnels, également appelés burn-out, sont en forte hausse tandis que le retour progressif en entreprise se précise.
Lors de la présentation de la septième édition de ce baromètre (réalisé entre le 30 avril le 10 mai 2021) depuis le début de la crise sanitaire, Christophe Nguyen, à la tête du cabinet franco-québécois Empreinte Humaine, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux (burn-out, dépressions, suicides…) a indiqué que « le taux de burn-out a doublé en un an, culminant à 2 millions de personnes en burn-out sévère ».
En conséquence, le nombre moyen de jours d’absence par salarié est de 2,83 avec 15 % des salariés déclarant avoir été absents de leur poste pour des motifs de santé psychologique au cours des 12 derniers mois.
Des craintes multiples parmi les salariés
Au plan physique, cet épuisement professionnel se matérialise par des problèmes de sommeil pour 40 % des salariés quand 37 % évoquent des douleurs et tensions musculosquelettiques, 19% des problèmes digestifs, 26% des maux de tête et 10% des nausées.
Les sources d’angoisse parmi les personnes interrogées sont diverses. Par exemple, on note qu’un quart des salariés affirment avoir peur de perdre leur emploi. Une proportion qui atteint 39 % parmi les individus en chômage partiel.
Autre constat à retenir de cette étude, si le télétravail ne manque pas d’arguments pour séduire, certains profils y sont visiblement mal adaptés puisque 46 % des télétravailleurs sondés déclarent être en détresse psychologique quand leurs collègues en présentiel ne sont « que » 40 %.
Paradoxe toutefois, huit télétravailleurs sur 10 souhaitent malgré tout continuer à effectuer leur activité professionnelle depuis leur domicile durant un à trois jours par semaine. De plus, le baromètre révèle que la moitié des télétravailleurs ne veulent « pas revenir au bureau comme avant ». Parmi leurs principales craintes, l’impossibilité de « pouvoir faire les mêmes amplitudes horaires » et le risque de ne plus être capable de faire face a la charge de travail.
Épuisement professionnel : 44 % des salariés en détresse psychologique
Cependant, tous les salariés ne sont pas égaux face au risque de burn-out si l’on se fie au baromètre. L’épuisement professionnel concernerait en effet « 1,5 fois plus les managers », selon Christophe Nguyen. Lequel redoute qu’avec un assouplissement des règles du télétravail attendu pour le 9 juin prochain, l’on assiste à « une nouvelle explosion des arrêts maladie dans les prochains mois ». Des managers reconnaissant pour 52 % d’entre eux se trouver en détresse psychologique.
Il avance par la suite que cet « épuisement professionnel sévère » se traduit par une forme de « déshumanisation » avec « des gens qui fonctionnent comme des robots pour se protéger de leurs émotions » et qui « s’autocensurent » par crainte d’en parler.
Une situation d’autant plus inquiétante si on la met en perspective avec un autre chiffre rapporté par l’étude : 44 % des salariés français seraient en détresse psychologique (en baisse de 1 point par rapport à l’étude précédente réalisée au mois de mars 2021). Cette détresse atteindrait même un niveau élevé pour 17 % d’entre eux. Une proportion identique à celle de mars dernier.
En parallèle, ils sont six employés sur dix à estimer que leur direction « ne se rend pas compte de l’état psychologique des salariés et n’agit pas en fonction ». Enfin, le baromètre indique que le taux de dépression nécessitant un accompagnement chez les salariés reste à 36 % (dont 21 % risquant une dépression sévère) tandis que 56 % des salariés au chômage partiel présentent un « risque dépressif ».
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