Selon un sondage, près des deux tiers des habitants d’Irlande du Nord (59%) craignent un retour de la violence cet été en raison des tensions autour du protocole en Irlande du Nord. Mais il existe d’importantes différences de perspectives entre les unionistes, les nationalistes et ceux qui ne se considèrent ni l’un ni l’autre.
Le protocole sur l’Irlande du Nord fait partie de l’accord lié au Brexit et a été conçu pour éviter une frontière dure sur l’île d’Irlande. Pour ce faire, il maintient l’Irlande du Nord dans le marché unique de l’UE pour les marchandises, tout en appliquant également les règles douanières de l’UE dans nos ports, même si la région fait toujours partie du territoire douanier britannique. Cette situation a créé une frontière de facto le long de la mer d’Irlande.
Elle a entraîné une augmentation des contrôles pour de nombreuses entreprises et les unionistes craignent qu’elle ne menace la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Au début de l’année, cette situation a déclenché des émeutes dans plusieurs régions, avec des dizaines d’agents de police blessés, et a entraîné le retrait temporaire du personnel des ports suite à des rapports de menaces.
Le sondage montre qu’à l’échelle de l’Irlande du Nord, 59 % des personnes interrogées s’inquiètent de la perspective de violences cet été en raison de la colère liée au protocole.bQuelque 34 % disent ne pas l’être et 7 % ne savent pas, ne sont pas sûrs ou n’ont pas d’opinion. Le sondage en ligne – basé sur un ensemble final de données de 1 501 réponses – a été réalisé du 14 au 17 mai. Il a été pondéré pour refléter la population d’Irlande du Nord.
Sur la base des réponses des unionistes uniquement, 66 % se disent préoccupés par la violence cet été, tandis que 26 % ne le sont pas et que 8 % ne savent pas, ne sont pas sûrs ou sont sans opinion. Ces marges sont beaucoup plus étroites lorsqu’il s’agit des nationalistes/républicains, en revanche. Quelque 48% des personnes interrogées se disent inquiètes de la violence liée au protocole dans les mois à venir, tandis que 44% disent ne pas l’être et 8% ne savent pas ou sont sans opinion.
La suppression ou la modification du protocole est la priorité numéro un du nouveau leader du Parti Unioniste d’Ulster (UUP), Doug Beattie, comme du leader du DUP, Edwin Poots. « Nous savons que des tâches gigantesques nous attendent, notamment le protocole d’Irlande du Nord, et nous chercherons à voir comment nous pouvons y remédier. Toutes ces choses vont alimenter un degré d’instabilité qui affecte l’Irlande du Nord »
La question de la violence alimentée par la politique est revenue sur le devant de la scène la semaine dernière lorsque le Loyalist Communities Council (LCC) – un groupe de coordination qui représente les paramilitaires loyalistes – a été interrogé à distance devant la commission des affaires de l’Irlande du Nord à Westminster.
Le jeune Joel Keys (19 ans), désavoué ensuite par les responsables du LCC, s’est attiré de nombreuses critiques lorsqu’il a déclaré ne pas mettre écarter l’usage de la violence en réponse au protocole.
Le Loyalist Communities Council (LCC) a par ailleurs déclaré un peu plus tard que la présidente de la Commission européenne (CE), Ursula Von Der Leyen, était une « autruche avec la tête dans le sable » après avoir appelé à la mise en œuvre complète du protocole sur l’Irlande du Nord. Lors d’une réunion des dirigeants européens lundi, Mme Von Der Leyen a déclaré qu’il n’y avait pas d’alternative à la « mise en œuvre complète et correcte » du protocole.
Le président de la LCC, David Campbell, a déclaré que ses commentaires montraient « le peu de cas qu’elle fait de la paix et de la stabilité en Irlande du Nord » et a prévenu que la région allait « sombrer dans le chaos cet été »
Les loyalistes ont organisé des manifestations contre le protocole dans tout le pays et on s’attend à ce qu’elles s’intensifient pendant la saison des défilés.
M. Campbell a déclaré que Mme Von Der Leyen devait reconnaître l’opposition au protocole.
« J’en appelle à elle pour qu’elle commence à écouter et reconnaisse que l’imposition du protocole à la population d’Irlande du Nord sans sa participation ou son consentement est insoutenable et contraire à de nombreux principes fondateurs de l’Union européenne/ Je demande également au gouvernement irlandais de faire preuve de courage et d’admettre qu’il a induit la Commission en erreur en ce qui concerne la compatibilité du protocole avec l’accord de Belfast et son impact sur les deux communautés d’Irlande du Nord. Cet aveu permettrait à la Commission et au gouvernement britannique de suspendre collectivement le protocole, et contribuerait grandement à réparer les dommages causés aux relations Nord-Sud. Mais que les choses soient claires : le protocole doit disparaître et il disparaîtra »
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