C’est bon signe, on parle ici et là de la réunification. Pour les candidats aux élections régionales, c’est même devenu un sujet incontournable. Rendez-vous à la manifestation que Bretagne réunie organise le samedi 5 juin à Redon. Peu avant le premier tour (20 juin).
Jean-Yves Le Drian avait raison d’affirmer que s’« il y a une forme d’agitation sur les élections régionales », elle « ne correspond absolument pas à ce que pensent nos concitoyens aujourd’hui : ce n’est vraiment pas leur sujet » (France Inter, « Questions politiques », dimanche 24 janvier 2021). Effectivement les Bretons s’intéressent davantage au vaccin… et aux prochaines vacances ; c’est leur sujet de conversation préféré. De la même manière, l’historien nantais Alain Croix peut souligner à propos de la réunification : « Je ne suis pas sûr du tout que cela passionne ou intéresse une majorité de la population » (Le Télégramme, samedi 15 mai 2021). À coup sûr, l’achèvement de la mise à 2 x 2 voies de la RN 164 (Rennes – Châteaulin), la mort à petit feu de la Bretagne intérieure, l’accaparement des activités et des emplois par les métropoles (Nantes et Rennes) les concernent davantage dans leur vie quotidienne.
Une question à la mode
Pourtant, en ce moment, tous les candidats aux élections régionales évoquent cette question ; la réunification semble à la mode. C’est ainsi que Le Télégramme (samedi 15 mai 2021) consacre deux pages à la question : « Réunification de la Bretagne : le débat sans fin ». Les onze têtes de liste sont donc interrogées. Une seule n’est pas intéressée par le sujet : Valérie Hamon (Lutte ouvrière) qui demeure dans sa logique internationaliste. À la lire « pour les travailleurs, une Bretagne à cinq départements ne changerait rien ». Pour les autres, il est question de « l’autodétermination » (Thierry Burlot), de « référendum » et d’opposition à « l’assemblée unique de Bretagne » (David Cabas), de « référendum d’abord dans le 44, puis dans les Pays de la Loire et en Bretagne » (Pierre-Yves Cadalen), de « réalité historique » (Yves Chauvel), de « consultation citoyenne en Bretagne dès lors que la population de Loire-Atlantique aura été consultée » (Loïg Chesnais-Girard), de « loi rectificative » (Daniel Cueff),
De « référendum légal en Loire-Atlantique » (Isabelle Le Callenec), de « création d’une Assemblée unique de Bretagne recouvrant les cinq départements bretons » (Joannic Martin), de « référendum en Bretagne et dans les Pays de la Loire » (Gilles Pennelle). On le voit, il y en a pour tous les goûts.
Mais les uns et les autres passent à côté de l’essentiel ce qui prouve, de leur part, une certaine méconnaissance du dossier : la loi n°2015-29 du 16 janvier 2015 relative à la délimitation des régions. On ne le répétera jamais assez, seule une loi peut modifier une autre loi. Et on voit mal une simple restructuration de l’Ouest français. La Picardie voudra redevenir la Picardie, l’Auvergne voudra redevenir l’Auvergne, la Lorraine voudra redevenir la Lorraine… Le gouvernement n’échappera pas à un redécoupage général des régions qui sera réclamé par les élus qui s’appuieront suer des enquêtes, des pétitions, des sondages, des manifestations… Perspective qui refroidira le président de la République et son Premier ministre. Donc statu quo.
Quand on évoque l’organisation d’un « référendum », on se trompe. Au mieux, il pourrait y avoir – comme pour Notre-Dame-des-Landes – une simple « consultation pour avis », c’est-à-dire un truc sans valeur juridique dont le seul objectif est d’amuser la galerie.
Bernard Morvan
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Une réponse à “Élections régionales. Ils sont tous pour la réunification…”
tous pour la réunification ! sauf les zotorités ! la partition décrétée par pétain perdurera !