Ce jeudi 20 mai Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, vient à Nantes officialiser un contrat de sécurité – autrement dit l’arrivée d’au moins 33 policiers supplémentaires. Des renforts, certes, mais très en-dessous des enjeux dans une agglomération gangrenée par l’insécurité et le deal de drogue. Petit point de situation, pour servir de Voyage à Nantes au locataire de la place Beauvau.
Signalons au passage qu’il existe au moins un sujet sur lequel les policiers et Johanna Rolland sont d’accord – les renforts sont très insuffisants. Mme le maire réclame 100 policiers de plus, car elle recrute de son côté autant de policiers municipaux et met en place la vidéo-surveillance, Nantes étant la dernière grande ville qui en était dépourvue. Les policiers réclament de leur côté au moins 97 postes supplémentaires, pour faire face à la charge de travail.
Renforts policiers : Nantes bien mal mal servie
Le gouvernement, par la voix des députés locaux LREM, répond que Nantes a déjà eu 65 policiers en trois ans. Mais au grand jeu du saupoudrage préélectoral de policiers, Nantes cède le pas à Lyon (135 policiers), Bordeaux (140), Lille (117), Marseille (100), Toulouse (98) et même Annecy (35). Chartres et Avignon (31 chacun) font jeu égal, malgré une délinquance de centre-ville nettement plus urgente en Avignon qu’en Beauce – un policier y a d’ailleurs été tué récemment.
Pour donner une idée de l’importance de Nantes aux yeux de Gérald Darmanin, Tours obtient autant de policiers (33) pour 136.252 habitants et les deux grandes villes du Loiret, Orléans et Montargis, 38, dont 24 pour Orléans, pour 130.000 habitants en tout (dont 115.000 en Orléans). Pour rappel, la population de Nantes a dépassé les 300.000 habitants et continue de croître.
90 supermarchés de deal pourrissent la vie des Nantais
Il faut reconnaître que Nantes pâtit d’une habitude locale des élus et des responsables, qui est de minimiser systématiquement la délinquance. Et ce même quand les bandes de délinquants transforment les places du cœur du centre-ville (Commerce, Bouffay) en terrain de jeu et pourrissent systématiquement les soirées et les nuits des Nantais.
Ainsi, il n’y a officiellement qu’une « trentaine de supermarchés de la drogue » à Nantes. Alors que notre cartographie établie quartier par quartier permet d’en localiser au moins le triple, dont 12 aux Dervallières, neuf au Breil , autant à Malakoff et 6 à Beaulieu.
Fusillades : une à trois par semaine, au minimum, depuis trois ans
La drogue, ce ne sont pas que des points de deal et leur cortège de nuisances sonores, de pressions sur les riverains ou les locataires que les dealers somment de servir de nourrice – c’est-à-dire planquer la drogue et leur ouvrir leurs appartements.
Ce sont aussi des extorsions, des home-jacking et des cambriolages pour trouver l’argent de la drogue, et une interminable série de règlements de comptes qui appellent des représailles, avec une quantité impressionnante d’armes qui circulent dans les quartiers « sensibles » et pas que.
Résultat des courses, sur la carte des fusillades, tenue à jour depuis fin 2014, il devient difficile de rajouter des points dans certains quartiers – comme les Dervallières, ou Malakoff (22 fusillades depuis 2015), Bellevue (20 fusillades dont 10 sur la place Pierre-Mendès France et à ses abords immédiats), aux Dervallières (15 dont une dizaine autour du Building, littéralement assiégé et même rongé par le trafic de drogue), au Breil (16), dans les quartiers Nord (30, dont une dizaine au Chêne des Anglais), etc.
Pour 2021, nous en sommes déjà à au moins 24 fusillades, et tout porte à croire que le total de 2020 – 35 fusillades – sera battu, avec 1 à 3 voire 4 fusillades par semaine – le même rythme qu’en 2019, où il y en avait eu 69, dont 65 liées à la drogue, trois morts et une vingtaine de blessés par balle.
Le phénomène se propage aussi hors de Nantes, puisque la baisse de 2020, liée aux confinements, était en trompe l’œil – il y a eu 13 fusillades à Saint-Nazaire et cinq dans des communes rurales ou périurbaines, notamment à Donges, Montoir de Bretagne, Grand-Auverné, Nozay ou encore Notre-Dame des Landes – et cette fois, les zadistes n’y sont pour rien.
Cambriolages, viols, vols en tous genres : bienvenue en Bretagne !
Il y a aussi la délinquance plus insidieuse et plus banale. La fermeture des cafés et des bars de nuit depuis octobre a quelque peu diminué le problème, puisqu’il y a moins de monde le soir dans les rues, mais cela devrait revenir avec force dans les semaines à venir – Nantes est aussi une des capitales des viols de rue en France, en temps « normal ». Vite, un nouveau couvre-feu !
Il y a aussi les cambriolages, plusieurs dizaines par week-end, à Nantes et dans les communes de l’agglomération, avec une réponse judiciaire souvent rarement à la hauteur des enjeux. Et les rodéos. Et les vols de vélos – au moins un par jour est signalé aux forces de l’ordre. Combien ne le sont pas ? Il est à craindre que les 33 nouveaux policiers soient très vite très occupés.
Louis Moulin
Crédit photo : Devant le jardin des Plantes, Nantes (Breizh-info.com)
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2 réponses à “Fusillades, deal, agressions, vols en tout genre : la sinistre réalité nantaise à l’heure de la visite de Gérald Darmanin”
c’est énorme 33 policiers de plus !!!
sauf que ce chiffre, il faut le diviser par 4 pour correspondre aux 3 équipes de 8 heures et l’équipe de repos.
en réalité cela ne fait que 8 policiers de plus pour combattre de plus en plus de voyous.
tous ces faits deviennent banalité puisque répétés quotidiennement
les médias télés ne les évoquent même plus !
que les gens se laissent dépouiller, agresser et ferment leur bouche, tout cela n’est qu’impression d’insécurité dit le ministre de la « justice »
ah si les gens allaient voter pour que ça change…