Le SDI (syndicat des indépendants) publie son baromètre mensuel TPE-Covid, issu des réponses volontaires de plus de 2.000 artisans, commerçants, professionnels libéraux et dirigeants de TPE. Désabusés après 15 mois de pandémie, ces dirigeants affichent un moral en berne malgré la fin annoncée du confinement. On y découvre un bilan mitigé des soutiens de l’État et des inquiétudes réelles pour l’avenir, notamment des filières hors S1/S1bis, près de 2,1 millions de professionnels.
Marc Sanchez, Secrétaire Général du SDI déclare : « Les pouvoirs publics ont su identifier les secteurs « les plus touchés » par la pandémie et développer des modalités de soutiens efficaces pour ces derniers. La crise économique induite par la Covid ne se contente malheureusement pas de frapper ces seules activités. Malgré des dirigeants volontaires à transformer la sortie du confinement en succès pour leur activité, la réalité des dettes accumulées, impose le maintien d’un filet de sécurité universel jusqu’à fin août 2021, ainsi que donner la possibilité d’étendre à deux ans la durée de remboursement du PGE même sans garantie de l’État sur cette dernière période. La reprise ne se fera réellement que si toutes les conditions sont rassemblées pour accompagner les entreprises dont une option de droit pour le remboursement sur 24 mois des dettes sociales et fiscales.
Enfin, permettons à chaque TPE de bénéficier d’un audit en vue d’établir un point de situation post-Covid et définir les conditions et modalités de poursuite d’activité, lorsque cela est possible, pour que ces entrepreneurs, durement touchés, puissent s’inscrire sereinement dans l’avenir seuls ou avec leurs salariés »
600.000 TPE s’interrogent sur leur capacité à surmonter l’année 2021
Bien au-delà des professionnels des secteurs S1/S1bis, ce sont plus de 600.000 artisans, commerçants, libéraux et responsables de TPE (soit 30% d’entre eux) qui affirment s’interroger sur la pérennité de leur structure d’ici la fin de cette année.
Le profil type de ces professionnels, quelle que soit l’ancienneté, est celui de commerçant de proximité (hors alimentaire) de moins de 5 salariés, dans l’équipement de la personne. Les commerces de proximité ont en effet bénéficié d’un volume d’aides moins important que les secteurs S1/S1 bis en raison de capacités d’ouverture plus large sans pour autant être en mesure d’exercer une activité « normale » susceptible de compenser les pertes de 20% à 30% de chiffre d’affaires sur les 15 derniers mois.
Pour 70% d’entre eux les aides des pouvoirs publics n’ont pas suffi à compenser les pertes. Les aides du fonds de solidarité ont représenté moins de 50% des besoins courants de l’entreprise pour plus de la moitié des personnes interrogées.
L’État ne joue pas le jeu sur l’étalement des dettes sociales et fiscales
Malgré les multiples annonces de Bruno Le Maire concernant l’étalement « jusqu’à 36 mois » des dettes sociales et fiscales accumulées durant la pandémie, 74% des personnes interrogées se voient proposer des étalements sur une durée inférieure à 1 an, considérée comme trop courte pour la majorité d’entre eux. Solliciter des plans d’échelonnement plus longs relève du parcours du combattant…
Ainsi 52% des chefs d’entreprise confirment que la crise de la Covid-19 a eu impact négatif sur leurs finances personnelles, et plus particulièrement sur leur rémunération, largement minorée et parfois supprimée sur de longs mois.
A ce stade, près de 200.000 TPE ont consommé leur PGE (Prêt Garantit par l’Etat) à plus de 90%, dans l’écrasante majorité des cas afin de payer les dettes et charges courantes.
Si le report d’une année du début de remboursement est le bienvenu, la diminution de la durée de remboursement possible (4 années) reste un point noir à moyen terme, lequel rend plus impératif encore l’aboutissement des négociations en cours en vue d’allonger de deux années la durée de remboursement de cet emprunt. A défaut, une alternative devra être trouvée en dehors de la garantie de l’État.
La majorité des dirigeants de TPE affichent un moral en berne, désabusés par 15 mois de stop and go, émaillés de restrictions d’activité (couvre-feu) et de baisse de clientèle (télétravail). Leur chiffre d’affaires n’arrive pas à retrouver les points hauts de 2019 et affiche des pertes lissées de 20% à 30%.
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