Les deux Irlandes et la diaspora, La Pédocratie à la française, Les plus belles randonnées Bretagne, Les nostalgériades, La guerre des idées : voici la sélection littéraire hebdo.
Les deux Irlandes et la diaspora
Au lendemain de la partition, la distance se creuse peu à peu entre l’Irlande et sa diaspora en Amérique du Nord. Cependant, à partir des années 1960, les deux Irlandes, désireuses d’attirer des investissements étrangers, décident, chacune de leur côté, de faire appel à l’élite entrepreneuriale de la diaspora aux Etats-Unis. Les autorités irlandaises parviennent ainsi à tisser de puissants réseaux.
Au fil des décennies, elles se sont efforcées de pérenniser cette collaboration. Cet ouvrage de civilisation irlandaise met en lumière le rôle discret, mais néanmoins essentiel, que ces hommes d’affaires de premier plan ont joué dans le développement économique des deux Irlandes à des moments charnières de leur histoire récente. Cette étude dévoile l’influence grandissante de magnats irlando-américains sur la politique économique irlandaise et la nature complexe de leur relations avec les dirigeants irlandais où se mêlent bons sentiments, intérêt mutuel et rapports de force plus ou moins tangibles.
La Pédocratie à la Française
L’omerta sur la pédophilie vient d’être brisée par une vague de témoignages accablants pour les violeurs. Ce livre montre l’ampleur en France de ces atteintes à l’intégrité de l’enfance par des pédocriminels. Un Français sur 10 en a été une victime. C’est un pédocide. La conspiration du silence a été favorisée par une bienveillance, voire une complicité historique des élites avec cet interdit depuis mai 68. Ce livre analyse la montée de ce dérapage et en situe les responsabilités, avec les noms de leurs acteurs.
Jacques Thomet, journaliste, a effectué toute sa carrière à l’Agence France-Presse, d’abord à Nice, puis à La Havane, Paris (rédacteur en chef), Rio de Janeiro, Washington D.C., Bogota, Quito, Caracas, Caraïbes et Paris. Il a déjà publié plusieurs livres d’enquête sur l’affaire Ingrid Betancourt, l’AFP et Outreau. Il a aussi enseigné le journalisme à l’IPJ de Paris et à Sciences Po-Poitiers.
Les plus belles randonnées Bretagne, volume 1
La Bretagne est une terre de randonnée. Ses chemins, qu’ils soient côtiers ou intérieurs, offrent une grande diversité de paysages, une histoire riche et variée, un patrimoine authentique et un charme inimitable. Ce premier volume propose 32 itinéraires à la journée dans le Finistère et le Morbihan ainsi que quelques itinérances sur plusieurs jours.
Leur nom est une invitation au voyage : Finistère « fin de la terre » et Morbihan « petite mer ». Ces deux départements portent un imaginaire puissant fait de tempêtes et d’embruns, de grands phares et d’îles audacieuses. Ils sont aussi synonymes de plages et de baignades, de gastronomie au goût d’iode et de beurre salé. Ces deux territoires recèlent en leur cœur des forêts mystérieuses et une lande peuplée de korrigans et parsemée de pierres dressées.
Les 32 itinéraires choisis (avec variantes et propositions de circuits sur plusieurs jours en itinérance ou en boucle) vous embarquent à la découverte des incontournables touristiques – la pointe du Raz, les caps de Crozon, le Golfe du Morbihan, la forêt de Brocéliande – ainsi que des lieux moins célébrés, sans doute mieux préservés et d’autant plus authentiques – les boucles du canal de Nantes à Brest, la forêt de Huelgoat, la vallée du Scorff, les plages dorées de Pénestin, les chaos rocheux de la côte des Légendes, la petite mer de Gâvres, le lac de Guerlédan aux allures de fjord norvégien… Certains de ces chemins empruntent souvent des portions du GR® 34, célèbre circuit de grande randonnée qui relie le Mont-Saint-Michel à Saint-Nazaire et suit le tracé de l’historique sentier des douaniers. L’intérieur du pays, le Kreiz Breiz, est sillonné lui par les GR® 37 et GR® 38.
Le volume 2 sera consacré aux deux autres départements de la Bretagne : les Côtes-d’Armor et l’Ille-et-Vilaine.
La fin d’un monde
« C’était mieux avant. » Avec la pandémie, l’unanimité de ce thème qui paraissait jusqu’alors marqué d’une nostalgie stérile revient avec insistance.
Mais de quel « avant » parlons-nous ? Celui de la société de consommation triomphante des années 1960-1975 ou de la société chrétienne millénaire qui l’a précédée ?
Dans une plongée vertigineuse vers notre passé récent, Patrick Buisson nous entraîne des coulisses du concile Vatican II aux assemblées générales des « Gouines rouges », de la piété teintée de paganisme des pardons bretons aux bistrots sans femmes des cités ouvrières, du stade à l’alcôve. De ce cheminement inattendu et fascinant, nul ne sort intact.
Tout change en effet au cours de ces « quinze piteuses » qui voient la destruction méthodique de l’art de vivre et de la culture populaire, la remise en cause du monde vertical de l’autorité et l’effondrement des vieilles croyances. La petite-bourgeoisie éduquée, soucieuse de se démarquer du moule dans lequel elle avait été formée a imposé l’hégémonie du progressisme.
Au fil de ce texte remarquablement documenté et écrit, dérangeant mais profondément argumenté, Patrick Buisson nous confronte à nos contradictions. Avec La fin d’un monde, il nous éclaire sur ces passions françaises dont il s’est fait le décrypteur et nous donne le grand livre contemporain des objecteurs de modernité.
Edité par Albin Michel.
La guerre des idées
De Saint-Germain-des-Prés aux chaînes d’info en continu, l’intellectuel français est auréolé d’un pouvoir singulier. Défenseur des opprimés ou décrypteur de l’actualité, militant des causes perdues ou expert au discours ciselé, il occupe, au pays de Descartes, où l’on aime à théoriser, une place à part.
Crise financière, attentats islamistes, poussée migratoire, montée des populismes, féminismes, épidémie… L’histoire est de retour, les idées gouvernent de nouveau le monde. La vieille opposition entre droite et gauche, périmée, s’est vue évincée par d’autres clivages, dans l’air du temps. Réacs, gauchistes, libéraux : chacun accuse l’autre d’avoir gagné la guerre culturelle.
D’Alain Finkielkraut à Édouard Louis, en passant par Michel Onfray, de la Manif pour tous à Nuit debout, sans oublier les Gilets jaunes, qui a vraiment remporté cette bataille idéologique? À l’heure de la cancel culture, de l’hystérisation de la polémique, de l’immédiateté de l’information et du pouvoir de l’image, quel rôle l’intellectuel peut-il encore jouer? Le débat est-il seulement toujours possible, en France?
Eugénie Bastié a mené l’enquête: pendant trois ans, elle a rencontré une trentaine de penseurs de tous bords. Elle décrit un paysage intellectuel morcelé, mais plus riche que jamais. Une plongée passionnante au cœur de l’intelligentsia, la France racontée au travers des idées qui l’agitent et des personnages qui les incarnent.
Eugénie Bastié est journaliste au Figaro et essayiste. Elle est l’auteur de deux ouvrages, Adieu mademoiselle. La défaite des femmes (Cerf, 2016) et Le Porc émissaire. Terreur ou contre-révolution (Cerf, 2018).