Ce qui caractérise sans doute le plus l’homme moderne c’est son extraordinaire présomption…
Lui qui se chie dessus devant son chef de service, devant sa bonne femme, devant trois racailles en survêtements, qui détourne le regard quand une fille se fait emmerder dans le métro, qui change de wagon quand un type bizarre parle un peu fort, qui suit docilement toutes les consignes et ordres de l’Etat, si incohérents soient-ils, qui appelle les flics si les voisins font du bruit mais signent des pétitions en ligne contre les violences policières, qui n’a jamais eu une idée à lui, originale, non certifiée, qui n’a jamais fait de choix plus radical que celui de son lieu de villégiature pour les vacances, qui a trois mutuelles et quinze assurances pour se prémunir des « accidents de a vie », qui va niquer ses propres frangins pour gratter 1000 balles d’héritage…
Lui l’insignifiant, le pleutre, le soumis, le conformiste, le collabo de tous les pouvoirs, mêmes les plus petits, le gratte-papiers éternel, le raseur de murs, le consensuel pavlovien, le fort avec les faibles, la limace face aux puissants du jour, l’enfonceur de portes ouvertes, le résistant de la 25e heure, le collectionneur de tickets restaurant, le centriste, le livret A, l’impuissant gobeur de viagra, l’accroc au porno quand Maman est couchée, le tyrannisé par ses gamins…
Lui se permet de juger et de jauger, avec la plus implacable morgue et la plus absolue rigueur, les hommes du passé et, de préférence, les plus grands d’entre eux, les destins les plus incroyables, les personnalités les plus extraordinaires… Il fait des comptes, distribue des bons et mauvais points, tord le nez, fait la moue, arbitre les élégances, analyse les choix les plus capitaux, les décisions les plus fondamentales et les plus tragiques… Entre un rendez-vous chez le dentiste et une série Netflix, il accorde son indulgence ou prononce sa condamnation…
Peinant à déterminer son genre sexuel, il n’a par contre aucune difficulté à connaître et comprendre le sens de l’histoire… Incapable de mener son existence, il sait comment conduire l’Humanité vers le paradis des acéphales et des invertébrés qui sera enfin son royaume…
Xavier Eman
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7 réponses à “L’homme moderne, et son extraordinaire présomption [L’Agora]”
Excellent résumé de notre société mourante, ou morte.
Un grand BRAVO pour cette chronique …Hélas … C’est une triste vérité , et nous la rencontrons tous les jours …
Pauvre génération déculturée et formatée par les soins de l’Instruction publique …
ben … rien a ajouter !
Plus je connais les hommes, plus j’ai les bêtes … Je partage ce point de vue de Brigitte BARDOT qui sait s’exprimer …
Il y a quand même 15.409.508 Français & Françaises qui n’ont pas plié le genou devant l’€, le 29 mai 2005, malgré une pression médiatique fort conséquente.
Le peuple français a épuisé 3 régimes.
Pour dire les choses autrement, Napoléon est au centre de la Terreur française comme Jeanne d’Arc est au centre de la Royauté française, comme De Gaulle est au centre de la République française.
Ces trois là amènent à la perfection, achèvent, c’est-à-dire accomplissent.
● Jeanne d’Arc : née vers 1412 à Domrémy, brulée vive le 30 mai 1431 à Rouen, à 19 ans.
● Napoléon Bonaparte, né le 15 août 1769 à Ajaccio et mort le 5 mai 1821 sur l’île Sainte-Hélène, à 52 ans.
● Charles de Gaulle, né le 22 novembre 1890 à Lille et mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises, à 80 ans.
Dans le Chemin de la Croix-des-Âmes, Georges Bernanos écrit :
« Le général de Gaulle est un homme prédestiné. En juin 1940, il a été réellement l’âme et le génie de la France immortelle. Un homme prédestiné ne se rend pas toujours compte de l’importance des actes qu’il est né pour accomplir. »
Ni une grande adolescente prédestinée :
« Le cardinal de Winchester a insisté pour qu’il ne restât rien de son corps. Il désire éviter tout culte posthume de la « pucelle ». Il a donc ordonné trois crémations successives.
La première voit mourir Jeanne d’Arc par intoxication par les gaz toxiques issus de la combustion, dont notamment le monoxyde de carbone. Le bourreau écarte les fagots, à la demande des Anglais qui craignent qu’on ne dise qu’elle s’est évadée, pour que le public puisse voir que le cadavre déshabillé par les flammes est bien celui de Jeanne.
La seconde crémation dure plusieurs heures et fait exploser la boîte crânienne et la cavité abdominale dont des morceaux sont projetés sur le public en contrebas, laissant au centre du bûcher les organes calcinés à l’exception des entrailles et du cœur (organes plus humides brûlant moins vite) restés intacts.
Pour la troisième, le bourreau ajoute de l’huile et de la poix et il ne reste que des cendres et des débris osseux qui sont dispersés, à quinze heures, par Geoffroy Thérage dans la Seine (non pas à l’emplacement de l’actuel pont Jeanne-d’Arc, mais du pont Mathilde, jadis situé près de l’emplacement de l’actuel pont Boieldieu) afin qu’on ne puisse pas en faire de reliques ou des actes de sorcellerie. »
On sait seulement que jeanne d’Arc est née vers 1412 et qu’il n’en reste rien physiquement, pas la moitié du quart d’un atome puisque Jeanne d’Arc est « Esprit ». C’est trois crémations symbolisent ces trois brûlures de la France que nous vivons: physique, psychique & spirituelle.
Un peuple qui a pu produire de telles personnes qui ne jouent pas dans la Cour des Grands – mais dans la Cour de l’Unique – mérite tout notre attention & notre admiration.
Vous ne croyez pas ?
Peinture sinistre et hélas réaliste de notre monde,. S’il fallait un seul mot pour qualifier ce qui manque à « l’homme moderne », c’est le COURAGE de refuser la soumission à la pensée et aux systèmes totalitaires dominants ainsi qu’à la loi des lâches qui ne sont forts que groupés contre les plus faibles.
ce point de vue me navre mais il est si réaliste, bravo!