Europe 1 est très malade ; la dégringolade se poursuit : de 3,5 millions d’auditeurs en novembre –décembre 2017 ( en douze mois, la station a perdu 800 000 auditeurs), on tombe à 2,9 millions en janvier – mars 2020. C’est dans ce décor particulièrement dégradé – et très déficitaire (30 millions de pertes en 2019) – que Vincent Bolloré a le projet de s’emparer de la station. Grâce à la réussite de son bébé Cnews, il sera tenté d’utiliser la même recette : la droitisation, un créneau qui demeure libre chez les radions généralistes. En effet, en un an, la chaîne d’information a vu son audience multipliée par 12,5. « Dopée par la locomotive Zemmour, elle réalise même plusieurs pics à plus de 900 000 téléspectateurs, l’érigeant parfois en première chaîne d’info de France sur cette tranche horaire » (Marianne, 19 février 2021). Les professionnels restent interdits « devant la courbe d’audience de Cnews qui s’envole littéralement entre 19 heures et vingt heures, pendant le « Face à l’info », émission de débat organisée autour du polémiste » (L’Obs, 6 août 2020).
Mais tout n’est pas simple à Europe 1 car il faudra tenir compte de la clientèle existante : « d’un côté, les actifs croyant en l’avenir, des libéraux cools qui donnent beaucoup aux associations caritatives. Et de l’autre, dans les mêmes proportions, des notables de villes moyennes, tendance Fillon, contre le mariage pour tous. En clair, une partie aspire au mouvement car ce sera mieux demain ; l’autre prône l’immobilisme car c’était mieux hier » (L’Obs, 24 mai 2018).
Par conséquent, Éric Zemmour devenant l’éditorialiste de la matinale (7-9), cela ferait des mécontents et des contents. Un journalisme d’opinion remplaçant un journalisme tiède, cela exige de procéder à un changement de clientèle. Et pour que le pari soit gagné, il faut que les nouveaux auditeurs soient plus nombreux que les partants.
Autre idée à la quelle pourrait réfléchir Vincent Bolloré : l’installation en Bretagne d’un « envoyé spécial permanent » comme c’était le cas autrefois pour Europe 1. Un « Breton » de préférence.
B. Morvan
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