La sécurité scolaire nuit aux Noirs : c’est le résultat dérangeant d’une vaste étude publiée par l’American Educational Research Association (AERA) voici quelques jours. Ces dernières années, à la suite de plusieurs drames, de nombreuses écoles des États-Unis se sont dotées d’agents de sécurité, de systèmes de surveillance, de détecteurs de métaux, de chiens renifleurs de drogue et d’autres moyens de protection. L’AERA a cherché à évaluer leurs résultats. Et elle est parvenue à une conclusion étonnante.
« Ces mesures de surveillance n’ont pas nécessairement rendu les écoles plus sûres », estime-t-elle. « Au lieu de servir à déjouer les fusillades dans les écoles, qui sont rares, elles peuvent accroître la capacité des écoles à identifier et punir les élèves auteurs d’infractions plus courantes et moins graves. »
On serait tenté de penser que ce n’est déjà pas si mal. L’AERA n’est pas du tout de cet avis. En croisant les statistiques des écoles surveillées ou pas avec celles de la réussite scolaire pour un effectif de 6 000 élèves, elle a constaté que ceux qui fréquentent les écoles les plus surveillées subissent plus de sanctions, réussissent moins bien en math et ont moins de chances de faire des études supérieures que ceux des écoles moins surveillées ! Étonnant non ?
La sécurité contre les math
Explication avancée par l’AERA : la surveillance et les punitions infligées aux élèves perturbateurs sont un moyen de « contrôle social ». Elles dégradent leurs résultats scolaires, ce qui les empêche d’entrer à l’université, explique sans rire une pédagogue de John Hopkins University. « Fréquenter une école très surveillée abaisse sensiblement les notes de math en Terminale », assure l’AERA. Vous avez peine à croire que des pédagogues aient pu écrire ça ? Alors revoici la phrase en V.O. : « attending a high-surveillance school significantly decreases 12th grade math test scores ».
Or les Noirs ont quatre fois plus de chances que les Blancs de fréquenter une école très surveillée. Pourquoi les écoles fréquentées par des élèves noirs sont-elles plus surveillées ? Ces élèves sont-ils plus que les autres « auteurs d’infractions plus courantes et moins graves » ? Les élèves blancs réussissent-ils d’autant moins bien que leurs écoles sont plus surveillées ? Et les élèves noirs d’autant mieux que leurs écoles sont moins surveillées ? Confond-on causalités et corrélations ? Ces questions indispensables n’ont apparemment pas été posées. Il faut dire que la centenaire AERA, plus important organisme américain de recherche sur l’éducation et l’apprentissage, est d’un politiquement correct tout à fait irréprochable.
Crédit photo : Capture partielle de la .page d’accueil du site web www.aera.net
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