L’ONB (Orchestre National de Bretagne) vous propose de découvrir et d’écouter « Légende pour violoncelle », de Jean Cras par Henri Demarquette et l’ONB, sous la direction d’Aurélien Azan Zielinski. Cette œuvre devait être jouée à l’occasion d’un concert en février dernier à l’Opéra.
Depuis quelques années seulement, on redécouvre l’oeuvre de Jean Cras, musicien et officier de marine passionné des contrées lointaines, voyageur aussi des sons, ce qui lui valut d’être surnommé le « Pierre Loti de la musique ». Sa rencontre, en 1900, avec le compositeur Henri Duparc, bouleverse sa vie. Dès lors, il écrit et voyage, mêlant les deux activités dans la “Royale” durant la Première Guerre mondiale et jusqu’à la fin de sa carrière, qu’il achève brillamment, avec le grade de contre-amiral. Il poursuit une oeuvre peu abondante, mais qui nous apparaît d’une profonde originalité. Son écriture aborde en effet tous les genres musicaux avec une préférence toutefois pour la musique de chambre et le répertoire symphonique.
La Légende pour violoncelle et orchestre est une rhapsodie, qui évoque la mythologie populaire et les histoires celtes. On comprend dès lors que le caractère de la pièce soit épique, le compositeur ne ménageant pas les dissonances et trouvailles harmoniques, qui empruntent aux timbres entendus en Extrême-Orient et augmentent l’énergie ainsi que l’étrangeté de la musique. Composée en 1929 et dédiée au violoncelliste Fernand Pollain, l’oeuvre s’ouvre de manière étonnante à des univers croisés : le romantisme, assurément, mais plus encore l’impressionniste debussyste avec une cadence du soliste, qui jaillit d’un riche tissu orchestral. L’influence de Fauré prend aussi toute sa place dans le dialogue entre le violoncelle et les pupitres de la petite harmonie. La partition rayonnante, doucement dansante, puis de plus en plus animée et dans l’esprit de la fantaisie ou de la rhapsodie s’éclaire alors de sonneries cuivrées, d’une chaleur approchant celle de Daphnis et Chloé de Ravel. Si l’inspiration de la musique de Jean Cras se révèle profondément celte, elle révèle aussi l’esprit français de son temps.
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