La radio France Culture déplore une chute drastique de son audience depuis quelques mois. La faute au Covid-19 selon certains, la faute à l’absence de rap selon le rappeur Booba. Qui s’est montré synthétique pour le coup.
Booba à France Culture : « vous disparaîtrez avant nous »
Et si un simple tweet de Booba résumait mieux la « situation culturelle » de la France que tous les articles et ouvrages écrits sur le sujet depuis des années ? Dans l’échange suivant, il faut en tout cas accréditer celui qui est l’un des plus gros vendeurs d’albums en France depuis bientôt 20 ans une certaine lucidité. Ce qui n’est pas le cas de son destinataire, à savoir la radio France Culture.
Cette dernière, dans un premier tweet, déplorait effectivement avoir perdu 300 000 auditeurs depuis fin 2020, et plus de deux millions par rapport à l’an passé d’après les dernier chiffres de Médiamétrie. Sur le site de France Culture, une interview, le 18 avril, de Frédéric Brulhatour, rédacteur en chef de La Lettre Pro de la Radio, est d’ailleurs consacrée à cette chute, décrite par ce dernier comme « une sorte de krach ».
En outre, autre élément à prendre en compte, Frédéric Brulhatour souligne aussi que « la baisse de l’audience cumulée de la radio s’est amorcée au début des années 2010, précisément en 2012. Depuis cette date, l’audience est sur une tendance baissière ». La faute à qui, la faute à quoi ? C’est à cette question que Booba propose une réponse pragmatique :
« Ça vous apprendra ne pas jouer de rap, à nous boycotter, nous les plus gros vendeurs, loin devant vos artistes de variétés… vous disparaîtrez avant nous et vous l’aurez mérité. »
Ça vous apprendra à ne pas jouer de rap, à nous boycotter, nous les plus gros vendeurs, loin devant vos artistes de variété…. vous disparaîtrez avant nous et vous l’aurez mérité. ?☠️ pic.twitter.com/nvReRgw7Cg
— Booba (@booba) April 19, 2021
« Krash » de France Culture : le virus du rap plus que celui du Covid-19
De son côté, Frédéric Brulhatour a tenté d’avancer des explications peu convaincantes à cette baisse d’audience, rendant la crise sanitaire responsable en partie de ce décrochage avec une hypothétique modification des comportements d’écoute en raison des confinements et du télétravail. Il met aussi en cause « l’arrêt du monde culturel » avec pour conséquence l’appauvrissement des grilles de radio « faute d’évènements festifs, culturels ou tout simplement faute de proximité à couvrir ». Tout en reconnaissant en parallèle que durant les périodes de confinement, « l’audio digital a complètement explosé »…
Manifestement plus lucide, le journaliste de France Inter Redwane Telha est quant à lui plutôt d’accord avec Booba : « c’est une partie de l’équation qu’il ne faut pas négliger », déclarait-il sur Twitter le 20 avril.
C’est une partie de l’équation qu’il ne faut pas négliger. https://t.co/uXl2xUaSrN
— Redwane Telha (@RedwaneTelha) April 20, 2021
En effet, malgré les clins d’œil appuyés mais tardifs à destination des rappeurs de la part de Radio France (notamment via la réorientation vers le rap de la radio Mouv’, faisant partie du groupe), ces rappeurs sont en passe de remporter le rapport de force face à ce que Booba appelle les « artistes de variétés ». L’écrasant succès du rap auprès des nouvelles générations en France et l’avènement de ce que l’on nomme la « culture racaille » faisant le reste. Et France culture n’y pourra pas grand chose, Covid ou non…
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Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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