La situation épidémique est d’une telle gravité qu’il a fallu déplacer les régionales d’une semaine, du 13 au 20 juin pour le premier tour ? Il doit y avoir un remède miracle en Touraine, dans l’Oise, le Pas-de-Calais et à Paris – du moins dans quatre circonscriptions législatives puisque des élections partielles y sont prévues le 30 mai et le 6 juin pour le second tour. Elles donneront lieu à des duels politiques intéressants qui peuvent avoir valeur de test, voire de signal, en vue des régionales et des présidentielles à venir.
Deux de ces circonscriptions sont en effet vacantes depuis septembre dernier, la 6e du Pas-de-Calais où Ludovic Loquet (LREM) a préféré rester maire d’Ardres que succéder à Brigitte Bourguignon nommée au gouvernement, sa démission a été effective le 27 septembre, et la 15e de Paris où la socialiste Georges-Pau Langevin a démissionné le 15 novembre 2020 quand elle est devenue adjointe au défenseur des Droits.
Ces circonscriptions auraient du être renouvelées sous trois mois, mais une loi organique du 24 décembre dernier, qui assouplit le renouvellement des circonscriptions vacantes du fait de la crise sanitaire, a permis de décaler les élections, avec une date butoir fixée au 30 juin prochain.
Pour les deux autres, Sophie Auconie (UDI) a démissionné de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire pour raisons de santé, sa démission a été effective le 5 mars 2021, tandis que la mort d’Olivier Dassault (LR) le 7 mars dernier dans un krach d’hélicoptère a rendu vacante la 1ère circonscription de l’Oise.
Le RN contre une ministre En Marche dans le Pas-de-Calais
Ces élections donneront lieu à un test intéressant, les sortants étant de quatre partis différents (PS, LREM, UDI et LR). Le RN ne semble avoir ses chances que dans la 6e circonscription du Pas-de-Calais, où il avait été au second tour en 2017 (22.6% au 1er tour, 39% au second).
Néanmoins cette circonscription bénéficiera probablement de l’attention des médias. En effet la ministre déléguée à l’autonomie Brigitte Bourguignon entend porter les couleurs de LREM dans sa circonscription d’origine ; elle y avait été élue en 2012 sous les couleurs du PS. De quoi donner à cette législative partielle des airs de sondage Macron – Le Pen pour les présidentielles 2022.
Dans l’Oise LREM arrêtera-t-il le char Dassault ?
Dans l’Oise, Victor Habert, neveu d’Olivier Dassault, a été investi par LR et tentera de conserver la circonscription dans le giron de sa famille politique… et de sa famille tout court. Olivier Dassault y avait été élu à la suite d’une partielle en septembre 1988 et avait été réélu sans discontinuer, hors un intermède socialiste (Yves Rome) entre la dissolution de 1997 et la réélection de Chirac en 2002.
Cependant LREM a investi Karim Lamaaizi, battu au terme d’une quinquangulaire (!) aux municipales à Mouy en juin dernier, alors qu’en 2017 c’est le maire LREM de Maignelay-Montigny (réélu en 2020) Denis Flour qui avait été au second tour, auquel le RN n’a pas accédé.
Duel PS contre La France Insoumise à Paris
La 15e circonscription de Paris devrait rester à gauche – le duel se jouerait entre le PS et LFI. Le PS a investi Lamia El Aaraje, docteur en pharmacie qui préside la 3e commission de la Ville de Paris (espace public, qualité de vie, politique de la ville, sécurité) et est adjointe déléguée au maire du XXe arrondissement, en charge de la sécurité.
Pour les Insoumis, Danielle Simmonet est dans les starting-blocks – en 2012 et 2017 elle s’était présentée dans la 6e circonscription (sud du XXe et nord du Xie), qui fut avec un autre découpage le dernier bastion de gauche dans Paris des années 1990, où elle avait devancé la sortante EELV Cécile Duflot au 1er tour avant d’être battue sur le fil au second par Pierre Person (LREM), désormais très actif à l’Assemblée. Ce dernier avait créé en 2015 encore le premier mouvement de soutien à Emmanuel Macron, antérieur à LREM, mais a quitté le bureau exécutif d’En Marche en septembre 2020, dénonçant le repli sur soi du parti.
En Indre-et-Loire, balle au centre ?
Enfin Sophie Auconie s’est fait élire en 2017 dans l’ancienne circonscription de l’ex-ministre de la santé socialiste Marisol Touraine, qui a tenu son poste durant toute la présidence de François Hollande. Sa loi pour la modernisation du système de santé (2015) a introduit les groupements hospitaliers territoriaux, qui ont accéléré le processus de fusion entre hôpitaux – et de suppression des lits. Membre du programme Young Leaders en 1988, membre du Club le Siècle, elle s’est ralliée à Emmanuel Macron mais a été battue par Sophie Auconie, qui revendiquait aussi le soutien d’En Marche. Pour l’heure, Sophie Auconie a adoubé Sophie Métadier (UDI), maire de Beaulieu-les-Loches.
Louis-Benoît Greffe
Photo d’illustration : DR
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