La fermeture de la maison de la presse Agora, place de l’Ecluse, mi-avril, rappelle s’il en était besoin qu’une ville est un organisme vivant et changeant ; la maison de la presse, ouverte depuis 40 ans, n’échappe pas aux remous du secteur, à la baisse de vente de la presse et aux hausses de loyers. D’autres rues voient leurs apparences changer, leurs commerces changer ou fermer.
A l’est de la place Louis XVI, la très festive rue Joffre (Saint-Clément) connaît le départ de plusieurs commerces. Le Thaïgan (restauration thaïlandaise) ferme, pour le patron, à l’est, très à l’est même y a du nouveau. A côté, le restaurant de bagels est à vendre, en face, le caviste a trouvé un local plus près de sa crèmerie des Carmélites. Plus haut dans la rue, le restaurant de burgers gastronomiques O Pti Plaisir n’a pas rouvert après l’incendie qui l’avait touché en octobre 2020. En face, l’ancienne auberge bretonne deviendra un restaurant de tacos et de pizzas.
Dans le bas de la rue Paul Bellamy, un restaurant de burgers à emporter s’installera à côté de la presse. Les boulangeries d’Antan – notamment celle au coin de la rue de Strasbourg et du cours des Cinquante Otages, ainsi que celle de la rue de Verdun – sont en travaux pour devenir des boulangeries Bécam – ce groupe familial de boulangeries a été fondé en 2005 rue Saint-Julien à Angers. Les royalistes apprécieront, parmi les recettes traditionnelles de ces boulangeries, le gateau Choco’Roi, moelleux au chocolat garni d’une crème pâtissière chocolatée et orné d’une belle fleur de lys dorée.
Des rues plus vouées aux activités textiles et habillement voient aussi leurs devantures muter. Rue Contrescarpe, quatre boutiques de vente de textile et chaussures ont fermé ou sont en passe de l’être ; le soldeur de chaussures serait remplacé par une épicerie bio.
En revanche le quartier Viarme – Talensac – Hauts Pavés, où il y a beaucoup de commerces de bouche, voit ses commerces résister mieux et se maintenir. Signalons tout de même l’ouverture d’un torréfacteur de café (CIME) à la place du restaurant péruvien rue des Hauts-Pavés, la fermeture d’un salon de coiffure rue de Bel-Air et de l’épicerie de nuit en haut de la place Viarme, la reprise en octobre dernier du Café du Matin en bas de la place Talensac et, place Saint-Similien, la transformation de l’ex-PMU le Chantilly, fermé depuis deux ans, en bar à vins naturels et bières craft (le 303). Toujours en bas de la place Talensac, l’ancienne pharmacie va devenir une agence immobilière.
« Ce qui est bien, c’est que grâce aux mesures de soutien, il n’y a pas de fermeture sèche, les gens arrêtent pour reprendre autre chose ou ouvrir, en se spécialisant plutôt dans des plats à emporter – ce qui n’est pas synonyme de junk food. On peut faire de très bons petits plats à emporter, des vrais plats de restaurant que les gens ne feront pas chez eux », commente un restaurateur à l’est du centre-ville.
Nantes résiste plutôt bien (pour l’instant) à la crise sanitaire
Dans la restauration, la pandémie et les confinements à répétition n’empêchent pas les ouvertures ou les reprises d’affaires. « Nantes est une des rares villes où des affaires se sont vendues entre le 1er et le 2nd confinement, ou ont ouvert », relève un agent immobilier spécialisé dans le secteur. « Objectivement, Nantes a des atouts : c’est une ville plutôt riche, avec une population qui augmente, une offre qui peut encore être améliorée et variée, un beau cadre de vie. C’est aussi une ville qui jusqu’ici résiste plutôt bien à la crise sanitaire, elle a même gagné de l’attrait ».
Le nombre d’arrivées depuis d’autres départements ou la région parisienne en Loire-Atlantique depuis le premier confinement a augmenté assez nettement – et pas seulement pour des locations saisonnières le temps des confinements, comme l’ont pu constater une fois encore les habitants à l’année de la Baule, de la Presqu’île guérandaise et de Pornic.
Plus libertaire et bien moins soumise à la dictature sanitaire que d’autres villes françaises, Nantes est aussi le berceau du seul vaccin français contre le Covid, trouvé par la biotech Valneva et vendu aux anglais avec toute la production faute d’intérêt des autorités françaises – parce que dans une « guerre totale » contre le virus, on utilise toutes les armes, n’est-ce-pas ? Cependant, dans un « monde d’après » où les pandémies feront partie des risques majeurs habituels, comme les crues majeures ou les épisodes de gel dans les vignes (4 en 10 ans), Nantes apparaît mieux armée pour résister.
Louis Moulin
Crédit photos : Breizh-info.com
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