Révolution et religion, My life in Loyalism, Michel Mohrt réfractaire Stendhalien, L’identité socle de la cité, les aventures de Jobig par delà les Glénans : voici la sélection littéraire hebdo.
L’identité, socle de la cité
Confrontés en l’espace de quelques décennies à l’arrivée massive de populations exogènes, la plupart des peuples d’Europe sont aujourd’hui sommés par leurs propres dirigeants de renoncer à leur identité ethnique et culturelle au profit d’un nouveau modèle de société cosmopolite, fondé sur l’adhésion à des « valeurs » abstraites et universelles.
La perte de tout équilibre entre communauté ethnique et communauté civique menace la pérennité même de nos nations. Henri Levavasseur invite dans cet ouvrage les peuples d’Europe à reprendre collectivement conscience de « ce que nous sommes », afin de refonder la cité sur le socle de l’identité.
My life in loyalism
Une fois n’est pas coutume, nous vous présentons ci-dessous un livre en anglais (édité par Merrion Press, à commander ici), nécessaire pour comprendre ce qui a amené l’engagement, durant la guerre civile irlandaise, de jeunes protestants dans les groupes armés loyalistes, puis, une fois les Troubles terminés, sur la scène politique.
Ayant grandi dans le quartier de Shankill à Belfast et vécu les troubles de la fin des années 1960, Billy Hutchinson a rejoint l’UVF au début des années 1970. En 1975, à l’âge de 19 ans, il est condamné à la prison à vie et c’est dans les cages de Long Kesh qu’il y côtoie l’icône loyaliste Gusty Spence.
Hutchinson a passé une grande partie des années 1980 en tant que commandant général des prisonniers de l’UVF/Red Hand Commando, et à sa libération en 1990, il s’est engagé dans le Progressive Unionist Party, récemment créé. En tant que lien authentique entre l’UVF et le PUP, il a été au premier plan des négociations qui ont abouti à l’accord de Belfast et a été le point de contact de l’UVF pendant le programme de démantèlement des armes. Écrit avec beaucoup de franchise et d’honnêteté, ce livre est le récit captivant d’une vie extraordinaire qui révèle des témoignages inédits sur les troubles en Irlande du Nord et le processus de paix qui a abouti à l’accord historique de Belfast en 1998.
De simple membre d’un « Tartan Gang » comme étaient nommés les bandes des quartiers loyalistes, à paramilitaire loyaliste de premier plan, pour finir politicien unioniste progressiste à conseiller municipal de Belfast, My Life in Loyalism est l’histoire fascinante de Billy Hutchinson (et elle se lit très bien en Anglais).
Michel Mohrt, réfractaire Stendhalien
Naviguer dans l’oeuvre de Michel Mohrt et pénétrer dans l’intimité de l’écrivain, telle est l’ambition de cet essai écrit par un ami (Pierre Joannon) qui l’a côtoyé pendant quarante ans.
Le 17 août 2011 disparaissait à l’âge de 97 ans un émigré de l’intérieur, quoique membre de l’Académie française, éternel déraciné et voyageur nostalgique en rupture de ban avec son époque.
Les points de repère de son existence sont autant de thèmes traversant ses livres : la Bretagne, Nice et les Alpes du Sud, les Etats-Unis, l’Angleterre, Venise…
Le marin a rompu les amarres pour vivre en homme libre, rêvant de créer un impossible phalanstère composé d’esprits lucides, de fidèles lui ressemblant. Ses ports d’attache sont la littérature et l’histoire qui nourrissent son amour de la liberté.
Mohrt ne veut pas se laisser embrigader et souhaite préserver son quant-à-soi. Il convoque les écrivains du XIXe siècle, Chateaubriand et surtout Stendhal dont il renouvelle le thème de la chasse au bonheur. « J’ai compris que la seule vengeance, c’est le bonheur… Oui, il y a le bonheur. Et le mépris : les deux béquilles qui me soutiennent dans la vie. » Il s’érige en porte-parole des vaincus, en Cassandre de nos guerres civiles, en caution morale des parias de l’Histoire. Sous sa plume, le romantisme des causes perdues n’est pas un vain mot.
Mais il sait aussi faire souffler un fort vent d’Ouest sur les lettres françaises en révélant Faulkner, Styron ou Kerouac. Ce réfractaire qui a su dire «non» aux dérives de son époque est tout sauf un écrivain mineur. Il est grand temps de redécouvrir l’oeuvre de cet aristocrate au caractère bien trempé qui a toujours préféré l’air du large à l’air du temps.
Cet essai est suivi d’une pièce de théâtre inédite de Michel Mohrt, « Siegfried 40 », écrite en 1944.
Pour commander le livre, vous le trouverez en librairie, ou envoyez un email à : [email protected]
Révolution et religion
La décennie révolutionnaire fut le théâtre d’un conflit politico-religieux passionné dont l’histoire ne retint souvent que les crimes, prêtres pourchassés et assassinés, églises vandalisées et catholicisme malmené et banni. S’il n’a pas lieu de les nier, la question religieuse pendant la Révolution est néanmoins trop ambiguë pour amalgamer antireligion et anticléricalisme. Un gouffre opposa en réalité le fanatisme de quelques-uns de ceux qui dénonçaient les conséquences néfastes de l’intrusion du clergé aussi bien dans le domaine public que privé.
Reste qu’en s’attaquant de front à l’Église catholique de France pour la mettre au pas, les révolutionnaires ont froissé une partie de la société en ne prenant pas le poids de l’attachement populaire à l’institution et à ses hommes. Leur volonté de contrer l’influence et la puissance cléricales déboucha sur une crise d’une ampleur rare dont Christine Le Bozec livre, en historienne, les tenants et les aboutissants.
Livre de Christine Le Bozec à paraitre le 21 avril chez Passés composés (à commander ici)
Les aventures de Jobig, par delà les Glénans
Continuons la découverte des scènes de la vie de Jobig, ce petit garçon aux cheveux roux, né un soir de pleine lune à minuit pile, sur l’archipel des Glénans. Les korrigans des îles, lui attribuent un pouvoir extraordinaire !… Celui de parler et de comprendre les animaux !
Les aventures regroupées dans ce livre permettront à votre enfant de découvrir la faune de l’archipel des Glénans et de la région de Fouesnant au travers d’animaux aussi différents qu’attachants.
Sur les îles, Jobig est souvent acompagné de la jument Charmante, alors qu’à Mousterlin, chez son tad-kozh et sa mamm-gozh, c’est Capucine, une malicieuse petite chatte noire, qui l’aide à résoudre bien des mystères…
Lulu Moisan est guide animatrice nature diplomée d’État. Bretonnante de naissance, elle a fait de ses passions un métier. Depuis plus de 40 années, en Bretagne, sur la région de Fouesnant, elle transmet l’éducation à l’environnement en français et en breton, auprès de tous les publics. Nous l’avions interrogé lors de la sortie du tome 1
Les magnifiques aquarelles de l’illustrateur jeunesse Bruno David mettent en valeur chacune des aventures.
Crédit photo : DR
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