Bertrand LEROY-DONCHE dit Reybaz, qui a écrit plusieurs articles au sujet de la Savoie et de son histoire sur notre journal, nous adresse cette tribune libre, cet appel aux Savoisiens que nous publions ci-dessous.
Que faire aujourd’hui ? Que faut-il entreprendre concrètement pour rallumer la flamme vive de l’identité savoisienne qui se dissout de plus en plus dans un mondialisme sans âme et totalitaire et dans une république française déliquescente ?
D’abord faire mémoire.
Les précédents articles permettront, je l’espère, d’aider à cet acte d’importance majeure. Le mémorial est une notion fondamentale de la foi juive qui nous a été transmise dans le Mémorial absolu et sacré du seul événement de l’histoire du monde qui a un sens : la mort et la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ célébrées dans l’eucharistie. En tant que Savoisiens, nous aussi nous devons faire mémoire des événements douloureux qui transformèrent profondément notre histoire et notre position géopolitique en Europe. La France fit tout pour que les habitants de Savoie oublient rapidement leurs anciens attachements, leurs princes, leurs traditions et leurs spécificités.
J’appelle toutes les associations savantes, les professeurs, les érudits locaux à intensifier leur travail de mémoire et d’actualisation de celle-ci pour les jeunes générations afin d’enrayer le processus d’oubli de notre identité. Sortez de vos bibliothèques et de vos cercles d’initiés, rejoignez les agoras modernes des réseaux sociaux. N’ayez pas peur d’envisager une Savoie libre, au moins sur le plan culturel si ce n’est politiquement.
La Savoie fut une terre très profondément catholique. Comme partout en Europe, suite au modernisme des années trente, aux conséquences de la seconde guerre mondiale et aux erreurs d’interprétations du Concile Vatican II, la foi catholique est en train de disparaître. En tant que catholique savoisien, j’appelle la jeunesse savoisienne à se réapproprier cet héritage, à revivifier sa foi en Jésus-Christ, à envahir les églises afin d’y imposer leurs attentes et leurs désirs identitaires qui, je le sais, sont si forts. Oui la foi catholique est identitaire car son caractère universel s’incarne toujours dans des traditions particulières. Cette réappropriation peut aussi se faire sur un mode purement culturel. Ce mouvement est également à encourager sans aucune hésitation. Qui n’est pas contre nous est pour nous.
J’appelle le clergé savoisien a abandonné ses vieilles lunes et à panser les plaies de jeunes générations à la dérive car sans mémoire et sans racine. Vous avez entre les mains l’outil le plus puissant pour le faire, le Sacrifice eucharistique de Notre Seigneur Jésus-Christ qui condense et récapitule toute l’histoire du monde dans son infinie diversité.
Ensuite pardonner.
La Savoie se définit historiquement par rapport à la Maison de Savoie et encore plus aujourd’hui puisque c’est bien sa trahison qui nous a transformés en un territoire à l’identité floue. Tout vrai Savoisien en souffre. Je propose donc de reconnaître ces blessures et de les pardonner. Pardonnons à la Maison de Savoie et tentons une réconciliation. Pourquoi ne pas envisager que le cadet (ou la cadette en l’occurrence) de la Maison de Savoie joue un rôle d’abord symbolique, et peut-être, à l’avenir, politique en Savoie ?
J’appelle donc le duc de Savoie lui-même et son fils, Emmanuel-Philibert, Prince de Venise, à œuvrer dans ce sens. Il est bon de se réconcilier avec la communauté juive d’Italie comme vous l’avez fait récemment. Pourquoi ne pas entamer une réconciliation avec vos anciens sujets de Savoie ? Ne portez-vous pas toujours le prestigieux titre de duc de Savoie ?
Enfin symboliser.
Il faut signifier de manière visible notre attachement à la Savoie. Rien de grand ne se fait sans mettre en œuvre les forces symboliques. Les symboles sont les plus puissants alliés politiques qu’on puisse rêver. Beaucoup d’étrangers sont frappés lorsqu’ils se rendent en Suisse de voir autant de drapeaux suisses.
J’appelle tous les Savoisiens, régionalistes, autonomistes, indépendantistes ou simplement amoureux de notre pays à montrer leur attachement à la Savoie en pavoisant leurs maisons, leurs jardins, leurs balcons et leurs voitures de la Croix de Savoie (de préférence au format héraldique traditionnel, c’est-à-dire carré). Les blasons traditionnels des provinces peuvent aussi être déployés en parallèle. Il serait également très important de faire pression pour obtenir un émoticône du drapeau de Savoie.
L’usage de l’arpitan dans la vie quotidienne est à promouvoir. En Savoie, il ne pleut pas, il roye…
J’appelle les associations de promotion de l’arpitan à proposer une cinquantaine ou une centaine d’expressions ou de mots qu’on chercherait à utiliser systématiquement dans les échanges quotidiens. Il faudrait diffuser cette liste massivement dans toute la Savoie par tous les moyens possibles.
A titre personnel, je ne comprends plus rien aux différents mouvements savoisiens. Il est donc grand temps de former un seul grand mouvement savoisien dont le seul et unique but sera d’œuvrer à l’indépendance. Les petits combats politicards se feront, entre nous, une fois l’indépendance réalisée.
J’appelle donc tous ces groupuscules à s’unir, à se réorganiser dans un mouvement savoisien unique. A ne plus lancer des actions intempestives ou à développer des arguments juridico-historiques inconsistants qui nuisent à notre cause en nous ridiculisant.
Le combat politique en vue d’un processus d’indépendance est bien évidemment à renforcer aujourd’hui. Il passe sans aucun doute, en tout premier lieu, par un rapprochement avec le mouvement régionaliste. Les deux départements de Savoie doivent absolument fusionner pour ne former qu’une seule communauté politique. Il y faut y inclure le Pays de Gex complètement coupé du reste du département de l’Ain. Ce territoire appartient de droit à la Savoie.
J’appelle donc toutes les représentants politiques de Savoie à œuvrer de toute urgence à la fusion des deux départements avec un statut spécial qui ne serait ni celui d’un département ni celui d’une région mais s’approcherait d’une Province autonome à l’image de notre province sœur d’Aoste.
Je n’ai aucune légitimité particulière pour oser faire un tel appel. Ma légitimité tient tout entière dans ma déclaration d’amour pour la Savoie :
Très chère terre de mes ancêtres où j’ai grandi, aimé et souffert, la beauté de tes montagnes m’a transpercé le cœur à jamais, tes vieux poiriers qui parsèment nos champs ont un jour pansé mon âme et connaissent mon nom, tes habitants parfois bourrus mais toujours simples et fidèles sont mes frères de sang. Ma Savoie bien aimée, je t’aime de tout mon cœur.
Puisse ce triple appel être entendu : faire mémoire, pardonner, symboliser.
Vive la Savoie libre et souveraine.
Bertrand LEROY-DONCHE dit Reybaz ([email protected])