Plus de trois mois après les incidents du Capitole à Washington, le 6 janvier 2021, le médecin légiste vient enfin de rendre son rapport sur les décès constatés ce jour-là.
Les théories les plus conspirationnistes continuent à circuler dans les milieux démocrates : les partisans de Trump auraient tenté un coup d’État en prenant le contrôle du Parlement. Pourtant, la journée se solde par un seul « homicide ». Un « féminicide », plus exactement : sa victime est une femme de 35 ans, Ashli Babbitt. Elle a été tuée d’un coup de feu, non par un manifestant mais par un policier. Resté anonyme à ce jour.
Les enquêteurs de la police de Washington s’étaient empressés de dire qu’aucune charge ne devrait être retenue contre leur collègue. On voit mal cependant comment l’avocat fédéral pourrait éviter une action judiciaire. Le Code of Federal Regulations américain n’autorise à tirer que si cela « apparaît raisonnablement nécessaire pour protéger un policier qui se considère raisonnablement comme en danger imminent de mort ou de blessure grave ». Il exige en outre une sommation préalable. Des vidéos montrent qu’aucune des deux conditions n’était remplie.
Morts naturelles, ou presque
Deux décès à proximité du Capitole avaient été attribués à des raisons de santé. Kevin Greeson, 55 ans, et Benjamin Phillips, 50 ans, souffraient de graves affections cardiaques. Le médecin légiste confirme qu’ils sont morts de cause naturelle.
Quant à Roseanne Boyland, la grande presse s’était empressée d’annoncer qu’elle était morte piétinée par la foule. Ah ! les sauvages. En réalité, dit le medical examiner, cette femme de 34 ans a succombé à une overdose d’amphétamines. Selon sa famille, elle avait viré pro-Trump quant elle avait renoncé à la drogue. Il semble qu’elle ait rechuté.
Biden et l’hommage bidon
Mais on attendait surtout de savoir enfin pourquoi Brian Sicknick est mort. Rentré indemne après les incidents, ce policier du Capitole avait fait un malaise dans la soirée. Il était décédé à l’hôpital le lendemain. La presse et les autorités démocrates avaient aussitôt célébré le héros victime d’une hémorragie cérébrale provoquée par un coup d’extincteur. Le nouveau président américain, Joe Robinette Biden, lui avait rendu un hommage solennel au Capitole. Mais en février, quelques journaux, dont le New York Times, premier propagateur de la fausse nouvelle, avaient rétropédalé.
Une nouvelle supputation avait alors reçu une large publicité : la mort de Brian Sicknick aurait été provoquée par un jet de bear spray, une bombe lacrymogène censément destinée à écarter les ours. Le policier a en effet été atteint par un bref jet de gaz, dont les auteurs ont été arrêtés. Mais la capsicine, principe actif du bear spray issu du piment, ne semble pas avoir provoqué de décès répertorié à ce jour chez les humains. Les doses létales chez la souris sont très élevées.
Allait-on enfin savoir la vérité ? Le communiqué du médecin légiste s’achève sur cette simple phrase : « The cause and manner of death for Capitol Police Officer Brian Sicknick are pending » (la cause et la circonstance de la mort de Brian Sicknick, de la police du Capitole, sont encore indéterminées). Trois mois après l’incinération du corps du policier, cela ressemble à une fin de non recevoir. Jamais la justice américaine n’admettra que, pour sa première cérémonie de président des États-Unis, Joe Biden s’est prêté à une forgery.
Un policier vraiment assassiné – par un afro-américain
La presse américaine et internationale s’est montrée beaucoup moins diserte sur la mort d’un autre policier du Capitole, Billy Evans, voici quelques jours. Il avait été heurté le 2 avril par un véhicule dont le conducteur avait délibérément foncé sur un cordon de police. Un autre policier avait été blessé.
Après avoir heurté les deux policiers, le conducteur, sorti de sa voiture, s’était précipité vers eux un couteau à la main. Il avait aussitôt été abattu. L’homme, Noah Green, un afro-américain de 25 ans, était un sympathisant du groupe Nation of Islam. Il venait de mettre en ligne une vidéo disant : « « The U.S. Government is the #1 enemy of Black people! » (le gouvernement américain est l’ennemi n°1 des Noirs).
Une partie de la presse, à l’instar de Paris Match en France, a brossé le portrait du policier décédé sans dire un mot de son assassin !
Crédit photo : [cc] manifestation des partisans de Donald Trump devant le Capitole de Washington le 6 janvier 2021, photo TapTheForwardAssist via Wikimedia Commons
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Une réponse à “Incidents du 6 janvier au Capitole américain : le médecin légiste esquive encore”
C’est curieux de constater combien la presse française est avare des vérités pourtant bien établies