Par idéologie, le gouvernement ukrainien – farouchement pro-occidental et anti-russe – ne pouvait recourir au vaccin russe Sputnik V pour protéger sa population. Mais les caisses sont vides et l’Ukraine ne peut pas plus acheter les vaccins américains (Pfizer, Moderna) ou anglais (AstraZeneca) ni prioriser ses approvisionnements. Alors que le gouvernement s’est tourné vers des solutions alternatives peu fiables, l’épidémie flambe et les Ukrainiens se soignent comme ils peuvent, y compris avec des médicaments inadaptés.
Avec 1.3 million de cas (pour moins de 40 millions d’habitants) et 25.000 morts, la situation est relativement grave en Ukraine et il n’y a peu ou pas de vaccins. Le 23 février une première livraison de 500.000 doses de vaccins est arrivée dans le pays – il s’agit de vaccins AstraZeneca embouteillés en Inde, mais ils sont principalement réservés à l’armée et aux fonctionnaires.
Bien que le gouvernement ukrainien ait annoncé qu’il a acheté 17 millions de doses de vaccins indiens – notamment le Covaxin de Bharat Biotech, utilisé depuis janvier dernier en Inde et validé par des études scientifiques en mars – ainsi que le Novavax américain fabriqué en Inde – il apparaît peu probable que l’Ukraine sera livrée en temps et en heure.
Le vaccin Novavax basé sur des protéines recombinantes, efficace à 95% contre la souche originelle du Covid, 85% contre le variant britannique et 60% contre le variant africain, bute sur des problèmes industriels – l’usine tchèque prévue pour livrer l’UE est insuffisante pour produire les doses demandées, et l’usine du Serum Institute of India en Inde a déjà annoncé qu’elle réduirait ses exportations en raison du blocage des matières premières venues des Etats-Unis. Pis, l’épidémie flambe à nouveau en Inde qui a décidé de bloquer les exportations de ses vaccins.
Face au manque de vaccins le gouvernement ukrainien maintient ses positions – mieux vaut mourir du coronavirus que commander le vaccin russe. Et les Ukrainiens se débrouillent, recourant massivement à l’automédication. D’après Olga Golubovskaya, spécialiste des infections qui conseille le ministère de la Santé en Ukraine, les Ukrainiens utilisent massivement l’ivermectine, un médicament utilisé par les vétérinaires pour prévenir les parasitoses et la gale chez les animaux.
« Certains se contentent de le boire, et d’autres se font des injections dans les muscles, ce qui est très dangereux », a-t-elle relevée sur Ukraina24. Le journal russe Komsomolskaya Pravda dresse le 27 mars un constat d’échec face à l’épidémie en Ukraine : « Israël a gelé les pourparlers sur la livraison de vaccins Pfizer après que Ternopol ait décidé de donner le nom de Shukhevitch à son stade [ce nationaliste ukrainien a été un auxiliaire des troupes nazies et a participé à la solution finale], l’Inde a stoppé les exportations de vaccins AstraZeneca et si un jour les ukrainiens reçoivent des secondes doses, elles viendront de Corée du Sud. En octobre dernier, le président Zelenski avait annoncé un vaccin ukrainien – plus de son, plus d’image ».
Deux morts suite au vaccin AstraZeneca en Ukraine : une loi pour exonérer les fabricants de vaccins de toute responsabilité
Par ailleurs au moins deux personnes sont mortes des suites des vaccins AstraZeneca – une militaire le 23 mars dernier dans la région d’Odessa, deux jours après la piqüre et un habitant de Tchetnovtsy vacciné le 15 mars dernier et décédé suite à un arrêt cardiaque le 24 mars. Suite à cela le président ukrainien Zelensky a ratifié une loi qui exonère les fabricants de vaccins de toute responsabilité en cas de décès ou d’effets secondaires graves sur les patients qui ont été vaccinés en Ukraine.
Louis-Benoît Greffe
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Une réponse à “Idéologie et coronavirus : en Ukraine face au manque de vaccin, les Ukrainiens se soignent avec des médicaments… pour animaux”
Le titre de l’article est un peu tendancieux :
L’invermectine est un médicament d’abord utilisé en médecine vétérinaire mais maintenant en médecine humaine, surtout par les dermatologues.
Pour beaucoup, ce médicament anti parasitaire aurait une grande efficacité sur la Covid 19 où il pourrait diminuer notablement la charge virale.