Il s’appelle Mokhtar Sylla. Et il attend son procès en détention provisoire depuis un an. C’est le seul protagoniste arrêté des deux fusillades – plus une empêchée de justesse par la police – qui ont eu lieu au 5, rue de Charente à Bellevue, un quartier très sensible de Nantes un juteux point de deal qui agaçait la concurrence.
Le jeune homme dealait sur place depuis trois à quatre mois, et s’est fait tirer dessus le 28 juin 2020 par des hommes armés, qui « voulaient [le] faire fuir », concède-t-il avec détachement ; depuis un deux-roues, trois hommes avaient tiré cinq balles vers le hall. Le lendemain, son patron – qu’il ne nommera pas – lui donne une arme pour qu’il maintienne l’ordre. Le 29 juin, il fait feu depuis la cage d’escalier sur le pilote d’un scooter, qu’il soupçonnait venir attaquer le point de deal.
Une Kalachnikov et un fusil à pompe…
Puis le 2 juillet, deux autres, dans un sac de sport – une Kalachnikov et un fusil à pompe, chargés, approvisionnés. La fusillade avait été empêchée de justesse par les policiers, les tireurs avaient fui en abandonnant leur matériel sur place. Se sachant recherché, il s’est rendu à la police à la fin de l’été 2019. « Le plan c’était de tirer en l’air, pas de tuer », affirme sans convaincre le dealer.
Pourquoi ? « Car le grand a demandé d’y retourner ». Pas fou, le dealer n’en dira pas plus – à l’intérieur des murs de la prison, les balances sont mal vues, et ce que les surveillants pénitentiaires ramassent en fouilles de cellule ou qui tombe du ciel à la grâce des projections – couteaux, bouteilles et autres lames de rasoir – en dit long sur la sécurité qui peut régner derrière les hauts murs.
Le tribunal condamne finalement le dealer à quatre ans ferme, et l’interdit cinq ans de Loire-Atlantique. Il retourne en prison pour trois ans – mais a fait appel.
Louis Moulin
Photo d’illustration : AdobeStock – river34
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