L’armement breton Brittany Ferries a connu une année 2020 très difficile avec un chiffre d’affaires divisé par deux sur fond de Covid-19 et de Brexit. La compagnie prévoit toutefois un retour à la normale d’ici 2022.
Brittany Ferries : trafic et chiffre d’affaires en chute libre
La compagnie maritime bretonne a navigué sur des flots agités en 2020. Avec 752 102 passagers embarqués sur les navires de la flotte au cours de l’année dernière, Brittany Ferries a vu son trafic chuter de 70 % dans un contexte largement marqué par le Brexit et la pandémie de Covid-19. À titre de comparaison, l’armement avait transporté 2 498 354 passagers sur l’ensemble de ses lignes en 2019. Quant à son activité fret, bien que moins conséquente, la baisse des volumes atteint tout de même 20 % en 2020.
En termes de chiffre d’affaires, Brittany Ferries n’aura donc engrangé que 202,4 millions d’euros l’année dernière, contre 469 millions d’euros en 2019. Ce qui représente une baisse de 57 %. Jean-Marc Roué, président du Conseil de surveillance de Brittany Ferries, a souligné par ailleurs dans un communiqué de presse annonçant ces chiffres que les obstacles dressés sur la route de la compagnie maritime ne datent pas tous de 2020 :
« Sur la période de juin 2016 [date du vote du Brexit] à 2020, la parité £/€ a, à elle seule, affecté le résultat net de Brittany Ferries de 115 millions d’euros, la majorité de ses revenus étant générée en Livres Sterling alors que ses coûts sont en Euros. En 2019 le trafic passagers avait déjà souffert d’une érosion de l’ordre de 5 % en raison des trois dates annoncées du Brexit, en mars, avril et octobre, finalement repoussées au 1er janvier 2021 ».
Optimiste toutefois, Jean-Marc Roué relève cependant que « malgré les conséquences du Brexit, Brittany Ferries est parvenue à maintenir sa rentabilité ».
117 millions d’euros de prêts à rembourser
Par ailleurs, rappelant son rôle d’acteur économique important tant en Bretagne qu’outre-Manche, Brittany Ferries souligne que la baisse de son trafic passagers en 2020 a aussi eu « des conséquences directes sur l’activité économique et touristique des régions desservies par la Compagnie. » Enfin, en interne, les employés de la compagnie (navigants et sédentaires) ont eux aussi été impactés par la chute d’activité de l’année passée avec la mise en place de mesures de chômage partiel.
Pour permettre ce maintien à flot de l’armement breton au plus fort de la crise, Brittany Ferries a obtenu 117 millions d’euros de prêts bancaires, qu’elle devra désormais rembourser. Quant aux moyens mis en œuvre pour maintenir le cap et retrouver la santé financière de jadis, la compagnie maritime a esquissé un plan de relance sur cinq ans, lequel est fondé sur quatre axes :
- Accroissement de la rentabilité
- Poursuite de transition énergétique
- Maintien de l’actionnariat local paysan
- Défense du pavillon français.
En parallèle, la compagnie a commandé deux grandes enquêtes consommateurs basées sur 80 facteurs macroéconomiques et a eu recours aux avis de nombreux experts économiques. Ainsi qu’à une analyse indépendante portant le secteur transport touristique et réalisée par un cabinet de conseil londonien afin d’anticiper la reprise de l’activité. Et il s’avère que les projections datant de février 2021 sont plutôt optimistes puisqu’elles tablent sur un retour, d’ici 2022, à des volumes passagers équivalents à ceux de 2019.
En attendant, la direction reste lucide concernant les prochains mois : « Il ne fait aucun doute que 2021 sera une autre année compliquée pour notre entreprise. », rappelle Christophe Mathieu, président du Directoire de Brittany Ferries. Qui considère que, « tant que nous continuerons à être soutenus par notre personnel, nos actionnaires, les banques, les collectivité territoriales et l’Etat Français, je crois profondément que nous pourrons traverser la tempête. » À condition que celle-ci ne souffle pas trop longtemps…
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