L’Espagne veut lancer une expérimentation : des employés travailleront un jour de moins par semaine, soit 32 heures, tout en conservant leur salaire.
La semaine de 32 heures à l’essai en Espagne
Travailler moins pour gagner autant dans un pays qui a connu une rétractation de son PIB de 11 % en 2020, tel est l’ambition du gouvernement espagnol qui, après avoir accepté cette idée formulée par le parti de gauche Más País, lance une expérimentation d’une réduction du temps de travail sans perte de salaire.
Le « projet pilote » va se dérouler à grande échelle puisque ce sont 200 entreprises employant au total entre 3 000 et 6 000 salariés qui vont essayer ce nouveau dispositif consistant à ne travailler que 32 heures par semaine, sur quatre jours au lieu de cinq.
Pour mesurer l’efficacité de cet aménagement horaire en termes de productivité mais aussi de ses impacts sur le bien-être des salariés, des syndicats, des chefs d’entreprises ainsi que des universitaires seront regroupés au sein d’un groupe d’observateurs.
De son côté, Íñigo Errejón, à la tête du parti Más País, a déclaré que « l’Espagne est l’un des pays où les salariés travaillent le plus en Europe en termes de nombre d’heures, mais nous ne faisons pas partie des pays les plus productifs. Je maintiens que travailler plus d’heures ne signifie pas travailler mieux ».
La semana laboral de 4 días (32h) es una realidad que ha venido para quedarse. El futuro solo pasa por trabajar menos horas y por recuperar salud y tiempo de vida. Este artículo de @lababiker https://t.co/QB814Nlva8
— Íñigo Errejón (@ierrejon) February 25, 2021
Réduction du temps de travail : points de vue opposés
Le projet, bien que n’étant pour l’heure qu’un simple test et nécessitant encore plusieurs étapes avant sa mise en œuvre, divise en Espagne. Si la gauche espagnole voit dans cette réduction du temps de travail la possibilité d’accroître le bien-être des salariés tout en conservant les niveaux de productivité, d’autres voix font entendre un raisonnement différent. À l’instar de Ricardo Mur, le président de la CEOE (Confédération espagnole des organisations des entreprises), l’équivalent du MEDEF français, qui estime que « sortir de cette crise requiert plus de travail, pas moins ». Un point de vue partagé par une partie de la droite espagnole, qualifiant cette semaine de 32 heures de « folie ».
D’autant plus que l’expérimentation, devant s’étaler sur trois ans, serait pris en charge par l’État espagnol à hauteur de 50 millions d’euros. De quoi financer la mise en place du dispositif au sein des entreprises « cobayes », avec une prise en charge à 100 % la première année, 50 % la deuxième et 22 % la troisième.
Par ailleurs, les entreprises participant au « projet pilote » ne doivent pas avoir recours aux heures supplémentaires pour compenser la journée de travail en moins et ont aussi pour obligation de ne pas réduire le salaire de leurs employés. Parmi les inconnues de cette expérimentation, reste à savoir si un passage à la semaine de quatre jours entrainera une hausse de la productivité des salariés et si cette hausse suffira à compenser l’augmentation mécanique du coût horaire du travail.
Une réunion comprenant les différents acteurs concernés et devant se tenir dans quelques semaines afin de fixer concrètement les modalités de l’expérience permettra de connaître précisément les modalités de la semaine de 32 heures espagnole.
Crédit photo : Wikimedia Commons (CC/Fernando Jimenez Briz) (photo d’illustration)
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