Avant l’avènement des antibiotiques, les médecins faisaient appel à des virus phages « mangeurs de bactéries » pour guérir les infections. Sous leur allure d’atterrisseur spatial, ils constituent une alternative prometteuse face à l’antibiorésistance.
La communauté scientifique est unanime : d’ici 2050, la résistance aux antibiotiques causera dans le monde une mortalité plus élevée que le cancer. Dans cette course contre la montre à la recherche d’alternatives, les regards se tournent vers une ancienne pratique thérapeutique : la phagothérapie. Découverte il y a plus d’un siècle par le microbiologiste Félix d’Hérelle, elle consiste à se servir de bactériophages, ou virus phages, des prédateurs naturels des bactéries qui présentent l’avantage de préserver le microbiote par leur action spécifique. Utilisée avec succès contre la peste ou la dysenterie, la phagothérapie a sombré dans l’oubli dans les années 1940 avec l’émergence des antibiotiques à large spectre, plus adaptés à une production à grande échelle.
Dans les pays de l’ancien bloc soviétique, privés d’antibiotiques par les Occidentaux pendant la guerre froide, la phagothérapie s’est imposée comme une médecine à part entière, notamment en Géorgie. En Europe et aux États-Unis, une dynamique vise aujourd’hui à réintégrer les virus phages dans la pharmacopée officielle. Mais le défi s’avère de taille : les phages géorgiens étant jugés non conformes aux normes européennes et américaines, il s’agit de tout reprendre de zéro : la constitution de banques de phages spécifiques à chaque infection et la réalisation d’études cliniques d’ampleur.
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