Un rite musulman qui tourne mal à Rennes : c’est une affaire plutôt « exotique » qui a été jugée le 16 mars. Les mœurs bretonnes changent…
Des prévenus originaires de Mayotte voulant soigner grâce au Coran
Le tribunal de Rennes va peut-être devoir s’habituer à juger des affaires d’un genre nouveau avec l’arrivée de populations d’origine extra-européenne en Bretagne. Mais remontons tout d’abord six ans en arrière. Une adolescente alors âgée de 15 ans et présentant, selon sa mère, un profil psychologique fragile a été confiée à un drôle de quintet par cette dernière.
Ici, pas question pour la mère de faire appel aux pouvoirs magiques de vieux druides bretons mais de s’en remettre à une pratique dénommée « roqya », qui n’est autre qu’un rite musulman consistant, dans les grandes lignes, à tenter de soigner le « patient » par la récitation de versets du Coran.
L’adolescente se verra alors dispensée deux séances de « roqya » par cinq individus entre la fin du mois de janvier et le début du mois de février 2015 à Rennes dans l’espoir de voir son mal disparaître. La réalité va être beaucoup plus sordide.
Lors de la première séance, les prétendus « guérisseurs » vont appliquer plusieurs ventouses et des pots de yaourt en verre emplis de papiers enflammés sur des zones incisées de façon superficielle sur le corps de la jeune fille. Laquelle était par ailleurs maintenue par les pieds et les mains par deux hommes pendant que les femmes appliquaient les ventouses. La suite du protocole n’est pas de tout repos non plus : l’un des hommes aurait asséné à l’adolescente vingt coups avec le tranchant de la main. Par la suite, le prévenu cnofiera à la justice qu’il s’agissait de « gestes doux pour chasser le djinn », désignant le « mauvais génie » ou encore les « esprits malins » dans le Coran.
Un imam présent pour la deuxième séance
La deuxième séance se déroule en présence d’un imam, qui rasera une partie des cheveux de la victime afin d’y placer une ventouse. Quant aux cris de l’adolescente durant les deux séances, les prévenus y verront pour leur part « les mauvais esprits quittant son corps ». Au moment des faits, la jeune fille de 15 ans avait cependant donné son accord pour ce rite musulman, acceptant ces deux séances « pour le bien de [sa] famille », tout en ne « pensant pas que ça allait être douloureux. »
Suite à ce rite, après un signalement auprès des services sociaux, la brigade des mineurs s’est penchée sur le cas de cette jeune fille, brûlée en plusieurs endroits. Les cinq individus furent mis en examen pour « violences volontaires en réunion ».
Lors de l’audience le 16 mars dernier, le procureur de la République Jean-Pierre Ollivaux pose la question suivante : « Est-ce que l’on doit accepter, au nom de la loi coranique, qu’il soit porté atteinte à l’intégrité physique d’un sujet ? » Avant de requérir une peine d’un an de prion avec sursis pour l’imam et de six, neuf et douze mois de prison avec sursis pour les quatre autres prévenus.
Du côté de la défense, qui a plaidé la relaxe, l’accent a été mis sur le fait que cette pratique est « courante dans la culture mahoraise ». La décision du tribunal de Rennes est attendue le 30 mars prochain.
La Roqya, un rite qui se développe en France
La capitale de l’Ille-et-Vilaine n’est pas la seule ville française concerné par la « roqya » puisque ces séances de désenvoûtement sur fond coranique rencontrent un succès de plus en plus fort dans l’Hexagone. Un article du Point au titre explicite »Roqya et hijama : « L’exorcisme à la saoudienne explose en France » » relatait déjà le phénomène au mois de février 2020.
Le signal d’alarme a aussi été tiré par l’Unadfi (Union nationale des Associations de Défense des Familles et de l’Individu victimes de sectes) en juillet 2020. L’association confirmait ainsi que « la pratique de l’exorcisme connaît un fort regain d’intérêt en France » en soulignant que « la culture musulmane n’est pas épargnée avec un fort développement de commerces proposant des exorcismes islamiques (Roqya) et des soins en médecine prophétique (Hijama) inspirés de la Sunna ».
De plus, si ces pratiques sont « très en vogue dans le milieu rigoriste musulman», elles « inquiètent la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) ».
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