La République de Chypre a débuté la construction d’une barrière anti-immigration devant à terme couvrir 11 km de frontières avec la partie turque de l’île. Une mesure destinée à faire face un nombre d’arrivées de migrants clandestins en hausse.
Immigration illégale : Chypre ne veut plus subir
Après la Hongrie et la Grèce, un autre État européen envisage de dresser une barrière physique sur ses frontières afin d’endiguer l’immigration. Ainsi, les autorités chypriotes ont commencé la semaine dernière à installer des barbelés destinés à bloquer les migrants stationnés dans la zone autoproclamée « République turque de Chypre-Nord » qui cherchent à rejoindre la République de Chypre située au sud et faisant partie de l’Union européenne depuis 2004, bien que n’étant pas membre de l’espace Schengen.
Ce mur de fils barbelés doit s’étendre à terme sur une longueur d’environ 11 km et doit couvrir des zones le long de la zone tampon sous contrôle des Nations unies, près d’Astromeritis, Peristerona et Akaki jusqu’à l’ancien aéroport de Nicosie. Pour l’instant, les installations n’ont été mises en place que dans le secteur d’Astromeritis.
Une pression migratoire en hausse dans un contexte géopolitique compliqué
La mise en place de ce dispositif de protection contre l’immigration extra-européenne clandestine fait suite à une hausse de la pression migratoire sur la République de Chypre au cours des dernières années. Selon le président chypriote Nicos Anastasiades, son pays comptait, au regard des statistiques de la police, près de 10 000 migrants en 2019 contre 2 936 en 2016, 4 582 en 2017 et 7 761 en 2018. Les chiffres de l’année dernière ne sont pas encore disponibles mais nous rapportions déjà en mars 2020 que le pays voyait stationner près de 21 000 demandeurs d’asile sur son territoire.
Quant à la provenance de ces clandestins, la plupart des migrants recensés à Chypre viennent de Syrie et d’Afghanistan via la Turquie dans la partie nord de l’île. À savoir également que cette « République turque de Chypre-Nord » n’est actuellement reconnue que par la Turquie…
Autre indicateur démontrant l’urgence de la situation, environ 4 % de la population chypriote est actuellement composée de demandeurs d’asile. Une proportion quatre fois plus élevée que la moyenne de l’Union européenne tandis que Chypre a également le nombre le plus élevé de premières demandes d’asile dans l’UE par habitant.
En ce qui concerne les capacités d’accueil, elles sont débordées malgré quelques « relocalisations » de migrants vers d’autres États membres ces dernières années.
Enfin, l’installation de cette nouvelle barrière anti-immigration s’inscrit dans un contexte déjà tendu entre les autorités chypriotes et turques. En effet, en février 2020, le ministre de l’Intérieur de la République de Chypre Nicos Nouris accusait la Turquie d’avoir délibérément canalisé des migrants pendant des mois vers le sud chypriote grec de l’île, ethniquement divisé, afin de modifier la composition de sa population. Un ministre qui déclarait alors : « nous maintenons qu’il y a un but et un objectif très spécifique, qui est de modifier le caractère démographique de l’île, et il est clair que nous ne pouvons pas continuer à accepter des migrants en si grand nombre ».
Une lucidité qui conduit progressivement les autorités chypriotes à se doter des moyens adaptés pour faire face à la situation.
Crédit photo : Flickr (CC BY-NC-ND 2.0/Marco Fieber) (photo d’illustration)
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