Francis Van den Eynde, Flamand né en 1946, vient d’entamer son dernier voyage. Que ce voyage, cher Francis, soit à nouveau, pour toi une source d’inspiration, car les voyages, ce Flamand et cet Européen convaincu, il les aimait.
Qu’aimait-il en fait ?
Cet homme curieux de tout aimait découvrir les peuples, leurs histoires, leurs cultures. Mais avant tout ses passions furent, outre sa famille et ses amis, la Flandre, l’Irlande et l’Europe. L’Europe, pas celle de Maastricht, mais l’Europe aux cent drapeaux.
Travailleur acharné, féru d’histoire, les désastres de la Première Guerre mondiale l’avaient marqué. Aussi, à l’occasion d’un séjour dans sa famille à Gand, Francis m’avait conduit de cimetière en nécropole, où sont enterrés plus de 40 000 soldats belges, mais aussi des soldats anglais, allemands, français, australiens…
Est-ce carnage qui avait développé son âme profondément européenne ? Francis, disait « rêver d’une sorte d’empire confédéral européen, qui se serait étendu depuis l’Oural jusqu’à la côte atlantique, de l’Irlande et du Cap Nord jusqu’à Gibraltar. Un projet commun à toutes les communautés ethniques de notre continent, qui travaillent ensemble dans le respect le plus total de leur particularité et de leur diversité. Nous avons malheureusement dû constater que l’Union européenne ne répondait pas du tout à nos espoirs ». Le respect des cultures, de leurs diversités, de l’enracinement, a guidé son parcours militant.
Flamand d’abord, Francis rêvait d’une Flandre indépendante. Il aura consacré à cette idée toute sa vie militante.
Dès 1960, il milite au sein de Were Di et Voorpost, un mouvement nationaliste flamand ; puis il rejoint le Vlaams Blok en 1979. Sa première véritable percée électorale dans toute la Flandre se situe en 1989 où il remporte son premier siège au parlement européen ; ce poste le confirme dans ses idées d’une grande Europe des peuples et d’un rejet de l’oligarchie prétentieuse technocratique européenne. Il est élu député fédéral à la Chambre en 1991 à 2010. Il occupe même pendant trois ans la vice-présidence de la Chambre.
Tout en étant élu, il continuait avec ses talents d’orateur à animer, avec brio, d’innombrables réunions et conférences, ponctuées de ses innombrables anecdotes historiques, en particulier.
Militant, Francis l’était assurément, mais d’abord il fut un seigneur.
Généreux, courageux, volontaire, homme de concorde au sein de ses troupes, fier de ses origines ouvrières qu’il ne reniait pas. Hédoniste enfin : il aimait la vie simple. Impossible d’oublier une soirée dans un pub flamand, terminée par des chants européens (Francis disait que la chanson était un bon moyen d’apprendre les langues étrangères !) et arrosée de pintes de bières des abbayes.
Francis, tu nous manqueras. Ce soir nous chanterons et nous boirons à ta santé, ainsi qu’à celle de ta chère épouse, de tes enfants et de tes petits-enfants, auxquels nous pensons aujourd’hui.
Marceline Galirel
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