Confronté à un manque de volonté manifeste de la part du ministre de l’Éducation nationale, le président du Conseil régional de Bretagne Loïg Chesnais-Girard n’est pas en mesure de faire voter la convention État-Région pour la langue bretonne. Un aveu de faiblesse pour une collectivité aux pouvoirs limités.
Convention État-Région pour le breton : les pouvoirs limités de Chesnais-Girard
C’est un nouveau coup dur pour l’enseignement et la diffusion de la langue bretonne. En raison de blocages de la part du ministère de l’Éducation nationale, la convention entre l’État et la Région Bretagne sur l’enseignement de la langue et sa promotion dans la vie publique ne pourra pas être votée lors de la dernière session à venir du Conseil régional avant les prochaines élections.
Un aveu d’impuissance qui a fait réagir Kelennomp, association regroupant les professeurs et les formateurs en langue bretonne. Elle a ainsi publié un communiqué de presse à ce sujet le 3 mars dernier :
Communiqué de presse : langue bretonne, Le ministre de l’éducation nationale #Blanquer empêche la signature de la convention Etat @regionbretagne sur l’enseignement de la langue et sa promotion dans la vie publique ! #bzhg #Bretagne @LangueRegionale
➡️https://t.co/4sY41NaNas pic.twitter.com/oc9E99YkhL
— Kelennomp! (@kelennomp) March 3, 2021
Un communiqué qui fait suite à un autre courrier, à savoir une lettre adressée à Kelennomp le 2 mars par le président socialiste du Conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, pour annoncer ce renoncement de la part de la collectivité à faire voter la convention en question.
Dans ce courrier, malgré les formules d’usage et les précautions prises par Loïc Chesnais-Girard pour ne pas « froisser » le milieu de l’enseignement bilingue, celui-ci a bien du mal à cacher l’impuissance et le poids politique dérisoire du Conseil régional face à Paris et plus précisément face au ministère de l’Éducation nationale de Jean-Michel Blanquer :
De Jean-Pierre Chevènement à Jean-Michel Blanquer, la même hostilité
Tandis que la dernière convention signée en 2015 dans le cadre du pacte d’avenir pour la Bretagne est arrivée à échéance fin 2020, la nouvelle rencontre donc une certaine hostilité de la part du ministère de l’Éducation Nationale. Comme l’explique Loïg Chesnais-Girard : « je dois constater un blocage de fond et de forme avec des nécessaires arbitrages du Ministre qui n’aboutissent pas ! »
Le président de la région administrative arrive ainsi aux limites de ses pouvoirs en déclarant ne pas être « en mesure de mettre en débat et faire voter le document à la prochaine session d’avril. »
Dans les faits, cette convention État-Région est jugée par Kelennomp comme étant d’une « importance cruciale pour le développement de l’enseignement bilingue et l’enseignement de la langue bretonne ». Elle a notamment pour but de fixer un objectif chiffré d’élèves en filière bilingue dans le 1er degré et second degré. Mais comprend aussi le développement de l’enseignement optionnel du breton dans les écoles, collèges et lycées. Tout comme elle a pour mission de fixer le nombre de postes aux concours spécifiques d’enseignants bilingues.
C’est pourquoi les « blocages » de la part du ministre passent très mal auprès de l’association. Cette dernière dénonce son « hypocrisie sans nom », en qualifiant Jean-Michel Blanquer de ministre « le plus opposé aux langues régionales de France depuis Chevènement ». Et d’ajouter avec sarcasme : « La différence est qu’avec ce dernier, la ligne était claire et ne souffrait aucune ambiguité. Ici, nous avons un Ministre osant déclarer récemment en Bretagne ‘vive le breton’ et s’évertuer ‘en même temps’ à tout faire pour détruire l’enseignement de la langue bretonne ».
Avec en ligne de mire les élections régionales prévues au mois de juin prochain, Kelennomp compte interroger les listes candidates mais également les députés proches du gouvernement sur l’attitude du Ministre de l’Éducation Nationale « faisant son maximum pour saboter l’enseignement des langues régionales et de la langue bretonne en particulier. »
D’ici là, Loïg Chesnais-Girard pourrait se rendre utile et en toucher un mot à son mentor et prédécesseur, Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Voilà une oreille qui vaut bien celles des « députés proches du gouvernement »…
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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