Themis FM, filiale de Bouygues, est propriétaire de la nouvelle maison d’arrêt de Nantes depuis 2012 à qui l’État verse un loyer, et s’occupe de diverses prestations (restauration, blanchisserie…). Cependant, depuis que les agents pénitentiaires ont rendu public l’introduction, par un membre de la direction de Themis, d’objets qu’ils ont tenté de remettre à un détenu (en l’occurrence, des draps), le torchon brûle entre le prestataire privé et les agents pénitentiaires.
Dans un communiqué, mi-février, de FO Pénitentiaire qui répond à des contrôles « ciblés » sur certains surveillants qui ont des conduites addictives (alcool notamment), le syndicat rappelle l’article 32 du code de déontologie selon lequel « les personnes physiques et les agents des personnes morales concourant au service public pénitentiaire ne peuvent [… ] remettre [aux prisonniers] des sommes d’argents, objets ou substances quelconques en dehors des cas prévus par la loi ».
Or, indique le syndicat, « le 25 mars 2020 Mme la directrice de Themis et l’un de ses collaborateurs ont introduit des choses à l’insu de l’administration pénitentiaire pour tenter de les remettre à un détenu ». Et de s’étonner que « ces individus n’ont jamais eu d’interdiction d’accès à l’établissement […] si un personnel de surveillance avait commis les mêmes faits, il aurait été, bien que présumé innocent, logiquement et légitimement immédiatement suspendu ».
On en apprend plus dans un communiqué du 27 février : « quand la Directrice du privé entre du linge à l’insu de l’Administration pénitentiaire pour tenter de le remettre à un détenu on ne peut pas s’étonner que ses salariés dorlotent et gâtent la population pénale. Tabac, chouquettes, et peut-être ce que nous ne voyons pas , font certainement parti du cahier des charges du privé ?
Alors que lors du dernier CTS nous avons demandé que la Directrice du privé ne participe pas au rapport du lundi pour les questions pénitentiaires et parfois les situations individuelles (car elle n’a pas besoin de savoir si Pierre, Paul ou Jacques est en train de divorcer ou s’il a une gastro) sa présence était indispensable à l’Institution et lui permettait de bonifier sa culture pénitentiaire. Et ben pour la culture pénitentiaire y a du boulot !!! Madame la Directrice ne serait-il pas plus judicieux que la co-directrice du centre pénitentiaire, qui se prend pour la propriétaire des murs, suive des cours de rattrapage du code de déontologie au lieu d’assister au rapport du lundi matin ???? »
Le syndicat Force Ouvrière demande en outre que soit réalisée une « fouille sectorielle des secteurs fréquentés par la population pénale », autrement dit des cellules, plutôt que des plafonds suspendus de la porte d’entrée principale. Pour l’affaire des draps, suite au prochain épisode.
L.M.
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