L’Inrap consacre sa cinquième saison scientifique et culturelle au Néolithique, époque charnière de notre histoire. Qu’est-ce que le Néolithique ? L’âge de la pierre polie, les premiers temps de la sédentarisation, l’apparition de l’agriculture et l’élevage, les débuts de la poterie ? Aujourd’hui encore, la période fascine et suscite de nombreux débats entre chercheurs.
Le Néolithique : charnière de notre Histoire ?
Le Néolithique est avant tout le passage d’une économie de prédation à celle de production, et, par là même, la création d’un nouveau rapport à la nature : la maîtrise et la domination de l’Homme sur celle-ci.
Pour certains anthropologues, le stockage des denrées est un des moteurs de l’apparition de cette économie de production. Certains chercheurs y voient l’avènement du « travailler plus », l’apparition de la thésaurisation et des inégalités, débouchant sur la naissance des élites puis des sociétés hiérarchisées et de plus en plus complexes. Pour d’autres, enfin, la naissance des divinités en est le moteur le plus frappant. Parallèlement, un boum démographique (dépassant rapidement les capacités de l’environnement local) a maintes fois été évoqué. Aujourd’hui, dans ces temps de crise climatique et environnementale, certains vont jusqu’à penser que le Néolithique pourrait signer les prémices de l’Anthropocène, temps géologique caractérisée par l’influence majeure de l’activité humaine sur l’écosystème terrestre. Longtemps perçue comme une « révolution », la période Néolithique s’avère tout à la fois, un temps d’innovation, d’expérimentation et de non-retour, sur lequel réfléchissent de nombreux chercheurs.
Explorer le Néolithique en France
La période néolithique, en France, émerge au VIe millénaire avant notre ère, via deux vagues migratoires, l’une méditerranéenne, l’autre liée à l’Europe continentale. Elle s’achève vers 2200 avant notre ère. Depuis trente ans, les recherches sur cette période ont largement bénéficié du développement de l’archéologie préventive.
Au travers de cette saison, l’Inrap entend mieux faire connaître cette période fascinante et permettre de nouveaux éclairages sur le Néolithique. Ceux-ci pourront porter sur la relation de cette société à son environnement, les interactions entre premiers producteurs néolithiques et derniers chasseurs-collecteurs, les premières violences de masse (Achenheim), ou le « phénomène mégalithique » (Belz, Veyre-Monton, Chamigny). L’archéologie offre des champs immenses de recherche, autour des habitats (Bergerac, Pont-sur-Seine), l’art (Taureau d’Aubevoye,Vénus de Pont-du-Château), la mort (Saint-Doulchard, Thonon-les-Bains), sans oublier les nouvelles avancées de la paléogénomique et des analyses moléculaires et isotopiques.
Manifestations et ressources
Tout au long de cette saison, l’Inrap proposera des temps de rencontre avec le public, des manifestations partout sur le territoire ainsi que de nombreuses ressources pour tous les publics : expositions, films, conférences, podcast, enrichiront la saison. Le site internet de l’Inrap accueillera de nombreuses propositions, une série d’entretiens, des reportages vidéo, des multimédias, une exposition virtuelle dans sa galerie muséale…
Du 2 avril 2021 au 13 février 2022, une grande exposition au musée des Confluences, à Lyon, constituera un temps fort de la saison : « La Terre en héritage, du Néolithique à nous ». Coproduite par l’Inrap, celle-ci remonte aux sources néolithiques des phénomènes affectant la planète en ce début de XXIe siècle. Elle propose ainsi d’observer les défis de notre époque à l’aune de la période Néolithique. Le commissariat scientifique de cette exposition est assuré par Jean-Paul Demoule (professeur Université Paris 1, ancien président de l’Inrap) et Muriel Gandelin (chercheuse à l’Inrap) et Michel Lussault (géographe, directeur de l’École urbaine de Lyon).
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